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SAINT-MALACHIE – Sur la rue Principale, entre le clocher de Saint-Malachie et celui de Saint-Léon, dans la région de Chaudière-Appalaches, le producteur avicole Stewart Humphrey se souvient qu’il comptait, lorsqu’il était « gamin », au moins 25 fermes en production animale. Aujourd’hui, il n’en reste que deux, dont la sienne, qu’il se prépare à transférer à sa fille, Aurélie.
C’est un peu grâce à la pandémie de COVID-19 que la ferme avicole de la famille Humphrey n’a pas connu le même sort que plusieurs autres fermes du secteur, souvent vendues pour être converties en érablières faute de relève, souligne le producteur avicole Stewart Humphrey. Sa fille unique, Aurélie, a alors dû mettre en pause son travail de coiffeuse en ville. « Je suis revenue à la campagne pour travailler avec mon père à la ferme. Et ç’a cliqué », dit la jeune femme dans la vingtaine. Depuis, elle a commencé une formation de deux ans en gestion des entreprises agricoles au cégep de Beauce-Appalaches et est décidée à poursuivre le travail de sa grand-mère et de son père. Car oui, l’aviculture, chez les Humphrey, est déjà une tradition féminine.
« Mon père, Bernard, a repris, en 1956, la ferme laitière achetée par mon grand-père, Thomas, en 1919. Il a ajouté un premier poulailler en 1968, mais il avait un autre emploi à l’extérieur, alors c’est surtout ma mère, Marielle, qui s’en occupait, raconte M. Humphrey. Un représentant de la Coop fédérée nous disait chaque fois qu’il venait chez nous que ses deux meilleurs producteurs étaient ma mère et une autre dame de Saint-Narcisse-de-Beaurivage », poursuit fièrement le producteur.
Selon lui, c’est le sens de l’observation affûté de sa mère qui faisait toute la différence, alors que « chaque détail, comme l’odeur, le comportement des oiseaux, peut révéler différentes choses, comme un problème d’éclairage », donne-t-il en exemple.
Projet d’expansion
En 1988, après le décès de son père, Stewart Humphrey a repris en main la ferme familiale avec sa mère. Il a alors ajouté 1 200 m2 de quota aux 628 m2 initiaux. « Ça ne fait pas longtemps qu’on vend le quota aux enchères. Avant, c’était “bedaine à bedaine”. C’est donc quelqu’un qui m’avait parlé d’un producteur qui voulait vendre pas loin d’ici. T’arrives là-bas avec ton carnet de chèques, pis tu dis : “C’est quoi votre prix?” », se remémore M. Humphrey, qui se félicite encore d’avoir réussi à obtenir la confiance du vendeur parmi plusieurs autres acheteurs.
Aujourd’hui, sa ferme compte 1 400 m2 de quota au total, avec un poulailler d’un étage construit en 2020 et un plus ancien de deux étages, construit en 1968 et agrandi en 1988. À plus long terme, le duo père-fille aimerait prendre de l’expansion, mais pas trop, en ajoutant un autre poulailler sur des terres situées en face de son site actuel de production, isolé dans une zone boisée et montagneuse. Aurélie envisage de participer aux programmes destinés à la relève pour acquérir quelques mètres de quota.
Une suite à réfléchir « au féminin »
L’un des défis de la Ferme Hum-and-Son, qui changera éventuellement son nom pour s’adapter à sa relève féminine, est aussi d’adapter les tâches du quotidien. Car différents équipements, dont un système de fournaises à l’eau chaude, requièrent beaucoup « de travail de bras », souligne M. Humphrey. « Il faut parfois soulever des billots de cinq pieds pour alimenter les fournaises. La solution serait de les convertir uniquement aux granules de bois pour que cette tâche soit moins physique », songe-t-il.
Parmi d’autres initiatives, M. Humphry mentionne l’acquisition d’un chariot télescopique facile à manœuvrer pour Aurélie, et la modification de l’échangeur d’air afin qu’elle puisse le nettoyer plus facilement. « Parce que, pour moi, c’est quand même important d’être indépendante de mon père et d’être capable de me débrouiller », souligne la jeune femme.
Le bon coup de l’entreprise
Pour chauffer ses deux poulaillers, Stewart Humphrey a installé quatre fournaises à l’eau chaude alimentées avec les résidus de bois inutilisés de ses terres à bois. Ce système, qui lui a toutefois coûté très cher à installer, permet en revanche d’économiser sur les coûts de chauffage, en plus d’être « carboneutre », spécifie-t-il. « Parce que quand on coupe le bois de chauffage, on a 30 à 40 % de l’arbre qui n’est pas bon pour le sciage. On récupère donc cette partie pour chauffer les poulaillers. C’est une gestion de bois qui est différente », dit-il.
3 conseils pour… préparer la relève
S’enlever du chemin
« Le premier conseil que je donnerais aux gens, c’est get out of the way (c’est-à-dire “enlève-toi du chemin”), pour leur laisser un peu d’espace », lance sans hésiter Stewart Humphrey. De son côté, sa fille Aurélie trouve motivant de savoir que son père croit en ce qu’elle fait. « Il y a des changements que j’ai faits avec lesquels il n’était pas nécessairement d’accord, mais il a accepté qu’on les fasse pour que je vive avec les erreurs », raconte-t-elle.
Suivre une formation
Écoutant la recommandation de son père, Aurélie Humphrey suit une formation de base en gestion d’entreprises agricoles pour être plus solide sur cet aspect. « Parce que la gestion, c’est le nerf de la guerre en production », souligne son père, qui se charge pour sa part de lui transmettre ses connaissances techniques de l’élevage avicole.
Apprivoiser le réseau de partenaires
Selon M. Humphrey, il est important de familiariser la relève aux réseaux des représentants, comme le couvoir, l’abattoir, la meunerie et les représentants financiers pour que le transfert se fasse en douceur. « Ça n’a pas été long pour que je m’habitue à gérer la moulée et tout le reste, mais c’est avec le côté financier que je suis le moins à l’aise », confie Aurélie.
Fiche technique 🐔 | |
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Nom de la ferme | Ferme Hum-and-Son |
Spécialité | Poulet de chair |
Année de fondation | 1919 |
Noms des propriétaires | Stewart et Aurélie Humphrey |
Nombre de générations | 4 |
Superficie en culture | 30 hectares de terres pour la production de bois de sciage, puis13 hectares de terres louées pour la production de foin |
Cheptel | 32 000 poulets par période |
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