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Productivité, efficacité et souci environnemental sont-ils compatibles? Martin Lamy, copropriétaire de la Ferme Jodani en Mauricie, entend démontrer que oui. Avec l’aide du projet Agriclimat, il est en bonne voie de relever son défi.
Climat moitié-moitié
Lorsqu’il est question des variations climatiques projetées pour sa région, le producteur évoque des sentiments partagés. « En hiver, moins de chutes de neige et la diminution des grands froids seront favorables pour les bâtiments et les équipements extérieurs. Il est plus difficile d’opérer la ferme par grand froid et cela augmente le risque de bris d’équipement. Moins de chutes de neige signifie aussi moins d’accumulation sur les toits des bâtiments et donc moins de déneigement à faire », relate l’entrepreneur. « Par contre, une diminution de la couverture des sols par la neige pourrait causer des dommages aux cultures que l’on souhaite conserver après l’hiver, particulièrement le foin », appréhende-t-il. Les températures
estivales plus chaudes et humides préoccupent toutefois davantage le producteur, qui anticipe des ajustements aux bâtiments et à ses pratiques
culturales. « On devra adapter les bâtiments pour maximiser le confort des vaches laitières et des travailleurs. Obtenir une ventilation optimale des bâtiments sera primordial », souligne-t-il. « Pour les champs, on voudra absolument maintenir une couverture végétale pour préserver l’humidité de sol plus longtemps dans les cas de sécheresse et diminuer l’érosion du sol lors de grand vent ou de pluies abondantes. »
Des interventions ciblées
Martin Lamy l’avoue spontanément : il est « très surpris » de son bilan carbone. « Notre ferme se retrouve dans la moyenne des entreprises laitières analysées, mais nous sommes très loin de la carboneutralité », constate-t-il. L’agronome Cloé Deschesnes, qui accompagne M. Lamy dans le cadre du projet, élabore sur ce constat. « Pour la Ferme Jodani, les principaux postes d’émission sont la fermentation entérique, les émissions des sols et la gestion des fumiers », précise l’agronome, qui avance les pistes d’actions possibles. « Les émissions résultant de la fermentation entérique peuvent être diminuées en modifiant la ration alimentaire des vaches. C’est une option que la ferme souhaite envisager si le changement est possible avec les installations déjà présentes. Ils ont aussi peu d’animaux de remplacement, ce qui aide à diminuer les émissions à la ferme », analyse Mme Deschesnes. « L’émission produite par les sols vient de la façon dont les cultures sont fertilisées et des conditions de sol, dont leur emplacement et leur texture », ajoute l’agronome. Ici, les actions envisagées au chapitre de la gestion des fumiers pourraient faire d’une pierre deux coups pour la ferme. « L’émission résultant de la gestion des fumiers vient du type de fumier qui est produit, de son temps d’entreposage et des conditions météorologiques », explique Mme Deschesnes. « L’amélioration que la ferme souhaite apporter consisterait à vider la fosse pour étendre les lisiers sur la prairie après la première coupe, ce qui aiderait à diminuer les émissions sur le plan des sols et de la gestion du fumier. » Selon l’agronome, cette pratique permettrait d’abaisser le niveau de la fosse durant les mois plus chauds de l’été, ce qui réduirait les émissions de méthane provenant de la fosse. L’implantation de cultures de couverture à l’automne est un autre changement envisagé par la ferme à court terme.
Planifier ses projets autrement
Pour M. Lamy, l’objectif est d’aligner les impératifs de rendement aux objectifs du bilan. « Avec Cloé et la personne-ressource d’Agriclimat, nous travaillons à développer des façons de faire qui seront rentables pour notre entreprise tout en améliorant notre bilan carbone », affirme l’agriculteur, notant que la mise en œuvre des solutions doit s’arrimer à la disponibilité des ressources à certains moments de l’année. « La ferme montre beaucoup d’intérêt à trouver des solutions et intégrer de nouvelles pratiques pour diminuer son bilan carbone », abonde Cloé Deschesnes, qui travaille avec les différents intervenants à déployer des scénarios performants qui permettront à l’entreprise d’atteindre ses objectifs. « Une attention vis-à-vis le bilan carbone à court et long terme est maintenant prise en compte pour tous les projets de la ferme », assure M. Lamy.
FERME JODANI | |
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Représentée par : | Martin et Daniel Lamy |
Production : | Laitière |
Conseillère : | Cloé Deschesnes (Groupe Envir-Eau-Sol inc.) |
Partenaire régional Agriclimat : | Stéphane Tremblay, Fédération de l’UPA de la Mauricie |
Qu’en dit la science ?
Du méthane est produit par les lisiers lorsque leur température est supérieure à environ 10 °C. Plus les lisiers sont entreposés longtemps, plus les bactéries méthanogènes se développent. Retarder la vidange de la fosse au printemps permet de maintenir une température du lisier plus froide, et la vider plus fréquemment l’été sont des approches qui réduisent les émissions de GES.
Ce texte a été publié dans le cadre d’un cahier spécial présenté par Agriclimat, paru dans La Terre de chez nous, le 26 avril 2023.