Plutôt que de se rendre en pleine nuit aux installations physiques du boulevard Pie-IX à Montréal, les clients de la Place des producteurs (PDP) peuvent désormais commander en ligne leurs fruits et légumes fraîchement récoltés, par l’entremise d’une nouvelle plateforme Web de transaction. Un service de livraison en moins de 24 h est aussi offert depuis tout récemment.

« On a eu des discussions avec les clients. Ce qu’on remarque surtout, c’est qu’ils ont des difficultés à se déplacer la nuit, faute de main-d’œuvre. Les coûts de transport aussi ont beaucoup augmenté; il faut trouver des camionneurs », énumère Yvan Roy, directeur général adjoint au développement et aux opérations des marchés à l’Association des producteurs maraîchers du Québec. Les fruits et légumes récoltés dans la journée, précise-t-il, sont commercialisés la nuit même à la PDP, pour éviter que les produits perdent de leur fraîcheur. 

Or, M. Roy observe que plusieurs acheteurs ont délaissé le marché de gros, ces dernières années, dont quelques fruiteries, kiosques, marchés publics et  restaurateurs, qui avaient l’habitude de s’y approvisionner. 

« Ce qu’on se faisait surtout dire des clients, c’est qu’ils aimaient s’approvisionner auprès des producteurs locaux, mais que, comme il n’y avait pas de service de livraison, ils ont quitté. Ça nous a amenés à une réflexion depuis deux ans, à savoir comment on peut mieux servir ces clients. » 

Depuis récemment, les acheteurs peuvent donc passer des commandes en ligne ou par téléphone. Ils ont le choix de se faire livrer leurs produits ou d’aller les chercher sur place. Sous peu, les paiements pourront aussi se faire sur le Web.

« Au moment où la commande est passée [dans la journée], le producteur récolte. Il reçoit un courriel et il prépare ses produits. Pendant la nuit, les commandes sont consolidées, selon l’entente établie avec le client sur la façon de procéder. »

Pour l’instant, précise M. Roy, ce ne sont pas tous les commerçants de la Place des producteurs qui adhèrent à la plateforme Web, puisque l’initiative vient d’être lancée, mais il espère que le concept sera adopté progressivement par un plus grand nombre.

Yvan Roy n’associe pas la baisse de la clientèle à la PDP au déménagement des installations en 2020. Propulsées par la vague d’achat local, les ventes ont même été meilleures qu’à l’habitude cette année-là, dit-il. Même constat l’année suivante. Ce n’est qu’en 2022 qu’un essoufflement a été remarqué par rapport à la période pandémique. 

« Je ne dirais pas, par contre, que les ventes sont moins bonnes qu’elles l’étaient en 2019. Je dirais plutôt qu’on est revenus dans les années normales [malgré le retrait de certains clients] », analyse-t-il.