Technologie 29 avril 2023

Quelques exemples d’agtech québécoises

Une analyse de sol en 20 secondes au lieu d’un mois

La sonde mise au point par ChrysaLabs permet d’évaluer la santé et la fertilité du sol en 20 secondes. En comparaison, les résultats d’un échantillon de sol en laboratoire peuvent être émis dans un délai variant d’une semaine à un mois. L’entreprise commercialise sa technologie auprès d’une centaine de clients en Amérique du Nord, mais le marché québécois ne représente que 5 % de ses ventes, contre 70 % aux États-Unis et 25 % dans l’Ouest canadien, indique le président-directeur général, Samuel Fournier. La différence, dit-il, réside dans le fait qu’ailleurs, les producteurs de grains en monoculture, qui vendent sur les marchés de commodités, intègrent beaucoup de technologies pour assurer un environnement de croissance supérieur. Au Québec, les producteurs produisent principalement pour nourrir leurs animaux. La réglementation provinciale exige également une seule analyse de sol par champ aux cinq ans. Pour cette raison, l’entreprise oriente ses ventes vers les agronomes-conseils plutôt que vers les producteurs.


Des mouches au service des producteurs de porcs

Pour aider les producteurs porcins à améliorer leur image environnementale auprès des consommateurs et à augmenter leurs revenus en achetant leurs surplus de lisier, l’entreprise Larvatria a développé, grâce à des mouches, un procédé industriel pour transformer du fumier de porcs en biofertilisants. Les insectes se nourrissent de bactéries dans le fumier et l’échange de salive donne à l’engrais des propriétés antiparasitaires. Par la suite, les insectes sont transformés en farines destinées à l’alimentation animale, mentionne le vice-président des finances et du développement corporatif de Larvatria, Stéphane Silber. En partenariat avec l’Université Laval, l’entreprise a évalué des gains de rendement de 10 à 15 % pour les végétaux fertilisés avec leur produit et pour les animaux d’élevage ayant consommé leur farine. Sollio au Québec, Maple Leaf en Ontario et Smithfield Foods en Caroline du Nord sont intéressés par la technologie, mais attendent de voir les résultats du prototypage industriel avant d’investir. Après avoir érigé une usine de transformation, appelée bioraffinerie, l’entreprise estime produire 18 000 tonnes de biofertilisants antiparasitaires par année.


Capter l’air pour économiser trois applications de fongicide

Grâce à des capteurs de spores mobiles et à des stations météo aux champs, le programme AIR permet aux producteurs de détecter des maladies fongiques et d’améliorer la gestion des pesticides. Une spore est une cellule reproductrice invisible à l’œil nu qui, portée par le vent, se dépose sur les plants et se développe en maladies fongiques comme le mildiou. La solution d’agriculture raisonnée proposée permet au producteur d’économiser jusqu’à trois applications de fongicide par saison. « Ça permet au producteur de réfléchir. S’il a une grande quantité de spores dans son champ, mais qu’une canicule commence pour les trois prochains jours, ce n’est pas nécessaire de faire une intervention parce que les spores vont toutes mourir », mentionne la microbiologiste du programme AIR, Amélie Bombardier. Une trentaine de producteurs de pommes de terre ont adopté cette technologie au Québec, mais l’entreprise œuvre également dans des champs d’oignons, de laitue, de fraises et des vignobles au Colorado, en Alberta, en Floride, au Maine et au Nouveau-Brunswick. La technologie est brevetée au Canada et aux États-Unis.