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Un protocole mis sur pied par Air Canada et le Conseil canadien du miel (CCM), qui consiste à mettre de la glace sèche autour des caisses de colonies d’abeilles dans les soutes d’avion, promet de contrer les pertes de ces pollinisatrices dans le transport aérien.
L’hiver dernier, le Canada a perdu 47 % de ses abeilles en raison de parasites, comme Varroa destructor, et de virus. La demande en abeilles importées est donc forte chez les apiculteurs canadiens, qui en font venir annuellement près de 50 000 colonies de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie, du Chili, de l’Italie et parfois de l’Ukraine par voie aérienne.
En mars 2020, près de 1 000 colonies ont été retrouvées mortes après leur atterrissage au Canada. Ce type d’événement est rare, explique le directeur général du CCM, Rod Scarlett, mais les apiculteurs canadiens perdent tout de même 2 % des abeilles qu’ils importent dans chaque transport aérien. Il explique que les colonies génèrent beaucoup de chaleur lorsque les abeilles sont regroupées et que le manque d’air conditionné en soute durant le trajet occasionne des décès. D’autre part, après l’atterrissage, le délai d’attente des colonies avant un transfert vers un entrepôt réfrigéré provoque également de la surchauffe, un inconfort pouvant être fatal. « Plus l’attente est longue, plus le paquet d’abeilles est compromis », dit-il. Un délai de quelques heures serait idéal, mentionne M. Scarlett.
Ce printemps, Air Canada et le CCM ont mis sur pied un projet pilote qui consiste à mettre de la glace sèche autour des caisses d’abeilles en soute pour les maintenir au frais. Les craintes initiales de voir la glace sèche, entièrement composée de CO2 solidifié, tuer les abeilles au moment du passage à l’état gazeux ne semblent pas se concrétiser. En effet, la faible quantité utilisée et le protocole mis en place permettent à cette solution d’être sécuritaire pour les abeilles.
Selon Rod Scarlett, le projet porte fruit. Les deux partenaires se rencontreront au début juin pour effectuer un bilan de la saison et voir si la solution mise en place a réellement donné les résultats escomptés.
Le trajet d’une colonie d’abeilles de l’Australie vers Montréal
Plus de 20 heures de vol séparent Sydney, la capitale australienne, de Montréal. Des milliers d’abeilles effectuent le trajet chaque printemps pour approvisionner les producteurs canadiens. Comment arrivent-elles dans nos champs?
Une colonie d’abeilles est d’abord installée dans une boîte par le producteur apicole australien, puis expédiée à l’aéroport de Sydney. Une colonie ne voyage jamais seule. Pour faire un envoi d’abeilles par avion, il faut remplir au minimum deux caisses contenant 480 colonies chacune. Les abeilles sont considérées comme du bétail par les compagnies aériennes, mais contrairement aux moutons, aux porcs et aux bovins qui embarquent dans des avions-cargos, ces dernières voyagent dans la soute d’avions de passagers.
Lorsque les caisses sont prêtes, elles sont embarquées dans le prochain vol de passagers qui décolle de Sydney en direction de Montréal, peu importe la compagnie aérienne. Pour éviter les décès liés à la chaleur, les caisses d’abeilles sont placées près des parois de l’avion, mais dans des endroits contenant suffisamment d’espace pour laisser circuler l’air. Les caisses d’abeilles sont ensuite brumisées afin de fournir l’eau nécessaire aux insectes durant le trajet. À l’atterrissage, les caisses d’abeilles sont placées dans un entrepôt réfrigéré, puis inspectées par les agents des services frontaliers et de l’Agence canadienne d’inspection des aliments avant d’être acheminées chez les apiculteurs canadiens.