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Nivellement de surface, aménagement de fossés, installation d’ouvrages souterrains, le drainage comporte une multitude d’interventions performantes. L’installation de drains à l’aide de machines de précision permet des déploiements mieux calibrés et plus durables, en optimisant l’offre de solutions à géométrie variable.
« L’objectif est d’uniformiser le rendement dans tous les secteurs de la parcelle, que ce soit en bordure des fossés ou au milieu du champ », explique Alain Lemay, spécialiste en drainage qui cumule plus de 20 ans d’expérience en agriculture. Pour lui, une parcelle moins performante n’est pas forcément une terre inondée. « Il peut s’agir d’un type de terrain plus capricieux, où l’égout de surface a été moins bien aménagé, ou le niveau de compaction est plus important. Le correctif apporté doit permettre au producteur d’atteindre le rendement optimum auquel il peut s’attendre dans sa région », précise l’entrepreneur, dont l’entreprise draine entre 12 000 et 15 000 acres par année.
Une logistique de solution
Comment déterminer le type d’installation optimal? « Il faut d’abord obtenir des données sur les propriétés physiques et hydrodynamiques du sol à plusieurs profondeurs. Ces données sont utilisées pour produire des recommandations », explique l’agronome Moranne Béliveau, spécialiste en drainage des sols chez Soleno. Détentrice d’une maîtrise en génie agroalimentaire, elle travaille sur des projets de recherche portant sur la gestion de l’eau, principalement en agriculture. « Il faut voir le sol comme un élément essentiel du système de drainage, au même titre que l’écartement entre les drains », souligne-t-elle. « S’il y a un problème de compaction, le drainage ne suffira pas nécessairement pour régler les problèmes d’humidité. Pour venir pallier ce problème, des pratiques de conservation des sols peuvent être utilisées pour améliorer des propriétés du sol. »
Partant de ce constat, à quelle profondeur enfouit-on les drains? À quelle distance entre eux? « Cette partie du concept peut être modulable aux objectifs du producteur et à sa méthode de culture », explique Alain Lemay. « La profondeur se situe entre 0,7 m et 1,2 m. Chez certains agriculteurs qui font peu de travail de sol, des drains peu profonds, à 5 ou 7 m d’écartement, installés tôt au printemps, seront très efficaces. Si l’agriculteur effectue un gros travail de sol, il faut enfouir les drains plus profondément. » Pour Moranne Béliveau, le choix du drain peut être aussi important. « Il arrive que dans un même champ, on doive utiliser différents types de drains, parce qu’il y a différentes textures du sol. On peut utiliser un drain enrobé pour des sols sableux, non enrobé pour du sol argileux, ou des pertuis plus gros en présence de risque élevé de formation d’ocre ferreuse. »
Travailler avec l’écosystème
La position des drains par rapport à la nappe phréatique joue aussi un rôle crucial dans l’équilibre entre plusieurs composantes. « On veut gérer la nappe phréatique de façon à ce que le plant jouisse d’un environnement sec au moment des semis, pour ensuite atteindre une nappe phréatique qui ne sera pas trop basse, grâce à des racines assez profondes pour l’atteindre », explique Alain Lemay, qui rappelle certains principes. « En début de culture, un environnement sec favorise le développement des racines en profondeur. Lorsque la terre est humide, les racines s’étendent en largeur parce qu’elles n’ont pas à aller chercher l’eau en profondeur. En période de sécheresse, les racines en surface manquent rapidement d’eau et le plant souffre. » La règle d’or : positionner le drain à environ 0,8 m, ce qui assure un niveau de nappe adéquat et permet à la capillarisation, soit le mécanisme par lequel l’eau remonte naturellement en surface, d’atteindre le drain. Selon M. Lemay, l’efficacité du système s’évalue sur trois ans. « Il faut allouer du temps pour la stabilisation du sol et le développement des racines en profondeur. On obtient les meilleurs résultats autour de la troisième année : certains endroits qui fonctionnaient moins bien vont commencer à mieux performer, parce que la culture a fait son œuvre », résume-t-il.
Une garantie de revenu
L’assurance d’une certaine prévisibilité de rendement est un autre facteur qui milite en faveur de cet investissement majeur. « Au moment de l’acquisition, beaucoup d’institutions financières suggèrent aux agriculteurs de drainer la terre afin d’assurer un niveau de récolte qui va rendre le projet plus viable », soutient M. Lemay. « En évitant les fluctuations entre une excellente et une mauvaise année, on vise une stabilité moyenne dans la durée. »