Les nouvelles technologies d’éclairage facilitent le battage de nuit. Bien que la tendance privilégie l’ajout de nombreux phares sur les moissonneuses-batteuses, plusieurs spécialistes invitent les producteurs à la prudence.

« Je suggère à mes clients d’acheter leur batteuse avec de bonnes options de lumières, explique Denis Surprenant, gérant des pièces chez le concessionnaire Claude Joyal à Stanbridge. Avec les phares du fabricant, on est certain que la position est bonne et que le courant est sécuritaire. » M. Surprenant ne croit pas pour autant qu’il soit nécessaire d’acheter le modèle le plus puissant. « Des fois, les lumières sont si fortes qu’elles aveuglent les gens autour de la batteuse; ce n’est pas mieux », soutient le gérant de pièces.

Denis Surprenant juge d’ailleurs que plusieurs producteurs exagèrent quand vient le temps d’« illuminer » leur batteuse. « Certains veulent avoir les lumières d’un terrain de baseball, soutient-il. Ils en mettent tellement sur leur véhicule que ça fait de la réverbération et ils ne voient pas plus. » Le spécialiste note que ses clients se tournent beaucoup vers les lumières LED. Denis Surprenant hésite toutefois à les conseiller. « C’est vrai qu’elles sont moins chères et qu’elles consomment moins d’énergie que les halogènes ou celles au xénon, mais elles sont beaucoup moins résistantes aux vibrations », précise-t-il. Le spécialiste note aussi que de nombreux propriétaires de batteuses souhaitent ajouter de gros phares HID (au xénon) à leurs véhicules. « Souvent, ils ne sont pas nécessaires. Ça éclaire comme les lumières du Stade olympique ces phares-là! » s’exclame-t-il. M. Surprenant déplore également que certains agriculteurs se déplacent sur les routes avec leurs HID allumées. « C’est dangereux pour les voitures qu’ils rencontrent, martèle-t-il. La moissonneuse doit absolument posséder un interrupteur pour éteindre ces feux. »

S’il juge nécessaire l’ajout de lumières sur certaines anciennes batteuses moins bien équipées, Denis Surprenant met en garde les propriétaires. « Les alternateurs des vieilles moissonneuses sont moins puissants. Il ne faut pas les surtaxer avec trop de lumières, avance-t-il. Ça peut être dangereux pour le feu. » Un simple réalignement des phares sur la batteuse peut éviter un ajout.

Producteur agricole, Réal St-Denis abonde dans le même sens. Bien qu’il ait ajouté des lumières sur ses batteuses, qui datent de quelques années, il fait en sorte de ne pas trop en mettre. « Ce ne sont pas des arbres de Noël », s’esclaffe-t-il. L’agriculteur, qui effectue du battage à forfait, a modifié ses batteuses qui ne possédaient que deux halogènes. « On a ajouté deux lumières DEL qui éclairent sur une courte distance et deux HID spots, qui projettent vraiment loin, décrit-il. Ça nous permet de bien voir sur environ 400 pieds ». M. St-Denis remarque que le travail de nuit s’avère beaucoup moins fatigant depuis l’ajout de ces lumières. « On voit plus loin, c’est moins contraignant », assure-t-il. Pour éviter les problèmes électriques, tous les phares annexés sont branchés sur un système indépendant.