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En raison de restrictions liées à des maladies animales, l’expédition de bétail par voie aérienne était déjà en diminution depuis cinq ans chez le transporteur montréalais de marchandises internationales Cargolution. Depuis la pandémie toutefois, l’entreprise a complètement cessé le transport d’animaux de ferme. La directrice du fret aérien de l’entreprise, Trish Szalai, rappelle que durant cette période, les compagnies aériennes n’acceptaient plus d’animaux vivants. « Pendant la pandémie, on a eu une grosse baisse de vols et [les clients et les compagnies aériennes] ne voulaient pas aller de l’avant avec du bétail et [risquer] que tout d’un coup, un vol soit annulé. Il y avait cette crainte […] et considérant le coût pour les transporter, si tu commences les procédures de quarantaine et que le vol est annulé, que [le délai avant le prochain vol n’est pas connu], c’est de l’argent et ça peut même être grave pour le bétail », dit-elle. Cargolution concentre aujourd’hui ses activités animalières sur les espèces domestiques.
L’avion seulement pour la génétique de haute qualité
En raison des coûts, le fret aérien est plutôt utilisé pour l’envoi d’animaux de haute qualité génétique, indique Geoffrey M. Robinson, le président du transporteur ontarien Sea Air International Forwarders, qui se spécialise notamment dans l’exportation de bétail.
Une fois par année depuis six ans, le producteur laitier et de bovins de boucherie Stephen Borland, d’Ormstown, en Montérégie, expédie par voie aérienne en Colombie un troupeau de génisses Jersey à haute qualité génétique. Avant cela, le producteur a expédié des milliers d’animaux vivants vers différents pays. Il s’est rendu 106 fois au Brésil seulement pour commercialiser ses Jerseys, soit près d’une fois par mois pendant plusieurs années. Si le nombre d’expéditions a été très important avant la crise de l’encéphalopathie spongiforme bovine, en 2003, le producteur estime qu’aujourd’hui, le marché de l’exportation des animaux vivants connaît une diminution. « L’envoi d’embryons va prendre le dessus, parce qu’il est tellement plus facile d’envoyer un embryon qu’un animal vivant. Aussi, en raison des frais de transport de 4 000 $ US par tête, il n’y en aura plus beaucoup », dit-il. Geoffrey M. Robinson estime qu’une caisse d’expédition contenant cinq bovins de 500 kg coûtera 17 500 $ US à faire expédier par avion de Toronto à Sao Paulo, au Brésil.
L’exception porcine
L’industrie porcine fait toutefois exception. L’exportation de verrats et de cochettes par voie aérienne a augmenté au cours des trois à cinq dernières années, indique Matthew Murphy, le directeur des approvisionnements pour l’Amérique du Nord de Pig Improvement Company (PIC), l’un des cinq joueurs mondiaux de la génétique porcine. Son entreprise exporte annuellement par voie aérienne de 7 000 à 10 000 animaux d’Amérique du Nord, dont 3 000 à 4 000 en provenance du Canada. Chacun des cinq fournisseurs mondiaux, explique-t-il, tente d’agrandir l’infrastructure de sa chaîne d’approvisionnement. Cela occasionne une consolidation du secteur qui a pour effet d’accroître le déplacement d’animaux dans le monde.
Toutefois, il est d’avis que le transit de porcs vivants connaîtra une diminution lorsque la technologie rendra la semence congelée aussi efficace que la semence fraîche. « Cette technologie, sur le plan de la congélation de la semence, n’est pas aussi développée que nous le souhaiterions », indique M. Murphy. La technologie fonctionne, assure-t-il, mais les fermes n’ont pas accès aux infrastructures pour s’en prévaloir.
PIC n’a d’ailleurs que trois fermes à travers le monde qui ont la capacité de congeler efficacement de la semence, dont une en Saskatchewan. Matthew Murphy estime que la transition entre l’envoi d’animaux vivants pour de la semence fraîche et l’envoi de semence congelée se fera progressivement au cours des 10 prochaines années. « Les animaux vivants feront toujours partie de l’équation, mais je pense que nous verrons une plus grande utilisation des gènes de sperme congelé, simplement pour des raisons d’accès et de coût. Mais encore une fois, dans le secteur du porc, les animaux vivants constitueront toujours une part importante de la structure de la chaîne d’approvisionnement », soutient-il.