Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
« Nous devons diminuer la production, que ça nous plaise ou non. Autrement, les volumes excédentaires entraîneront un écroulement des prix. »
QUÉBEC — Voilà le message unanimement lancé par des conférenciers américains et canadiens aux nombreux producteurs réunis au Château Laurier, à Québec, pour l’assemblée générale annuelle de la Fédération des producteurs de pommes de terre du Québec (FPPTQ).
De fait, Ray Keenan, président des Producteurs unis de pommes de terre du Canada, expliquait que l’offre dépasse la demande. Une situation causée en partie par les producteurs de l’Idaho, qui ont augmenté leurs volumes de récoltes de 11 % en 2012, atteignant un total de 143,2 millions de quintaux (1 quintal = 100 livres US). « Le problème, c’est que la demande de pommes de terres fraîches a baissé de 48 %, de 1997 à 2011. La consommation moyenne est passée de 42,7 kilos par personne par an à 22,2 kilos », a-t-il souligné.
Une fois au micro, le directeur de la FPPTQ, Clément Lalancette, a abondé dans le même sens : « L’époque où les gens mangeaient des patates tous les jours est finie. Pour freiner cette tendance, il faut travailler à accroître la consommation, et ce, en offrant des produits au goût du consommateur et en améliorant la perception du produit. »
L’Idaho, cet alcoolique
« Nous ne pouvons plus livrer des pommes de terre que les gens ne veulent pas. Et n’allons pas croire que l’Idaho cessera de produire. L’Idaho, c’est comme votre beau-frère alcoolique; vous ne le changerez pas. Nous devons tous faire notre part et essayer de convaincre notre beau-frère alcoolique d’aller en réadaptation. Car chaque surplus de 1 % de pommes de terre érode les prix et la rentabilité de 7 % », affirme avec un brin d’humour Jerry Wright, président des United Potato Growers of America.
Au Québec, les effets de la surproduction se sont fait sentir en 2012, notamment pour le prix de la pomme de terre de table, qui approcherait dangereusement le coût de production. Selon les experts, la situation devrait s’aggraver au cours de la prochaine saison. « Ça pourrait faire mal cette année dans le secteur “table”. Tout dépend de la complicité avec nos distributeurs. Mais les secteurs “croustilles” et “prépelage” sont moins touchés par cette baisse de prix. Ça compense », précise Clément Lalancette.
Le Québec cultive près de 17 000 ha de pommes de terre avec un rendement moyen de 647 quintaux à l’hectare en 2012. Selon Jerry Wright, les rendements en Amérique du Nord auront crû de 59 quintaux à l’hectare en 2017, tandis que la demande aura diminué de 8,6 %, pour un total de 35,2 millions de pommes de terre en trop.
Journée historique pour la Fédération
Les membres de la Fédération des producteurs de pommes de terre du Québec ont pris une décision historique : celle de changer leur structure organisationnelle. En effet, la FPPTQ deviendra plutôt un syndicat composé de comités sectoriels.
Les producteurs n’étaient cependant pas unanimes sur certaines questions. « Nous proposions un conseil d’administration de neuf membres [deux par secteur, en plus d’un président], mais les producteurs du secteur “table” ont souligné qu’ils constituaient actuellement 50 % de la Fédération. Le fait d’être éventuellement limités à deux sièges au conseil d’administration leur paraissait un manque de représentativité. Pour corriger la situation, il est probable que le futur conseil d’administration ait 11 membres, avec 4 ou 5 membres provenant du secteur “table” », exprime Clément Lalancette.
Un vote final aura lieu en novembre, à l’occasion d’une assemblée spéciale, afin d’entériner tous les aspects juridiques de la nouvelle structure. Celle-ci délaissera le concept des tournées régionales, misant plutôt sur des journées consacrées à chaque secteur. « La loi du nombre nous rattrapait. Avec 257 membres actifs, c’était impossible de maintenir des syndicats régionaux. En réunissant les producteurs par secteur et non par région, nous augmenterons le dynamisme des rencontres », résume M. Lalancette.