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GRENVILLE-SUR-LA-ROUGE – Après des amputations de ses terres agricoles pour fins d’utilité publique par le ministère des Transports du Québec (MTQ), Hydro-Québec et la Municipalité de Grenville-sur-la-Rouge, un agriculteur des Laurentides doit faire face aux velléités d’une minière qui compte exploiter une mine de graphite à un jet de pierre de son érablière.
« On trouvait ça inquiétant de perdre des parts de marché dans le lait, donc on s’est retournés à se questionner et à diversifier la ferme. On avait cette opportunité-là qui dormait dans la cour », fait valoir Bruno St-Pierre, en référence à un lot boisé au potentiel de 5 500 entailles sur quatre hectares.
Mais selon l’estimation de Canada Carbon, qui détient des claims pour l’exploration d’un gisement de graphite juste à côté des terres familiales des St-Pierre, il n’existe aucun potentiel acéricole. La minière, qui a obtenu la permission du père de Bruno St-Pierre pour aller prospecter le terrain en disant qu’elle allait simplement observer, a même coupé 18 érables sur ce terrain et y a mené des forages.
Le dossier s’est donc retrouvé devant la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ). Bruno St-Pierre a dû mandater un ingénieur forestier pour contredire une étude produite pour la minière et prouver le potentiel acéricole de sa terre. Résultat : la Commission a renvoyé la minière faire ses devoirs, c’est-à-dire produire un nouveau rapport sur les effets possibles de l’exploitation d’une mine et les moyens de les compenser.
Et il faut dire qu’à Grenville-sur-la-Rouge, la tension est palpable. Le torchon brûle depuis 2016 entre la Municipalité et Canada Carbon. Lors du dernier scrutin municipal, le conseil, ouvertement contre la minière, a été élu sans opposition sur la seule question de barrer la route à l’industrie. Le maire dit que la Ville a déjà absorbé des dépenses de l’ordre de plus de 1 M$ (sur un budget annuel de 6 M$) en frais juridiques, expertises, et autres mobilisations des ressources municipales depuis le début de la saga. Une entente hors cour est aussi survenue à la suite d’une poursuite intentée par la minière.
« Les études qu’on a faites nous-mêmes, c’était pour prouver à la CPTAQ qu’ils n’avaient pas raison de donner raison à la proposition de la mine. Grâce à nous, ils ont changé d’idée. Mais c’est nous qui avons payé. C’est eux qui auraient dû faire les études. Et là où on est rendus maintenant, c’est qu’il y a un nouveau projet, alors on va être obligés de faire d’autres études », tempête le maire,
Tom Arnold.
Canada Carbon est la seule minière qui n’a pas donné suite à nos demandes d’information dans le cadre de ce dossier.