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Selon Sébastien Pouliot, agroéconomiste chez Services économiques Pouliot, les fermetures récentes, tant aux États-Unis qu’en Europe, témoignent d’un cycle de décroissance qui affectent les marchés mondiaux du porc, tous interreliés. « En 2019-2020, les inventaires aux États-Unis ont atteint un niveau record. Depuis, ça diminue, mais la demande pour cette viande n’est plus aussi forte depuis que la Chine a redémarré sa production à grande échelle, ce qui ne soutient plus les prix sur les marchés d’exportation », dit-il.
La valeur de la carcasse de porc a ainsi chuté d’environ 20 % en un an, tant pour les producteurs porcins que les transformateurs, estime-t-il. « Le soya et le maïs sont moins chers, mais les autres coûts ont augmenté, provoquant donc un enjeu de rentabilité pour plusieurs. C’est ce qui explique les restructurations et les fermetures, tant ici qu’ailleurs, en Europe et aux États-Unis », résume-t-il.
Raphaël Mbombo, analyste économique au Centre de développement du porc du Québec, estime de son côté qu’il est encore difficile d’évaluer les effets de ces fermetures aux États-Unis. « Mais selon des analystes américains qui ont récemment fait état de rumeurs de fermetures à venir et de contraction dans le cheptel américain, ces événements pourraient marquer le début de plusieurs autres dans le même genre », rapporte-t-il.
De telles périodes de décroissance sont cycliques dans les marchés de la viande, précise l’agroéconomiste Sébastien Pouliot, et sont généralement suivies d’un retour à l’équilibre. « Ce que ça va faire [ces fermetures], c’est qu’il va y avoir moins de porcs sur les marchés d’exportation dans environ six mois à un an, ce qui va faire remonter les prix. La saison estivale, où la demande pour la viande de porc est historiquement plus élevée, pourrait aussi aider », ajoute-t-il.
Pas tous affectés de la même manière
Stéphanie Poitras, directrice générale de l’entreprise de transformation de viande de porc Aliments Asta, située à Saint-Alexandre-de-Kamouraska, dans le Bas-Saint-Laurent, reconnaît que ces périodes de décroissance sont cycliques, mais elle trouve toutefois que le cycle actuel est « particulièrement gros ». « C’est un contexte rarement vu. La pandémie, la fermeture de restaurants qui nous a fait perdre de nombreux clients au Japon, par exemple, la pénurie de main-d’œuvre, l’inflation, la Chine… Tout ça a créé une tempête qui affecte un peu tout le monde, mais pas tous de la même manière, parce que les modèles sont différents d’une entreprise à l’autre et d’un pays à l’autre », indique-t-elle sans pouvoir prévoir le moment où la situation se stabilisera.