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Une souche particulièrement contagieuse de la grippe aviaire a décimé des millions d’oiseaux dans des élevages et des basses-cours d’Amérique latine. Avec 15 pays touchés, l’épidémie de H5N1 ne semble pas vouloir s’essouffler. Des scientifiques tirent la sonnette d’alarme.
Le premier cas a été recensé le 19 octobre en Colombie, un pays qui n’avait jamais connu une telle situation. « Ça a commencé sur des volailles de basse-cour, explique la Dre Lina Awada de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Ça s’est propagé dans 14 autres pays rapidement. » Cela fait dire à la médecin vétérinaire que le virus est très pathogène.
5,1 millions de volailles mortes
L’OMSA évalue qu’en Amérique latine, 5,1 millions de volailles issues d’élevages pour usage commercial sont mortes de la maladie ou de l’abattage sanitaire. Du côté des basses-cours, 18 000 mortalités ont été recensées. D’ailleurs, le Dr Jean-Pierre Vaillancourt souligne que le fait que les basses-cours sont autant éprouvées rend la situation différente des autres épidémies. « La contamination du virus est extrême », constate le professeur titulaire de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
Selon l’OMSA, le pays le plus touché est l’Argentine, avec 1,8 million de volailles décédées. Le Chili suit avec 1,3 million d’oiseaux disparus et l’Équateur, avec 1,2 million. La Bolivie et le Pérou ont aussi perdu plusieurs centaines de milliers de volailles. Les autres pays touchés n’ont pas notifié de pertes d’élevages commerciaux; il s’agit d’oiseaux sauvages ou de basse-cour.
« Ça peut évoluer », prévient la Dre Awada. Parmi les bonnes nouvelles, la crise est terminée dans quatre pays qui avaient été affectés.
La conjoncture est d’autant plus alarmante que c’est la première fois en 20 ans que la grippe aviaire gagne l’Amérique latine. Aussi, les pays actuellement touchés avaient été épargnés à l’époque. « Le virus se propage dans de nouveaux endroits et la situation a tendance à s’aggraver », confirme la Dre Awada.
Contexte préoccupant
Pour l’OMSA, le contexte est préoccupant. « Depuis 2020, il y a une souche du virus qui se propage dans toutes les régions du monde, sauf l’Océanie, note la porte-parole de l’organisme. C’est sans précédent : le virus a causé, à ce jour, la perte de 256 millions de volailles dans le monde. C’est la plus grande vague qu’on n’ait jamais connue! »
Comme le virus évolue beaucoup, la Dre Awada craint que des souches encore plus dangereuses n’émergent. « Le virus pourrait gagner des caractéristiques qui représenteraient une menace plus grande pour l’homme. »
Le Brésil est le deuxième plus gros producteur de poulets de chair au monde. Or, s’il fallait que le virus s’attaque à la production commerciale de ce pays, les conséquences pourraient être très inquiétantes, appréhende le Dr Vaillancourt. Si beaucoup de foyers d’infection étaient dénombrés dans ce pays, l’impact sur les communautés touchées serait désastreux parce qu’elles n’ont pas le soutien gouvernemental que certains pays, comme le Canada, peuvent s’attendre à avoir, estime le professeur.