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Les tracteurs sont de retour sur les routes en cette période de travaux printaniers avec, malheureusement, des accidents impliquant de la machinerie, dont un mortel, survenu le 9 mai, en Montérégie. Autant de situations qui font dire à l’agriculteur Étienne Lamy, lui-même impliqué dans un accident mortel l’an dernier avec son tracteur, que les automobilistes doivent être plus prudents, mais que les agriculteurs doivent se conformer aux normes d’une façon impeccable s’ils ne veulent pas avoir de remords.
1 • Mettre des feux clignotants partout
« Il y a des machineries, en raison de leur âge, de leur longueur ou de leur largeur, qui ne sont pas obligées d’avoir des clignotants, comme un vieil épandeur à engrais qu’on a. Mais on a décidé qu’on ajoutait des clignotants sur toutes les machineries qui n’en avaient pas, même les remorques à foin. C’est déjà stressant d’avoir un accident, tu es mieux de ne pas être dans le tort, d’être plus légal que moins », assure-t-il.
Ce producteur de Yamachiche, en Mauricie, ajoute qu’il ne se préoccupe pas seulement de l’aspect légal. Il en va de la sécurité de tous. « Le soir, les machineries qui n’ont pas de clignotants, et juste des réflecteurs, quant à moi, ce n’est pas assez. Aujourd’hui, les gens sont plus pressés sur la route, et pour se faire voir, il faut avoir des clignotants et des lumières à break. C’est ça, le best », indique M. Lamy.
Ce dernier ne manque toutefois pas de souligner la part des automobilistes. « Les agriculteurs, on peut se mettre bien visibles avec tous les gyrophares et les clignotants, mais certains conducteurs ne veulent pas nous voir. On se demande ce qu’ils regardent. Leur cell? » suggère-t-il. Cela l’amène néanmoins à redoubler de prudence. « Il faut conduire pour les autres. Quand j’en vois un trop pressé, qui me suit dans le derrière, si j’en ai la chance, je me tasse et je le laisse passer. Comme ça, il n’arrivera rien. »
2 • Ne prendre aucun risque
Étienne Lamy est bien conscient que chaque minute compte dans le temps des semis ou des battages, surtout avant la pluie, un contexte qui peut inciter des agriculteurs à prendre des risques, même sur la route. « Ce printemps, on voulait sauver du temps, en amenant un big bag [sac de semences géant] avec les fourches du tracteur sur la route. On avait juste cinq minutes à faire sur le chemin. J’ai quand même décidé de prendre le temps de passer par les champs au lieu de la route. Car si une strap du big bag brise, que des semences tombent sur la route, et qu’un gars arrive en moto, les semences, c’est comme des petites billes; il ne sera jamais capable de breaker là-dessus. Tu es mieux de ne pas prendre de chances sur la route », raconte le producteur.
3 • Aller chercher de l’aide
Dans l’éventualité où un agriculteur est impliqué, avec sa machinerie, dans un accident grave, voire mortel, Étienne Lamy recommande d’aller chercher de l’aide rapidement. « Même si tu n’en sens pas tant le besoin, en appelant une travailleuse de rang, elle te donnera des trucs qui seront utiles si tu commences à moins bien feeler », mentionne celui qui a vécu des moments difficiles en raison du choc associé à l’accident mortel.
4 • Attention de ne pas s’incriminer
En cas d’accident, Étienne Lamy recommande de ne pas trop en dire aux policiers sur le coup de l’émotion. « Les policiers font leur job, j’imagine. Ils veulent te faire parler, ils veulent trouver un coupable. Mais quand on n’est pas coupable, il ne faut pas s’incriminer. Tu es mieux de parler le moins possible », affirme-t-il en se basant sur son expérience personnelle. « Je n’étais pas dans le tort lors de l’accident, mais les policiers m’ont dit que je pouvais être accusé au criminel de conduite dangereuse ayant causé la mort et que je pourrais être en dedans pour 10 ans. Déjà qu’on est dans le stress des récoltes, et le stress de l’accident, ce genre de phrases, c’est sûr que ça stresse encore plus quelqu’un. Tu te poses des questions. Si c’est vrai que je rentre en prison, qui va runner la ferme? Alors ton premier réflexe, c’est de te défendre, mais plus tu parles, plus tu leur en donnes. »
La SAAQ se dit préoccupée
La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) indique à La Terre qu’elle a mis en place des mesures, ces dernières années, pour diminuer les accidents, mais l’organisme gouvernemental, par la bouche de sa porte-parole, Geneviève Côté, se dit « tout de même préoccupé par les accrochages entre les différents usagers de la route et les véhicules agricoles ».
Mme Côté souligne néanmoins qu’en plus d’avoir mis en place le Règlement concernant la visibilité et la circulation des machines agricoles d’une largeur de plus de 2,6 mètres en 2013, qui oblige notamment la présence de feux de signalisation et d’une ou deux escortes qui les accompagnent sur la route selon les équipements, la SAAQ s’est dernièrement penchée sur les exemptions aux obligations de certaines remorques de ferme, machines agricoles et remorques utilisées pour le transport de bois non ouvré (bois brut). Depuis le 25 juillet 2022, ces équipements et remorques qui remplissent les conditions prévues à l’article 240.2 du Code de la sécurité routière doivent être munis, à l’arrière, lorsqu’elles circulent la nuit, d’au moins un feu de position rouge placé aussi près que possible de l’extrémité latérale gauche et visible d’une distance d’au moins 150 mètres. « Cette nouvelle exigence permet d’améliorer la visibilité des véhicules tractés en période de noirceur et, ainsi, de réduire le risque d’accident », commente la porte-parole de la SAAQ.