Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Les saucisses, galettes et autres produits à base de plantes vendus comme des substituts de viande frappent un mur en 2023, indique un rapport publié en juin de JP Frossard, analyste de New York en consommation alimentaire pour la Rabobank.
Après des ventes qui ont connu une forte croissance de 47 % en 2020 et qui ont été soutenues durant la pandémie, elles ont fléchi de 9 % lors des quatre premiers mois de 2023. « Cette performance contraste avec les prévisions initiales de croissance », écrit JP Frossard, avec qui La Terre a correspondu. Il explique que les attentes élevées face aux ventes des produits à base de plantes ont été motivées par l’arrivée d’entreprises jouissant de grands moyens financiers, par un marketing attrayant et par un enthousiasme pour la « viande végétale » soutenue par des célébrités. « Mais l’engouement a récemment fondu en raison de l’inflation des prix et en raison des questions de plus en plus nombreuses des consommateurs envers les avantages nutritionnels de ces substituts de viande à base de plantes », relate-t-il.
Qui plus est, le prix de ces produits demeure élevé, ce qui remet en question le mouvement global jadis attendu des consommateurs vers ces substituts de viande.
Vers de nouveaux sommets?
Malgré le regard sombre que porte actuellement M. Frossard sur l’industrie des substituts végétaux de viande, il précise qu’une meilleure réorientation du marketing, et des produits eux-mêmes, pourrait leur faire connaître un futur prometteur. Il souligne que les compagnies se sont concentrées, jusqu’à maintenant, à imiter la texture et la saveur de la viande avec des plantes, et pour y arriver, elles ont surtransformées les plantes en laissant de côté la majeure partie de leurs composantes physiques, de leurs nutriments et de leurs bienfaits, tout en ajoutant une longue liste d’ingrédients non associés aux plantes. Ces compagnies auraient plutôt avantage, juge-t-il, à changer de stratégie en développant des produits avec moins d’ingrédients, moins de gras saturé et de sodium, par exemple, et en mettant en valeur les plantes et leurs bénéfices nutritionnels. Le marketing devrait miser davantage sur les bienfaits de ces alternatives sur la santé des gens au lieu d’un marketing axé sur les désavantages de la viande, notamment sur l’environnement et le bien-être animal comme c’est le cas présentement.
Une nouvelle agriculture aidera les substituts de viande
Tirer parti de l’hybridation des plantes et de leur profil génétique, en plus d’améliorer les techniques de production végétale, permettrait d’améliorer les produits à base de plantes comme option de rechange à la viande, anticipe l’analyste JP Frossard. Ce dernier donne l’exemple de compagnies en biotechnologie, comme Benson Hill aux États-Unis, ou Equinon à Israël, lesquelles affirment avoir résolu plusieurs problèmes associés aux substituts à base de plantes. L’hybridation génétique, notamment, augmente le taux de protéines de certaines variétés de plantes, améliore la texture des produits finaux et neutralise certains goûts indésirés qui nécessitaient l’ajout d’ingrédients artificiels pour les masquer. JP Frossard dit qu’une compagnie de San Diego utilise une plante aquatique, des lentilles d’eau, dont la biomasse double tous les trois jours, pour produire une poudre qui remplace l’utilisation d’additifs alimentaires comme la méthylcellulose.
Un projet québécois de farine de légumineuses sur la glace
Les Moulins de Soulanges ont consacré beaucoup d’énergie au développement d’une farine de légumineuses destinée aux compagnies voulant créer des produits de remplacement de la viande, un projet qui a toutefois été mis sur la glace, dit le directeur général de l’entreprise, Jules Beauchemin. « Ce fut un gros truc il y a quatre ans, les produits faits de farine de légumineuses. Mais cela a un peu baissé, car c’est pour le marché végane; ils vont chercher de la protéine avec les légumineuses pour compenser l’absence de viande. Mais les produits véganes sont assez chers, les gens ont moins d’argent, alors ces produits plus sophistiqués écopent », décrit-t-il. Son entreprise entend toutefois reprendre le développement de ce type de farine l’an prochain, tout en s’adaptant. « Mon feeling, c’est qu’il va y avoir une demande pour un produit encore plus sophistiqué, comme des saucisses véganes, meilleures pour la santé, avec moins de sous-produits et une liste d’ingrédients plus courte. Quand on développe une farine, c’est l’une des choses à laquelle on pense », explique M. Beauchemin. Celui-ci dit que, pour l’instant, l’impact du marché des farines de légumineuses est faible sur l’agriculture québécoise en ce sens que la demande ne nécessite pas une explosion des superficies cultivées en pois chiches, gourganes, fèves mungos, etc.