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Un chercheur et producteur de grandes cultures de Saint-Hyacinthe multiplie les expériences pour trouver des façons de réduire l’utilisation des produits chimiques dans ses champs. Un objectif qu’il pense atteindre grâce aux cultures de couverture et aux technologies de pointe.
Détenteur d’une maîtrise en biologie végétale axée sur les microbiomes du sol et sur leur relation avec la productivité des champs, William Overbeek poursuit maintenant un doctorat en sciences de l’environnement sur la vie microbienne. À la ferme familiale dont il a pris la relève, Les Fermes Overbeek, de Saint-Hyacinthe, il saisit toutes les occasions de tester différentes stratégies en vue de réduire l’utilisation des produits chimiques dans ses cultures de maïs, de soya et de blé.
« Ma vision, c’est qu’en grandes cultures, on ne peut pas s’en passer, mais je pense qu’on peut les utiliser à bon escient », dit William Overbeek dont les champs en régie conventionnelle s’étendent sur 420 hectares.
Il a d’abord expérimenté une culture de couverture de seigle. « On sème le seigle juste après la récolte du soya et du maïs à l’automne, et on le laisse là tout l’hiver. Au printemps, on le détruit avec du glyphosate et on l’enfouit légèrement. Il se décompose, enrichit la terre, et on constate que ça permet le réchauffement et l’aération du sol plus vite au printemps. C’est une façon de contrôler les mauvaises herbes, et surtout, ça empêche l’érosion du sol, un enjeu qu’on a au Québec avec l’érosion hydrique qui se produit lors de la fonte des neiges. »
Depuis quatre ans qu’il sème du seigle, William Overbeek a raffiné sa technique. « On a entendu parler d’un projet de recherche qui consistait à semer en bandes au lieu de semer à la grandeur. On a expérimenté ça lors des semis en 2021 et notre saison 2022 s’est super bien passée. Il s’agit de semer quatre rangs sur cinq et d’en laisser un vide pour semer le maïs, plus tard au printemps. Le seigle prend place entre les rangs de maïs et réprime les mauvaises herbes. On va continuer comme ça. »
Un sarcleur amélioré
Un sarcleur expérimental a également été testé dans les champs de William Overbeek. Développé par Synagri en collaboration avec le manufacturier de machinerie agricole Innotag, ce sarcleur amélioré combine trois actions en un passage : sarclage, arrosage d’herbicide et de biostimulant et semis de plantes de couverture.
« On pense que le sarcleur pourrait réduire l’utilisation des pesticides de 30 %, ce qui n’est pas rien au prix que ça coûte. De façon générale, l’efficacité de la machine est satisfaisante, même si notre expérimentation nous a permis de suggérer des améliorations. On compte refaire des tests cette année, dans des parcelles où on a eu une couverture de seigle. Il faut voir si les résidus de seigle causeront des problèmes au sarcleur. Si c’est le cas, cette machine ne sera pas une solution pour nous, car le seigle est là pour rester », dit William Overbeek.
En 2023, un nouveau projet s’annonce aux Fermes Overbeek. En septembre, avant la récolte du maïs, William Overbeek compte expérimenter une nouvelle façon de semer sa couverture de seigle. « On s’est acheté un drone. Pas un petit, un gros drone qui peut soulever 50 kg de matériel, et on veut semer le seigle à la volée du haut des airs à travers le maïs, au moment où ses feuilles sèchent et que le soleil commence à passer à travers. Souvent, après la récolte du maïs, il ne reste pas beaucoup de temps avant la première neige. Le bénéfice de semer tôt sera d’avoir une biomasse de seigle plus importante. C’est notre hypothèse, et il faut la tester. »
William Overbeek choisira un lendemain de pluie. « Ce sont les conditions idéales pour la germination, une chose qu’on ne peut pas faire avec un tracteur qui compacterait trop le sol. C’est vraiment intéressant d’observer comment l’agriculture de précision va nous permettre, au final, d’adopter des pratiques plus environnementales et d’obtenir des sols plus en santé. »