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MONTRÉAL – Alors que le soleil est à peine levé et que les routes de Montréal sont encore désertes, des maraîchers sont déjà rassemblés depuis longtemps à la Place des producteurs (PDP) pour vendre leurs fruits et légumes. Ils en sont aux derniers miles d’un long marathon qui a duré toute la nuit. « Ç’a été plutôt bon, cette nuit. Le jeudi, on a souvent beaucoup de clients qui viennent chercher des produits en prévision de la fin de semaine », affirme Alain Guinois, rencontré à 5 h 30, le 13 juillet, au marché de gros du boulevard Pie-IX. La plupart des acheteurs du producteur de Saint-Jacque-le-Mineur, en Montérégie, sont des fruiteries, des marchés et des kiosques qui viennent s’approvisionner, la nuit, en fruits et légumes frais et locaux récoltés durant la journée.
Plus loin, une productrice de Sainte-Anne-des-Plaines, dans les Laurentides, Lydia Vinet, sert ses derniers clients avant que son quart de travail se termine, vers 7 h. À 16 ans, celle qui prendra la relève de la ferme Au royaume des fines herbes est déjà une habituée de la PDP, où elle travaille six nuits sur sept durant l’été, en attendant de recommencer l’école à l’automne.
« Cette nuit, ça a été bien, mais ça varie tellement d’une nuit à l’autre. Il y a deux jours, on a eu quatre clients, là on en a eu dix », exprime la jeune femme.
Météo en dents de scie
À 5 h 30, les plus fortes vagues d’achalandage à la PDP sont passées et les espaces d’entreposage sont presque vides. Surtout que les volumes de fruits et légumes qui y sont stockés au départ sont moindres qu’à l’habitude pour la période de l’année. Les aléas de la météo depuis le printemps, à commencer par les nuits de gel, ont retardé les récoltes de quelques semaines.
« Les poivrons ne sont pas arrivés encore. Je dirais qu’on est à 70 % de notre capacité habituelle pour un 13 juillet », affirme Yvan Roy, directeur général adjoint au développement et aux opérations des marchés à l’Association des producteurs maraîchers du Québec.
Si la nuit du 12 au 13 juillet a été plutôt bonne sur le plan des ventes pour la plupart des producteurs rencontrés par La Terre, dame Nature ne leur a pas rendu la tâche facile depuis le début de la saison.
« Dans le champ, c’est dur. Cette semaine, il a plu beaucoup; ç’a engendré des pertes. Beaucoup de producteurs ont eu des champs inondés », exprime Yanick Lefrançois, producteur à Saint-Rémi, en Montérégie. Même son de cloche du côté de Claude Gaudreau, qui travaille pour les Jardins A Guérin et Fils, à Sherrington. Là-bas, des champs ont été aspergés d’eau durant la semaine, ce qui a fait perdre un peu de leur vigueur aux radis. « Aussi, quand il pleut, c’est tranquille dans les kiosques. Nos clients viennent chercher leurs boîtes, mais ils vont en prendre 15 au lieu de 20 [en prévision d’un bas niveau d’achalandage] », fait-il valoir.
Pour le producteur Stéphane Lemire, d’Oka, dans les Laurentides, la saison 2023 est plus tranquille jusqu’ici que celle de 2022. « Dans le chou, les prix, c’est ordinaire. Cette nuit, par contre, ç’a été quand même bien, les ventes. On a dû avoir une trentaine de clients qui sont venus. »
Travailler à 2 °C
À la Place des producteurs du boulevard Pie-IX, tout le monde doit avoir son manteau, car la température est maintenue à 2 °C dans les lieux d’entreposage, à l’arrière des espaces de mise en marché où sont exposés les produits à la clientèle. Dans les aires d’exposition à l’avant, où ont lieu les transactions, il fait 8 °C. « Avant, au Marché central, les kiosques étaient dehors. Il fallait vendre les produits presque tout de suite quand on les recevait. Maintenant, la conservation est beaucoup plus facile, mais oui, il fait froid! » exprime Steven Bastien, directeur adjoint aux opérations des marchés pour l’Association des producteurs maraîchers du Québec.
Des clients qui n’ont pas tous suivi
Le producteur Alain Guinois remarque avoir perdu plusieurs petits clients de proximité après le déménagement de la Place des producteurs sur le boulevard Pie-IX, en 2020. Auparavant, celle-ci se situait au Marché central de Montréal, sur le boulevard de l’Acadie. « J’ai perdu une certaine clientèle qui ne se déplace pas jusqu’ici. Ça fait trop loin pour eux », remarque-t-il. Yanick Lefrançois, qui avait aussi constaté une baisse de sa clientèle, affirme avoir eu un regain depuis la mise en place d’une nouvelle plateforme de transaction en ligne de la PDP (voir autre texte).