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Les recherches menées depuis 15 ou 20 ans dans le domaine de la pomme de terre permettent aujourd’hui d’obtenir une connaissance beaucoup plus précise de la biologie des sols. Les producteurs peuvent donc faire de meilleurs choix pour les rendre plus fertiles et réduire les risques de développer des maladies. Au cours des dernières années, l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) et le Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière (CIEL) ont travaillé sur différents projets dont les résultats sont disponibles ou en voie de l’être.
Horus pour tout comprendre
L’IRDA et l’Université Laval, en partenariat avec Patates Dolbec et Pommes de Terre Laurentiennes, ont développé la plateforme numérique Horus qui permet depuis 2021 aux agronomes et aux producteurs de visualiser et d’interpréter plus facilement les données agronomiques et biologiques des sols en production.
Les sols sont des milieux de vie riches en bactéries, champignons et autres microorganismes vivants jouant un rôle important dans le sol et ayant un impact majeur sur la production, explique Richard Hogue, chercheur en écologie microbienne à l’IRDA. Grâce aux données d’analyses disponibles via Horus, le producteur pourra adapter sa régie de culture ou, le cas échéant, effectuer les correctifs agronomiques nécessaires. « Un atout majeur d’Horus est qu’il permet de comparer les données d’un champ à celles des autres champs qui ont les mêmes caractéristiques ou de la base de données », souligne M. Hogue.
Fumigation
L’IRDA a aussi travaillé sur un projet de recherche visant à mesurer l’effet de la fumigation combinée à des biostimulants. Plusieurs producteurs rencontrent des problèmes liés à certaines maladies qui affectent la qualité des tubercules. La fumigation, explique M. Hogue, consiste à injecter un produit chimique dans le sol qui, en s’évaporant, crée un gaz toxique pour détruire les microorganismes pathogènes. « Malheureusement, c’est un moyen de lutte qui peut aussi détruire les bons organismes », souligne le chercheur.
L’étude, dit-il, a démontré à ce jour que l’effet de la fumigation est important, mais que celui-ci est temporaire et ne stérilise pas le sol comme certains le pensaient. « Plus la saison avance, plus on revient à une condition de vie microbiologique assez similaire à celle qu’on avait dans le sol avant de fumiger », ajoute le chercheur. L’étude veut en outre mesurer si l’utilisation d’un biostimulant permet de revenir plus rapidement à une biologie du sol favorable à la culture de pomme de terre. En somme, peut-on améliorer la régénération du sol avec un biostimulant?
Des rotations bénéfiques
L’IRDA a aussi voulu mesurer l’importance de la rotation des cultures pour diminuer l’apparition de maladies telles que la gale commune ou le rhizoctone de la pomme de terre. L’hypothèse est que plus on allonge les années de rotation avec le maïs et les céréales avant de revenir à la pomme de terre, plus les effets sont bénéfiques. « Quand on revient à la culture de pommes de terre, la quantité de microorganismes pathogènes est moindre, ce qui freine l’apparition de maladies », explique M. Hogue.
On parle alors d’une rotation à revenus puisque le producteur pourra commercialiser les grains et céréales produits en remplacement de la pomme de terre. Or, l’étude veut également évaluer quels sont les impacts sur la productivité et sur les maladies en introduisant une culture dite d’engrais verts dans la rotation. Les plantes produites ne sont pas vendues, mais coupées et enfouies de façon à nourrir le sol en matières organiques.
L’étude examine différents scénarios. « Par exemple, quels seront les gains que le producteur pourra retirer sur le plan environnemental et économique s’il fait deux ou trois années de rotation en introduisant une culture d’engrais verts? » dit-il.
Les tests sont terminés et l’IRDA est à l’étape de rédiger le rapport final, conclut le chercheur.
La dartrose
Le Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière (CIEL) complète actuellement un 3e projet de recherche sur la dartrose, une maladie de la pomme de terre provoquée par un champignon, le Colletotrichum coccodes. Les tests menés en 2019, 2020 et 2021, sur 27 champs des régions de Lanaudière et de l’île d’Orléans, permettront de mieux comprendre la maladie et d’identifier les facteurs qui favorisent son développement, selon Roger Reixach Vilà, professionnel de recherche pour le CIEL.
La dartrose, qui se présente sous la forme de points noirs, se développe essentiellement au champ et affecte aussi bien les parties aériennes de la plante que les tubercules. Les principaux problèmes liés à cette maladie sont la perte de rendement et le déclassement des pommes de terre infectées après la période d’entreposage. « Considérée auparavant comme une maladie secondaire, la dartrose devient de plus en plus importante », souligne M. Reixach Vilà. Elle est souvent confondue avec la tache argentée. Le contrôle chimique de la maladie est difficile. Il est plutôt recommandé de procéder à de longues rotations de culture pour la maîtriser, explique le professionnel de recherche.
Des données en 2023
Le premier projet de recherche, mené en 2012-2013, a permis de tester différents produits phytosanitaires pour réprimer la maladie. Les résultats sont disponibles sur Agri-Réseau. Le deuxième, réalisé entre 2017 et 2019, visait à tester des cultivars sur des parcelles atteintes afin de déterminer lesquels étaient les moins touchés, permettant ainsi aux producteurs de faire de meilleurs choix. Les résultats des deuxième et troisième projets sont attendus en 2023.
Ces trois projets de recherche ont été réalisés dans le cadre du programme Prime-Vert – Appui au développement et au transfert de connaissances en agroenvironnement avec une aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) par l’entremise de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture 2011-2021. Le projet qui étudie les facteurs de développement de la dartrose a reçu également le soutien financier de l’Accélérateur, le programme de recherche du Consortium de recherche sur la pomme de terre du Québec (CRPTQ).