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À bord de leur fourgonnette remplie de paniers de légumes, les agriculteurs en circuits courts commencent leurs premières livraisons de la saison estivale. Les membres du Réseau des fermiers·ères de famille doivent conjuguer cette année avec une baisse d’abonnements de 14 %.
Après une autre baisse de 15 % l’an dernier, la situation mérite qu’on s’y attarde, estime Léon Bibeau-Mercier, président de la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ), l’organisation qui chapeaute le Réseau. « C’est une deuxième année de baisse. On ne s’inquiète pas à court terme, car on a quand même 35 % plus d’abonnements actuellement qu’avant la pandémie. Mais on espère que [la diminution] ne soit pas une tendance de fond. On aura une meilleure idée l’an prochain », analyse-t-il. Parmi ses membres, certains signalent une concurrence accrue qui fait en sorte qu’il faut jouer du coude avec d’autres fermes du réseau ou avec des joueurs externes comme les Fermes Lufa.
Pour d’autres producteurs de paniers, la rentabilité est difficile. En date du 13 juin, treize fermes maraîchères sur les 145 du réseau avaient soit quitté le réseau ou tout simplement fermé. Le Réseau des fermiers·ères de famille regroupe près de 45 % des fermes du Québec qui produisent des paniers de légumes.
Léon Bibeau-Mercier constate que la perception du consommateur représente un enjeu majeur. « Des gens pensent qu’ils payent plus cher pour les légumes [provenant d’un fermier de famille] qu’à l’épicerie, mais ce n’est pas le cas. Quand tu compares avec les prix réguliers en épicerie, nos produits sont très compétitifs. Ils sont aussi moins chers que le bio en épicerie. On continue d’affirmer que la formule des paniers, c’est un bon moyen de lutter contre l’inflation [des prix des aliments] », assure le producteur.
La fin
À Saint-Pie, en Montérégie, la Ferme La Réserve en est une qui a mis fin à sa livraison de paniers de légumes. « On ne fera pas de paniers cette année. On espère faire une meilleure vie! Ne plus être obligés de livrer des légumes pendant 26 semaines, c’est un gros stress de moins sur les épaules de ma blonde. On a diminué la production, qu’on va vendre juste dans un kiosque libre-service, à la ferme », explique Jonathan Roy.
Ce dernier, qui consacre maintenant davantage son temps dans l’industrie de la construction, explique que la ferme livrait 150 paniers il y a deux ans. « On arrivait [financièrement], mais les heures, c’était inhumain. Dans le gros pic, on faisait 80-90 heures par semaine chacun et on n’était pas capables de prendre le dessus. On l’a calculé, avoir des employés, ce n’était pas rentable. Il faut quasiment donner plus aux employés que ce que tu te donnes à toi-même. » Sa conjointe, Roxanne Desautels, préfère se concentrer sur un nouveau projet : Roxï Fibres & Co, un élevage d’alpagas, de moutons, de chèvres et de lapins angoras qui lui permettra d’offrir des ateliers en lien avec la transformation des fibres animales.
Moins d’étudiants à l’Institut national d’agriculture biologique
Après des années d’inscriptions records pour la formation collégiale de production de légumes et de fruits biologiques, l’Institut national d’agriculture biologique de Victoriaville enregistre une diminution d’environ 20 % des inscriptions à cette technique. Le coordonnateur du programme, Pierre-Antoine Gilbert, précise que la hausse des taux d’intérêt et le prix élevé des terres rendent particulièrement difficile l’accès à la propriété agricole pour la relève non apparentée, ce qui explique une partie de cette baisse d’inscription. L’enseignant ajoute cependant que contrairement au diplôme d’études collégiales de trois ans, l’attestation d’études collégiales en production maraîchère biologique, une formation moins longue et en ligne, n’a pas connu de baisses d’inscription.