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La réponse des producteurs agricoles au nouveau Programme de gestion intensive des pâturages a dépassé les prévisions, si bien que les sommes disponibles pour les deux années du programme ont été presque entièrement dépensées dans la première année.
Administré par l’Association canadienne pour les plantes fourragères en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF), le Programme de gestion intensive des pâturages est l’un des 12 programmes canadiens financés par le Programme fédéral d’action à la ferme pour le climat. Il vise à soutenir les producteurs qui souhaitent développer ou améliorer la gestion des pâturages en rotation, en leur proposant de l’information, de l’aide et en leur offrant un soutien pécuniaire pour faire face aux défis financiers potentiels associés à l’essai ou à l’expansion de ce type de gestion des pâturages.
« Nous nous doutions que le programme connaîtrait un bon succès parce qu’il répond à un besoin important », explique Bruno Langlois, consultant pour le CQPF.
Le programme soutient des projets pouvant atteindre 20 000 $ par année, par exemple pour des matériaux ou de la main-d’œuvre pour la construction de nouvelles clôtures afin de diviser des parcelles, pour l’achat d’abreuvoirs ou de systèmes d’abreuvement, ou pour l’utilisation d’espèces fourragères dans des parcelles à faible émission de méthane.
Les prévisions estimaient à 82 le nombre de projets qui pourraient être soumis pour avoir accès au financement. Dans les faits, c’est presque 50 % de plus, c’est-à-dire 119 projets, qui ont été présentés. De ce nombre, 107 ont été retenus pour des investissements totalisant 1 750 000 $. Le Fonds d’action à la ferme pour le climat y contribuera pour 1 225 000 $.
Avec le résultat que le fonds est presque à sec.
« Pour la seconde année, il restera de l’argent pour l’accompagnement et la formation des producteurs », explique Bruno Langlois.
Une bouffée d’air
Ces résultats n’ont pas vraiment surpris les gestionnaires du programme.
« Dans le secteur bovin, ce genre d’aide financière directe est plutôt rare. Il a pour ainsi dire eu l’effet d’une bouffée d’air pour les producteurs », explique Serge Pageau, agent de développement du secteur fourrager à la CQPF.
Parce que ce sont principalement les producteurs de bovins qui s’en sont prévalus dans une proportion avoisinant les 90 %. Les autres projets ont été soumis par des producteurs de moutons.
Ces résultats sont révélateurs, selon Bruno Langlois.
« Ces résultats peuvent dire deux choses, dit-il. Ils démontrent qu’il y a un grand intérêt pour les producteurs à améliorer leur pâturage afin d’être plus performants. Ils nous disent aussi qu’il y a un besoin financier chez les producteurs parce que des projets de ce genre représentent un investissement important qu’il n’est pas possible de rentabiliser rapidement. Ce n’est pas toujours possible de présenter un plan d’affaires pour obtenir du financement des institutions prêteuses, alors souvent, les producteurs puisent dans leurs liquidités. Une aide financière est la bienvenue pour leur permettre de réaliser ces projets. »
L’exemple de La Balzane
Les jeunes propriétaires de la ferme La Balzane, de Saint-Simon-de-Bagot, comptent parmi ceux qui ont bénéficié de ce fonds pour aménager un peu plus de 16 hectares de leur terre en pâturage en rotation. En fait, cette possibilité d’avoir accès à une source de financement a pour ainsi dire bousculé les plans d’Émilie Soto et Mathieu Claessens dans le développement de leur ferme axée sur la permaculture.
« Notre objectif est de diversifier les activités à la ferme », explique Émilie Soto, qui est spécialisée dans le design de ferme en permaculture. « Nous voulons rebâtir les écosystèmes sur ces terres qui ont été exploitées de façon conventionnelle et intensive pendant des années pour ainsi redonner la vie au sol. »
Initialement, les plans des jeunes entrepreneurs agricoles prévoyaient la construction de serres, le développement de la production maraîchère, l’exploitation des ressources de la forêt de la propriété et enfin, l’utilisation des pâturages pour l’élevage de bovins, cochons, moutons et volailles. Mais voilà qu’une succession d’aléas, dont la disponibilité de fonds pour le développement de pâturages, a bouleversé l’ordre de réalisation des activités à la ferme. Si bien que leur projet commence avec l’aménagement des pâturages, qui était initialement prévu dans cinq à sept ans.
Et voilà que ce projet prend une ampleur imprévue en devenant un site de démonstration officiel pour l’ACPF (Association canadienne des plantes fourragères).
« C’est devenu un projet de transfert de connaissances et de technologie, dit Émilie Soto. Il va nous permettre de tester le rendement des pâturages au cours de l’an 1, de monitorer les gains de poids des animaux qui vont utiliser les parcelles jeunes, de vérifier la génétique de certaines races, d’explorer la diversité des espèces végétales au sein de la prairie. […] On se rend compte que ce qu’on développe ici intéresse des spécialistes dans plusieurs domaines, et tout ça n’aurait pas été possible aussi rapidement sans les fonds que nous avons obtenus. »
Bon nombre de producteurs espèrent maintenant que le programme sera reconduit.