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Les affaires vont bon train pour des producteurs d’œufs de cane blanche de Stukely-Sud, en Estrie, depuis que les restaurants, les principaux acheteurs de leurs aliments de niche, ont rouvert en 2021. Après avoir surmonté de nombreux défis pour en arriver là, le couple de personnes non voyantes fait toutefois face à une nouvelle embûche. Il ne parvient pas à obtenir le financement nécessaire pour l’ajout d’un bâtiment qui lui permettrait de doubler sa production.
« Depuis fin 2021-début 2022, la demande pour nos œufs de consommation a explosé, avec le retour des restaurants », assure Daniel Bonin, qui a démarré l’entreprise À la canne blanche en 2018 avec sa conjointe, Maryse Sauvé. Les entrepreneurs aimeraient prendre de l’expansion, mais observent que les bailleurs de fonds, étant donné leur situation particulière de personnes non voyantes, sont frileux à l’idée de leur prêter l’argent nécessaire.
Pourtant, assure M. Bonin, la demande n’a jamais été aussi forte pour leurs produits. Après un ralentissement durant la pandémie, en raison de la fermeture des restaurants, le couple d’agriculteurs commercialise aujourd’hui près de 250 000 œufs de cane par année, dont 95 000 proviennent de son élevage et 150 000 sont achetés d’une autre ferme, puis revendus. Ils aimeraient ne plus dépendre d’un fournisseur externe pour approvisionner leurs clients, mais manquent d’espace pour faire croître leur propre production.
« En plus, à cause de la grippe aviaire, celui qui nous fournit des œufs nous a dit qu’il voulait peut-être arrêter. S’il arrête du jour au lendemain, moi je tombe, je manque d’œufs. On ne peut pas se permettre d’attendre; il faut bouger », croit celui qui est bien décidé à devenir autonome pour alimenter la trentaine de restaurants de Montréal et de l’Estrie avec lesquels il fait affaire, en plus de certaines épiceries et des Fermes Lufa.
20 000 $ en dons
Actuellement, la ferme de Daniel Bonin et Maryse Sauvé compte une seule canardière abritant l’intégralité du cheptel de 650 oiseaux, dont la moitié sont des canes pondeuses. Le bâtiment, qui a une capacité d’accueil de 750 têtes, est presque plein. Pour y dégager de l’espace et éventuellement le remplir uniquement de pondeuses, le couple d’éleveurs souhaite construire un nouveau bâtiment où il pourra loger les canetons et les canes qui sont entre deux cycles de ponte. Un tel projet, toutefois, requiert des investissements de 200 000 $ et une mise de fonds de 50 000 $.
Devant l’incapacité d’obtenir un prêt, le couple d’éleveurs s’est résigné à lancer une campagne de sociofinancement qui lui a rapporté 20 000 $ en seulement trois semaines.
« C’est inespéré, la vague d’amour qu’on a. On n’avait pas envie d’aller quêter, mais on n’a pas eu le choix. C’était une question de vie ou de mort », assure Daniel Bonin, dont le projet de nouveau bâtiment ne date pas d’hier, mais a été repoussé en raison de la COVID-19.
« Durant la pandémie, il a fallu qu’on se réinvente. On produisait moins, mais on n’a jamais arrêté. On a toujours passé tous nos œufs, parfois à perte, mais on n’a rien gaspillé », détaille celui dont les œufs étaient livrés chez des particuliers après avoir été commandés en ligne. Les Fermes Lufa et quelques épiceries étaient aussi des clients.
Les éleveurs ont arrêté la livraison à domicile lorsque les restaurants ont rouvert en 2021, mais ils continuent d’approvisionner les Fermes Lufa et des épiceries.
Avec un deuxième bâtiment, ils espèrent augmenter leur propre production à environ 215 000 œufs.