SAINT-FÉLIX-DE-VALOIS – Caroline Lépicier possédait ses propres poulaillers depuis l’âge de 20 ans lorsqu’elle a repris l’entreprise avicole de son père en pleine pandémie. Tout ça à travers une grossesse et l’arrivée d’un nouvel enfant. Portrait d’une entrepreneure dans l’âme.

À 20 ans, Caroline Lépicier cherchait sa voie dans la vie. Après un début d’études au cégep de Joliette et quelques mois d’expérience comme gérante adjointe dans une boutique de vêtements, elle a senti le destin se présenter quand un voisin de ses parents a placé une pancarte « À vendre » devant ses installations avicoles. 

« C’est là que je me suis rendu compte que la vie de la ferme me manquait », se rappelle cette fille d’agriculteur, aujourd’hui âgée de 37 ans. « J’avais déjà eu un pied dans l’agriculture, car, durant mon adolescence, j’avais été propriétaire d’un petit troupeau de dix vaches. Mais ces gros animaux-là me faisaient un peu peur à l’époque. J’avais alors décidé de les vendre. »

La production de poulets semblait plus dans les cordes de la jeune femme. Après bien des calculs avec son père, lui-même producteur avicole, elle s’est portée acquéreuse d’une maison et de deux poulaillers d’une capacité de 30 000 poulets à Saint-Félix-de-Valois, à quelque 15 kilomètres de Joliette. 

« C’était un bon projet pour démarrer mon entreprise. J’ai pu apprendre à marcher avant de commencer à courir », affirme-t-elle. 

Toujours épaulée par son père, la femme d’affaires a ainsi fait ses classes en menant de front la gestion de son entreprise et son emploi à la ferme familiale d’une capacité de 90 000 poulets. Comme le moratoire dans le secteur avicole, de près d’une dizaine d’années, ne lui permettait pas d’agrandir ses installations, elle en a profité pour mettre à niveau ses bâtiments et améliorer ses performances techniques.

« Par exemple, les systèmes de ventilation ont été optimisés, un garage a été construit et des silos ont été ajoutés. De plus, les mangeoires et les abreuvoirs ont remplacé les grands plats qui étaient moins accessibles aux plus jeunes poulets », souligne Mme Lépicier. 

C’est ainsi que, notamment grâce à l’encadrement technique du Fonds coopératif d’aide à la relève agricole, elle s’est préparée à prendre la relève de son père, qui, de son côté, n’était pas prêt à ralentir. 

En 2013, par le biais d’amis communs, Caroline Lépicier a rencontré son futur conjoint, Téjy Vendette, déjà papa de la petite Ofélie. Chef traiteur de profession, il n’a pas hésité à mettre l’épaule à la roue à la ferme. 

« J’avais des croûtes à manger », reconnaît-il aujourd’hui. « Au début, j’essayais simplement de donner un coup de main. Mais j’aime pouvoir apprendre de nouvelles choses et faire des tâches différentes tous les jours. J’étais bien servi. »

Le couple a rapidement pris conscience qu’il formait non seulement une famille solide, mais également une bonne équipe au travail. Si bien qu’à la naissance de leur fille Elly, en 2017, Téjy Vendette a délaissé la restauration pour se consacrer à temps plein à l’entreprise familiale. 

Une année charnière

L’année 2020 n’a pas été de tout repos. Après deux ans de démarches, la ferme familiale a pu enfin être transmise ­moitié-moitié à Caroline Lépicier et à son frère Patrick, à travers les incertitudes provoquées par la pandémie et la naissance de la petite Alexe.

« En plus, ce fut une grossesse compliquée », confie la mère de famille, en se remémorant les mois d’efforts qu’ont exigés le déménagement dans la maison de son enfance, l’ajout de quatre poulaillers et la reprise d’un troupeau d’une quarantaine de vaches à bœuf. « Et le père de Caroline n’était plus là pour prendre les décisions. Ce fut tout un défi d’apprentissage », souligne M. Vendette.

« Heureusement, la transaction s’est bien déroulée pour mon frère et moi », affirme Mme Lépicier. « Nous sommes chanceux. Mon père a travaillé fort toute sa vie pour monter une belle entreprise, toujours avec l’objectif de la léguer à ses enfants. Le dernier poulailler, s’il l’a bâti, c’était pour nous. »

L’intégration de l’entreprise familiale maintenant digérée, le couple Lépicier-Vendette peut songer à prendre de l’expansion. « On y réfléchit, mais sans trop se presser. On va attendre tout d’abord que les enfants grandissent », conclut Téjy Vendette.  

Équipement techno

L’acquisition du système de contrôle Genius, fabriqué par Monitrol, permet de surveiller à distance l’environnement complet des poulaillers désormais truffés de capteurs, de senseurs, de compteurs et de balances. Ces instruments permettent d’ajuster la ventilation et la température nécessaires, mais aussi de détecter les pannes d’électricité, un bris d’équipement ou même l’éclosion d’une maladie. Toutes les données, les contrôles automatisés et le suivi des opérations sont transmis au téléphone cellulaire du producteur. « Si une anomalie est détectée, il faut rapidement trouver la source du problème. Ce système nous procure une rapidité de réaction », mentionne Téjy Vendette.  

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