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Des chercheurs québécois s’intéressent à la tomate. Les travaux menés par le professeur Charles Goulet, de l’Université Laval, visent notamment à identifier des variétés du fruit capables de répondre aux besoins de productivité des producteurs, tout en étant savoureuses et juteuses.
La tomate continue d’avoir la cote auprès des consommateurs. Inutile de chercher bien loin pour s’en convaincre, ce fruit [ou ce légume, c’est selon] se retrouve à peu près partout : dans les plats de pâtes, les sauces, les salades, et dans les sandwichs dont la tomate relève le goût en plus de faire plaisir aux yeux.
Cette pluralité d’utilisations se reflète d’ailleurs dans les chiffres. Les ventes de tomates, en serre seulement, se sont élevées à tout près de 92 M$ en 2021, soit 43 % des ventes totales des productions en serre de la province, selon l’édition 2022 du Profil sectoriel de l’industrie horticole au Québec. Chaque Canadien consommerait 7,2 kg de tomates par année en moyenne, derrière les oignons et les échalotes (9,3 kg), mais devant les carottes, à 6,4 kg en moyenne par année.
Quand on pense à la tomate, on l’imagine juteuse et savoureuse, capable à elle seule de transformer un banal repas en véritable festin. La réalité diffère cependant trop souvent. Si les tomates que nous retrouvons en épicerie apparaissent jolies et fermes, leur saveur fait parfois défaut.
De gènes et de saveurs
Les travaux de Charles Goulet, réalisés en partenariat avec le producteur ontarien de semences Vineland Research and Innovation Centre, visent justement à corriger cette situation. Grâce à l’analyse génétique, on espère développer une graine mieux adaptée à la réalité d’ici que ne le sont celles importées de Hollande, qu’utilisent largement les quelque 1 200 producteurs de tomates du Québec [555 en serres et 667 en champs, selon les Producteurs en serre du Québec] en ce moment. « Avec la génétique, on peut aller chercher quelle variété ancestrale, par exemple, on croiserait avec des variétés à haut rendement pour créer de nouveaux cultivars qui auraient autant des caractéristiques de productivité en serre que des caractéristiques de saveurs et de goûts améliorées », décrit Stéphanie Lord-Fontaine.
S’il est question d’analyse des gènes, il ne s’agit cependant pas de modifications génétiques, signale la vice-présidente aux affaires scientifiques de Génome Québec, qui parraine le projet. « On n’a pas joué sur les gènes. On est allés étudier différentes variétés de tomates ancestrales pour identifier lesquelles présentent les meilleures saveurs pour ensuite les croiser avec des variétés hautement productives. »
De l’incontournable productivité
Produire des tomates demeure une activité industrielle soumise au jeu de la concurrence, dont celle en provenance de l’étranger. La production industrielle recourt habituellement aux mêmes semences, celles qui réduisent les risques et maximisent les chances de profitabilité. Les graines que pourrait développer l’équipe de recherche devront ainsi convaincre les producteurs. « C’est sûr qu’il faut faire la preuve de la valeur ajoutée de la nouvelle semence, en plus de démontrer qu’elle est tout aussi productive que celles utilisées jusqu’à maintenant », reconnaît Stéphanie Lord-Fontaine, qui précise que l’équipe du professeur Goulet réfléchit déjà à la mise en marché d’une nouvelle tomate. Si une partie des travaux de recherche sont terminés, ceux sur la génétique des arômes de tomates demeurent en cours, indique Charles Goulet, dans un message par courriel.