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Pour plusieurs producteurs maraîchers, la protection maintenant offerte par la Financière agricole du Québec ne vaut tout simplement pas la peine d’y souscrire.
« La Financière a changé notre grille d’assurance. Dans son calcul d’indemnisation, elle enlève dorénavant le pourcentage relié à nos pertes historiques, ce qui diminue notre couverture. Ça crée un mécontentement général », expose Jean-Marie Rainville, président de la Fédération des maraîchers du Québec.
« Ça prendrait une catastrophe pour que l’assurance paye »
Prenons l’exemple d’un maraîcher qui possède 100 hectares et qui enregistre des pertes moyennes de 15 %. Si une microrafale ravage 25 % de sa superficie, la Financière procédera comme suit : sur les 25 hectares ravagés, elle soustraira 15 hectares (équivalent aux 15 % de pertes normales) et indemnisera les 10 hectares restant à 80 % de leur valeur assurable.
« Il me faudrait des pertes sur environ 160 hectares avant de pouvoir réclamer! Ce n’est jamais arrivé de perdre autant de superficies; la probabilité qu’ils me payent est donc pratiquement nulle. Non, je ne m’assurerai pas », promet Mario Isabelle, de Saint-Michel de Napierville.
À l’île d’Orléans, Bruno Gosselin tient des propos similaires : « Oui la prime a baissé, mais je me sens moins bien assuré. En fait, avec leur nouvelle formule, ça prendrait vraiment une catastrophe pour que l’assurance paye. J’ai encore espoir que quelqu’un trouve la raison à la Financière, et qu’il modifie la formule. Car si elle reste comme ça, ce n’est pas viable pour moi, et je ne m’assurerai pas. »
La Financière réplique
André Plante, directeur général, de l’Association des producteurs maraîchers du Québec espère que les maraîchers pourront négocier un certain compromis avec la Financière. « Il faudrait au moins que la Financière exclue les actes de Dieu (grêle, microrafales, etc. ) dans leur calcul des pertes normales. Il est minuit moins une, car les producteurs doivent décider s’ils prennent ou non l’assurance récolte. Mais nous arriverons peut-être à une entente. »
De son côté, la Financière affirme demeurer à l’écoute de ses clients agriculteurs, mais qu’il fallait agir pour maintenir en vie l’assurance récolte des maraîchers. « Le programme est moribond, et nous avons voulu le sauver en apportant des mesures plus restrictives. On [ la Financière ] payait toujours plus d’indemnités comparativement au montant d’argent qui rentrait dans les coffres. Le programme était déficitaire et n’oublions pas que 60 % est financé par l’argent des contribuables, » justifie Suzanne Pion, responsable de l’assurance production à la Financière agricole du Québec.
Questionnée face aux intentions des producteurs de ne pas s’assurer, Mme Pion semblait relativement sceptique : « L’an passé, tout le monde disait qu’ils ne s’assureraient pas, mais nous avons eu, de mémoire, la même somme assurée… » Vérification faite, en 2011, les chiffres de la Financière affichent un montant de 71 330 501$ en termes de valeur assurée par les maraîchers, tandis qu’en 2012, alors que le concept de pertes était appliqué à 50 %, les maraîchers ont assuré une valeur similaire, soit 71 455 777 $.
Reste à voir si pour 2013, les producteurs diminueront réellement leur valeur assurée, étant donné que les pertes normales seront appliquées à 100 %…