Porcs 24 avril 2023

Olymel ne veut plus répéter les erreurs du passé

Le président-directeur général d’Olymel, Yanick Gervais, n’envisage pas un retour aux volumes d’abattage atteints dans ses plus fortes années de production, et ce, même si une autre occasion comme celle qui s’est ouverte en Chine il y a quelques années se présentait à nouveau. « Très honnêtement, ça va être très difficile. On veut éviter les opportunités passagères et se coller à une structure de coûts efficace », a-t-il confié en entrevue avec La Terre

Sébastien Pouliot

Avec une usine en moins, soit celle de Vallée-Jonction, les capacités d’abattage et de transformation de l’entreprise seront grandement diminuées, passant de 140 000 à 81 000 têtes par semaine. « Il y a de la place pour une légère croissance dans nos trois autres usines, mais pas à la hauteur de ce qui se faisait avant », spécifie M. Gervais. 

Déclin de la demande

Selon l’agroéconomiste Sébastien Pouliot, consultant chez Services économiques Pouliot, la relance de la production porcine québécoise, après la crise qu’elle traverse, sera difficilement réalisable sur le marché intérieur, notamment « parce que la demande pour la viande rouge suit une tendance à la baisse depuis quelques années », rapporte-t-il. 

L’expansion passe plutôt par le développement de nouveaux marchés d’exportations, selon lui. « Et pour ce faire, il y a deux voies possibles : la première est d’avoir les coûts les plus bas, ce qui est impossible pour le Québec face à de gros pays exportateurs comme les États-Unis ou encore le Brésil, qui possèdent de grandes superficies de cultures et des fermes de plus grande taille où il est possible de réaliser des économies d’échelle en production.

La seconde est de différencier nos produits, poursuit l’agroéconomiste. Ce qui est déjà fait dans des marchés comme le Japon, mais qui pourrait être amélioré dans d’autres marchés comme la Chine, notamment, où une classe moyenne plus riche se développe ». Ce marché haut de gamme est toutefois convoité par de nombreux autres joueurs à l’échelle mondiale et requiert d’offrir des produits qui se démarquent, prévient M. Pouliot.

Un défi que le président-directeur général d’Olymel, Yanick Gervais, se dit prêt à relever, autant sur le marché québécois et canadien, où il y a encore des gains à faire, estime-t-il, que sur des marchés d’exportations comme le Japon, le Viêt Nam ou l’Australie. L’entreprise mise d’ailleurs sur ses produits « à valeurs ajoutées », comme les flancs de porc désossés ou les produits emballés sous vide, pour asseoir sa production sur des marchés qui garantiront une production moins grande qu’avant, mais plus stable à long terme.

Principales destinations des exportations québécoises (2020)
Chine/Hong Kong

46 %

États-Unis

23 %

Japon

17 %

Philippines

3 %

Source : Gouvernement du Québec