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La tension monte d’un cran relativement au projet éolien Arthabaska, dans le Centre-du-Québec, alors que le promoteur Boralex a annoncé le 15 juin qu’un nombre suffisant d’agriculteurs désirent des éoliennes sur leurs terres, permettant d’atteindre le minimum de capacité potentielle du projet de 200 mégawatts, et ainsi de le déposer officiellement à Hydro-Québec. Cependant, les agriculteurs qui sont favorables à la construction d’éoliennes sur leur terre se font montrer du doigt par les opposants.
Cette division n’est pas agréable, dit le producteur laitier Olivier Lavertu, de Warwick.
Ce dernier s’était engagé dans les démarches pour signer le contrat avec Boralex permettant la construction d’une ou de plusieurs éoliennes sur ses terres de Warwick. Les élus de sa municipalité ont cependant pris la décision le 19 juin qu’ils ne permettront pas la construction d’éoliennes sur leur territoire, mettant fin au projet d’Olivier Lavertu. « Mais notre chien n’est pas mort. On a grandi avec ce projet-là; on sait mieux quoi demander. Il y a des éoliennes qui vont se construire [dans d’autres municipalités]. Les gens vont apprivoiser ça avec les années. Peut-être qu’on pourra avoir un autre projet plus tard », commente-t-il.
Des arguments
Peu d’agriculteurs affichent publiquement leur volonté d’implanter des éoliennes chez eux par crainte de commentaires défavorables de la part de la population. Olivier Lavertu a cependant accepté d’expliquer son choix à La Terre. « Les gens sautent aux conclusions sans écouter ce qu’on a à dire. Les producteurs de lait, on s’est donné l’objectif d’être carboneutres en 2050 et un projet éolien d’énergie renouvelable comme celui-là, ça me rapproche de cet objectif à long terme. Je crois aussi que la conversion énergétique de nos tracteurs se fera à l’hydrogène. Et l’hydrogène prend beaucoup d’électricité, qu’il faudra produire », arguait-il avant que sa municipalité ferme la porte aux éoliennes.
L’agriculteur militait alors pour que la MRC redistribue les fonds qu’elle obtiendrait du parc éolien vers le milieu agricole. « On veut que les bénéfices de ce projet reviennent à l’agriculture. On veut que la MRC crée un fonds agroenvironnemental où, par exemple, on pourrait créer des installations pour recycler et valoriser les plastiques agricoles à utilisation unique. » Évidemment, l’un des arguments importants est l’argent. Boralex lui aurait offert environ 18 000 $ par année par éolienne de 6 mégawatts construite chez lui, en plus d’un léger pourcentage sur les ventes d’électricité.
Perte de milieu agricole
La majorité des éoliennes du projet Arthabaska se retrouveraient en territoire agricole. Pascale Boislard, horticultrice et membre de la Coalition NON aux éoliennes Arthabaska, s’oppose à ce qu’on utilise des terres cultivables pour construire des éoliennes. Idem pour l’Union des producteurs agricoles (UPA), qui s’est affichée contre le projet.
Olivier Lavertu ne comprend d’ailleurs pas cette position de son organisation syndicale. « Moi non plus, je ne veux pas empiéter dans le garde-manger de mes vaches. Le projet d’éoliennes, c’est donc zéro perte nette [de terre agricole]. On veut un échange de superficie. Ce qui va être pris pour construire les éoliennes, on veut le reprendre en agrandissant les terres dans nos boisés, par exemple. » Boralex ajoute que l’échange pourrait se faire avec des superficies en friche ailleurs sur le territoire.
Le projet éolien de Boralex perd du terrain
Le projet éolien Arthabaska de Boralex prévoyait au départ jusqu’à 67 éoliennes sur le territoire couvert par les municipalités de Saint-Albert, de Sainte-Séraphine, de Sainte-Élizabeth-de-Warwick, de Victoriaville et de Warwick. Sous la pression des citoyens, les municipalités de Saint-Albert et de Warwick viennent cependant d’interdire la construction d’éoliennes sur leur territoire. Il reste maintenant à Sainte-Élizabeth-de-Warwick à décider si elle procédera au changement de zonage permettant la construction des éoliennes sur son territoire. Au moment d’écrire ces lignes, seules les municipalités de Sainte-Séraphine et de Victoriaville permettaient la construction d’éoliennes. Avec l’accord reçu d’agriculteurs de ces deux municipalités, Boralex pourrait ériger environ 33 éoliennes, indique Jordan Longchamps, conseiller aux affaires publiques et aux communications de l’entreprise. « Selon les décisions prises à Sainte-Élizabeth, et si on continue à avoir des signatures, on pourrait augmenter ce nombre d’éoliennes », précise-t-il.