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Les problèmes de nutrition de certaines communautés autochtones et leur accès limité à des fruits et légumes produits localement pourraient être améliorés grâce à une collaboration du Conseil des Atikamekw d’Opitciwan et de trois organismes du milieu agricole et agroalimentaire québécois.
Il s’agit d’un chantier avant tout social, mais très technique, car les intervenants devaient trouver un moyen de créer des éléments fertilisants permettant l’agriculture, tout en utilisant de la biomasse végétale déjà présente sur le territoire de la communauté autochtone Atikamekw, située à environ 300 km au nord-ouest de La Tuque.
Avec l’aide du Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA) et de l’Institut national d’agriculture biologique (INAB), de Victoriaville, les Atikamekw ont construit une serre et ont créé un jardin communautaire ainsi que quelques potagers résidentiels. Tout cela représente un premier pas très positif, témoigne Francine Gagnon-Awashish, une résidente d’Opitciwan, avec qui La Terre s’est entretenue. « Les gens sont contents, ça fait beaucoup de bien d’avoir un jardin communautaire. Ceux qui viennent de l’extérieur nous aident, dont la technicienne en agriculture [de l’INAB], et ont de bonnes compétences. On a des étudiants qui travaillent avec eux sur le terrain et qui montrent de l’intérêt pour prendre soin du jardin. Avec la serre, nous allons même envoyer des plants dans d’autres communautés », exprime celle qui est enseignante sans son village. Mme Gagnon-Awashish soutient l’importance de voir des jeunes rapporter des légumes, comme des micropousses, chez eux. « L’alimentation et la santé sont des préoccupations. On a beaucoup de diabète dans la population. Le transport pour faire venir des légumes coûte cher et les gens ne s’alimentent plus dans le bois [de plantes sauvages de la forêt] comme avant. On a un peu perdu ça », mentionne-t-elle.
Mobiliser la communauté
Sur le plan technique, l’organisme de La Pocatière, Biopterre, a réussi à produire un fertilisant à base d’un arbuste très répandu sur le territoire des Atikamekw (voir encadré). La communauté autochtone doit maintenant adopter, à long terme, la production de légumes pour réellement accroître son autonomie alimentaire, dit Michel Gendreau, chargé de projet au CISA. « Le défi majeur, c’est d’arriver à mobiliser la communauté et à développer sa propre expertise locale pour que le projet soit de plus en plus indépendant. Mais changer les habitudes alimentaires, ce n’est pas évident! »
À l’heure actuelle, les différents projets bénéficient au total de subventions d’environ 250 000 $ par année, dont une portion provient du ministère de l’Agriculture. De l’argent est alloué aux formations en agriculture, au salaire d’une technicienne de l’INAB qui est chez les Atikamekw à temps plein, au développement de l’entrepreneuriat — le commerce des champignons cultivés, par exemple — et au développement de la fertilité des sols.
L’importance de cultiver ses légumes est un concept qui commence à faire son chemin, assure Émilie Parent, chargée de projet au CISA. « Ça fait longtemps que les communautés sont conscientes. Il y a un mouvement vers l’agroalimentaire. Même les Inuits veulent lancer des projets agroalimentaires, agricoles ou autres. Je pense qu’on a trouvé la clé pour que ça fonctionne [il faut bâtir une relation à long terme avec eux]. Mais l’agriculture, c’est compliqué à apprendre et à mettre en place », observe-t-elle.