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Les réactions de nombreux producteurs à la nouvelle convention de mise en marché des porcs sont mitigées. Alors que certains considèrent qu’il s’agit de « la pire entente jamais signée », d’autres estiment que cette convention permet au moins de mieux anticiper l’avenir. Mais tous s’entendent pour dire que les prochaines années seront « très, très difficiles » pour tout le monde.
« Selon moi, c’est une catastrophe, c’est la pire convention jamais signée : ça n’a pas aidé les producteurs du tout, réagit Lori-Anne Berthiaume, productrice porcine indépendante à Saint-Élzéar, en Chaudière-Appalaches. On se fait couper d’un million de porcs et, en plus, on baisse nos prix de 20 $ [par 100 kg de porcs] par rapport à 2022, ou d’environ 12 $ si on calcule en termes de moyenne sur les dix dernières années. Ceci pendant que nos coûts de production augmentent. C’est sûr que ça ne s’enligne vraiment pas bien. Ça ne pourra pas fonctionner à long terme, ça, c’est clair », analyse-t-elle.
Jean-Philippe Roy, producteur indépendant de Saint-Michel-de-Bellechasse, en Chaudière-Appalaches, croit aussi que cette nouvelle convention n’en est pas une bonne pour les producteurs. « Mais en même temps, le secteur vit une crise. Il y a toutes les circonstances de pénurie de main-d’œuvre, la fermeture du marché de la Chine… Moi, avec mon entreprise de type naisseur-finisseur de 200 truies, je ne pourrais pas écouler mes porcs sans la mise en marché collective. Alors après avoir compris ça, pour s’en sortir, eh bien il faut réévaluer les choses à partir de ce qu’on a. Au moins, la nouvelle convention a ce côté positif de nous aider à savoir un peu plus comment nous organiser pour les deux ou trois prochaines années. Mais oui, il y a des producteurs pour qui ça va être plus dur et qui ne passeront pas au travers », prédit-il.
Déstructuration du réseau
Du côté des producteurs intégrés, l’avenir n’est pas plus rose. « On s’est fait dire [par notre intégrateur] qu’il y aurait des producteurs qui se feraient couper leur contrat. Pour l’instant, ça ne me touche pas », se réjouit le producteur Julien Gauvin, qui, après avoir analysé la situation financière de ses trois élevages porcins de Saint-Denis-sur-Richelieu, en Montérégie, a fait le choix de rester en production.
« On souhaite tous que ce soit les autres qui débarquent et pas nous, poursuit-il. Ça peut devenir un problème, car si les retraits volontaires ne permettent pas de combler la coupure d’un million de porcs, ce sera l’autre programme [de décroissance de la production] qui embarquera. C’est sûr que ce ne serait pas positif, des baisses de production, car ça aura un impact sur la rentabilité des élevages alors que tous nos coûts de production augmentent. »
Et même si les retraits volontaires suffisent à combler cette baisse de production, M. Gauvin anticipe une importante « déstructuration de la pyramide d’approvisionnement » dans les mois à venir. « Si mon approvisionnement en porcelets n’est pas touché, c’est OK, mais si c’est le cas, ça va complètement déstabiliser la structure pour placer les cochons et pour le transport. Notre réseau bien arrimé, il va tout se déstructurer pour les éleveurs qui choisissent de rester. Ça va se replacer, mais d’ici là, ça risque d’être très, très difficile », craint-il.