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La tendance est à l’augmentation des niveaux de pompage. Des acériculteurs s’équipent de pompes hyper performantes et réussissent à étancher leur réseau de collecte d’eau d’érable, si bien qu’ils obtiennent un vide de 28 pouces de mercure, qui fait réellement grimper leurs rendements. Certains tombent toutefois dans le piège de pomper à un niveau trop élevé par rapport à l’étanchéité de leur réseau, ce qui a pour effet de diminuer leurs rendements.
Au Club acéricole du sud du Québec, l’ingénieur forestier Vincent Poisson confirme que de pomper à des niveaux élevés n’est pas à la portée de tous. « Plusieurs s’achètent la Cadillac de la pompe, ils montent ça à 28 pouces de mercure [inHg], mais ils vont préférer jaser à la cabane plutôt que faire les fuites dans le bois. Alors, leur réseau n’est pas en état et ils se font plus de mal que de bien, car une microfuite, comme un chalumeau mal cogné, quand tu pompes à 26 inHg, l’eau va geler dans la tubulure, même s’il fait 4 °C dehors. Et quand l’eau gèle, évidemment, ça ne coule plus », explique-t-il. C’est que le niveau de vide change l’effet de la température. Par exemple, à un vide de 26,3 inHg, l’eau commence à bouillir à 50 °C et non à 100 °C. Autre élément crucial : il ne faut pas mesurer le niveau de vide à la cabane, mais à la tête des maîtres-lignes, rappelle M. Poisson. Et à ce sujet, l’utilisation des sondes sans fil dispersées ici et là sur le réseau de tubulure devient un game changer , dit-il, puisque les fuites ne sont plus gérées à l’aveugle.
Des raquettes qui valent cher
La conseillère Andrée Boucher ajoute qu’au-delà des capteurs de fuite, une bonne paire de raquettes vaut son pesant d’or. « Les capteurs de fuite font une grande différence, mais ils peuvent nous dire que tout va bien, alors qu’en forêt, on voit des bulles d’air dans les tuyaux, ce qui signifie qu’il y a quand même des fuites. Il faut être un peu critique de nos instruments et mettre nos raquettes pour marcher dans le bois », recommande la conseillère du Club acéricole des Pays d’en haut.
Parmi les acériculteurs qui font appel à ses services, elle évalue que « 50 % sont équipés pour veiller tard », c’est-à-dire qu’ils ont acquis des pompes puissantes, des capteurs de rendement, etc. « Mais plusieurs négligent de patrouiller leur forêt. Certains ont une job à temps plein à l’extérieur de l’érablière et manquent de temps. Dans ce cas, ils sont mieux de baisser leur vacuum à 16-18 inHg. Ils éviteront les bouchons de glace et vont ainsi étirer leurs coulées. »
Carl Lapierre, vice-président à la recherche chez Les Équipements Lapierre, rappelle qu’au-delà d’un vacuum de 20 inHg, chaque fois qu’un producteur augmente son vacuum de 1 inHg, il gagne 5 % de rendement. Passer de 20 à 28 inHg peut donc augmenter de près de 45 % les rendements. Il assure que plusieurs acériculteurs réussissent à bénéficier de ces hausses, car ils obtiennent un vide pratiquement parfait, par exemple de 28,1 inHg en bas et de 28 inHg en haut du réseau de tubulure.
Mais l’inverse est aussi vrai, a-t-il déjà constaté. « J’ai vu quelqu’un qui prenait la relève de l’érablière de son père. Il a décidé de doubler les pompes en pensant qu’en pompant plus fort, il n’aurait plus besoin de faire les fuites dans le bois. Son vacuum dans la cabane était très beau, mais en haut, il avait un gros différentiel. Il disait que ses équipements ne fonctionnaient pas bien, car l’eau rentrait en slush, même s’il faisait 4 °C. Le problème n’était pas l’équipement, mais les fuites », insiste M. Lapierre.