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La journée d’un travailleur d’Agrijob n’est pas de tout repos…
4 h 30. Le réveille-matin sonne. Coli se lève, se sert un café et regarde un peu les informations. À 5 h 20, il saute dans l’autobus 171, direction Henri-Bourassa. À 6 h, avec une vingtaine d’autres travailleurs agricoles montréalais, il monte à bord d’une deuxième navette qui le mènera à son lieu de travail… à Saint-Eustache. Comme quoi la journée d’un travailleur d’Agrijob n’est pas de tout repos.
« J’aime travailler fort », explique simplement Coli, qui utilise le service depuis 2007. Toutes ces heures de transport entre la ville et Les Serres Jacques Barbe, où il travaille, ne semblent guère gêner le jeune Malien. Comme lui, quelques-uns des 2000 citadins qui travaillent annuellement par l’intermédiaire d’Agrijob se montrent fort intéressés par le secteur agricole. Avec une rémunération à peine plus élevée que le salaire minimum (environ 10,30 $/h), il faut être courageux et avoir vraiment envie de travailler en agriculture, croit la directrice générale d’AGRIcarrières, Hélène Varvaressos.
Mis en place en 2001, Agrijob est un service offert par AGRIcarrières, en collaboration avec Emploi-Québec. Sa mission principale est de recruter des travailleurs montréalais pour combler des postes occasionnels ou saisonniers chez les producteurs agricoles des régions qui jouxtent la métropole (Lanaudière, Outaouais-Laurentides, Saint-Jean-Valleyfield et Saint-Hyacinthe). Les différents Centres d’emploi agricole concernés peuvent ensuite piger dans la banque d’employés. Le transport en autobus est financé à 50 % par le Programme de déplacement des travailleuses et des travailleurs agricoles du MAPAQ. L’autre moitié des frais est assumée par les employeurs.
Main-d’œuvre moins stable
Pour Jacques Barbe, propriétaire des serres du même nom, il y a très peu de différences entre un travailleur Agrijob et un travailleur étranger. « Ce sont tous des employés particulièrement intéressés, voire passionnés », précise-t-il.
La directrice générale d’AGRIcarrières estime pour sa part que les producteurs préfèrent néanmoins les employés étrangers, habituellement plus disponibles. « Avec Agrijob, ce n’est malheureusement pas toujours une clientèle très stable, déplore-t-elle. Il y a parfois des annulations de dernière minute. » Après quelques semaines à voyager dans les régions périurbaines soir et matin, beaucoup de travailleurs se trouvent un autre emploi, bien souvent dans des usines de la métropole.
Avoir la tête de l’emploi
Cette année, le service Agrijob s’est mis à l’ère 2.0. Un système informatisé en réseau avec les Centres d’emploi agricole a été mis en place, ce qui permet notamment d’indiquer la qualité du travail de chaque employé. « Si une personne ne fait pas l’affaire dans Lanaudière, par exemple, les autres [employeurs] pourront le savoir et ils ne l’engageront pas », note Hélène Varvaressos. Les employés y sont également classés selon leurs compétences.
La plupart des postes offerts sont toutefois non spécialisés. Des personnes sans expérience peuvent donc découvrir le monde agricole. C’est d’ailleurs ce qui motive le plus Coli. « Je prends beaucoup d’expérience, autant dans la production en serre que pour les commandes ou l’entretien, se réjouit-il. Si, un jour, je change d’emploi, je vais pouvoir me faire engager tout de suite. »
Ce que le jeune homme apprécie également, c’est que le service Agrijob lui permet de travailler près de neuf mois par année chez deux ou trois producteurs. Le reste du temps, il peut retourner voir sa famille au Mali.
En attendant les vacances en novembre, Coli travaille d’arrache-pied. À 17 h, il appelle le chauffeur d’autobus. « Ne passe pas pour moi», lui dit-il. Ce soir, fidèle à son habitude, il restera plus tard pour travailler dans les serres. Il ne rentrera pas chez lui avant 21 h. Et demain, le manège recommence.