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Pour JoAnne Labrecque, professeure honoraire au Département de marketing à HEC Montréal, l’autonomie alimentaire est un concept complexe qui passe par la capacité à produire localement, mais aussi par la volonté des consommateurs d’acheter des aliments locaux. Or, encore aujourd’hui, le prix dicte leur choix, qui s’arrête souvent sur les denrées importées, moins chères que les produits du Québec. La partie n’est pas gagnée d’avance, croit-elle, pour se sortir de cette éternelle impasse.
« Les grandes chaînes de distribution ont un rôle à jouer là-dedans, pour mettre de l’avant les produits locaux, et elles le font, mais elles doivent aussi répondre aux attentes du consommateur pour qui le prix est important. Si le prix de production de la tomate est trop élevé par rapport à ce qu’on trouve à l’extérieur pour l’approvisionnement, il y a des limites à ce qu’ils peuvent faire pour rester concurrentiels », évoque-t-elle. Les grands supermarchés locaux, par ailleurs, subissent aussi la concurrence de leurs rivaux américains, Costco et Walmart, qui tirent le prix des denrées vers le bas avec leurs produits de marque maison moins chers et pas nécessairement locaux.
L’autonomie alimentaire, selon la professeure, est aussi guidée par les lois de marché, même du côté de certains aliments qui sont produits au Québec en bien plus grandes quantités que ce que l’on consomme. Elle cite en exemple les ventes de denrées sous gestion de l’offre, telles que les fromages, qui sont freinées par des importations découlant des accords commerciaux.
« Dans les échanges avec l’Europe, on a augmenté les quotas de fromages avec la possibilité en échange d’exporter, mais c’est plus difficile pour nous d’exporter en Europe que l’inverse », observe-t-elle.
Intrants et machinerie importés
Patrick Mundler, professeur titulaire au Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, a une vision encore plus large de l’autonomie alimentaire.
« On focalise beaucoup sur la production alimentaire et agricole en soi, mais il faudrait aussi s’attaquer aux dépendances aux intrants et aux machines que l’on importe. On importe aussi bien sûr de la main-d’œuvre », énumère celui qui note par ailleurs que ce que l’on produit sur nos terres arables est surtout destiné à l’alimentation animale, plutôt qu’à l’alimentation humaine. « Si on veut réellement réfléchir à notre autonomie, il faudra avoir une vision plus large », estime-t-il.