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Voir la vidéo de notre patenteux!
François Duval a passé sa vie sur sa terre de Saint-Sébastien, dans le Haut-Richelieu. Il est né à la ferme laitière paternelle, mais lui, ce qui l’a intéressé dès le départ, ce fut la mécanique. Dès son jeune âge, il a entretenu la machinerie de la ferme, avant d’en faire son métier.
Pendant une trentaine d’années, François Duval a géré son garage de machinerie agricole. « Je ne suis pas allé à l’école longtemps, avoue notre patenteux. La mécanique, je l’ai apprise sur le tas. À cette époque, les cours se faisaient rares. Je me souviens qu’un de mes premiers contrats a été de réparer une lieuse tirée par des chevaux. C’est pour vous dire que ça ne date pas d’hier! »
On pourrait penser qu’après toutes ces années, M. Duval profite d’une retraite bien méritée. Ce serait mal le connaître. Ce dernier demeure encore très actif, gérant sa petite entreprise de bois de chauffage et donnant un coup de main à son fils qui a pris la relève de la ferme et fait maintenant des cultures à forfait. Il entretient aussi son jardin et cultive quelques hectares de céréales. Et durant ses temps libres, il participe à des compétitions de tire avec des tracteurs antiques.
Un système automatisé de production de bois de chauffage
Lors de notre passage, François Duval se trouvait en compagnie de son bon ami Louis Germain, en train de transformer des billots en cordes de bûches de 16 pouces. Pour accomplir le travail, notre patenteux se fait aider d’une série de machines de sa conception. « Vous allez voir que je suis fort sur la récupération », lance-t-il d’entrée de jeu.
Les arbres sont apportés par un tracteur muni d’une fourche sur le chargeur avant. De conception maison, cette fourche est faite à partir d’essieux de camion taillés en pointe. De l’ouvrage solide. En passant, pour rendre l’assemblage encore plus polyvalent, le patenteux a confectionné un support qu’il peut glisser sur la fourche pour la transformer en barre de tir.
De la plateforme, les billots sont manuellement déposés sur un convoyeur les menant vers la scie. Ce convoyeur repose sur un châssis de camion. La chaîne a été tirée d’une ensileuse à maïs, ses mailles plates s’avérant idéales pour cette application.
Donc, le billot est porté vers la zone de coupe où une scie à chaîne de 37 pouces descendra lorsque la longueur de 16 pouces, identifiée par un marqueur, sera atteinte. La chaîne et le système de relevage de la scie sont actionnés par un moteur hydraulique alimenté par une pompe récupérée sur la direction assistée d’une automobile. Des pesées aident à descendre la scie sur le billot pour en faciliter la coupe. La rotation de la lame est assurée par un moteur électrique ayant jadis servi pour un nettoyeur d’étable.
Un second poste de travail, occupé par notre ami Louis, reçoit les bûches. Une zone d’accumulation permet de moduler le travail. L’opérateur saisit une bûche et la place sous la fendeuse. Un autre circuit hydraulique en assure le fonctionnement. C’est par une pédale au sol que l’opérateur peut mettre le piston de la fendeuse en action. « Dès que l’opérateur lève le pied, la lame de la fendeuse remonte en position haute, explique notre patenteux. C’est une caractéristique sécuritaire de mon système. »
Le même circuit hydraulique actionne le convoyeur menant vers le camion de livraison. Une fois les bûches taillées en morceaux, on n’a plus qu’à les déposer sur ce convoyeur qui les mènera dans la boîte du camion. Quand suffisamment de bois est chargé, un des membres de l’équipe n’a plus qu’à grimper dans la boîte du camion pour le corder.
Ça fait une bonne vingtaine d’années que le patenteux de Saint-Sébastien travaille avec ce système. « Avant, toute l’hydraulique était actionnée par la prise de force d’un tracteur. En convertissant tout à l’électricité, c’est beaucoup plus écologique », affirme M. Duval.
Selon son estimation, à deux hommes, son installation permet de traiter une corde en moins d’une heure. « Mais ce n’est pas une course. Habituellement, on prend un temps d’arrêt après 45 minutes, souligne-t-il avec plaisir. On fait ça pour s’amuser. »
Un camion à déchargement automatique
Le camion de livraison possède aussi un mur mobile qui permet de le décharger une fois rendu chez le client. La boîte a une capacité de dix cordes de bois. Deux câbles d’acier, actionnés par un moteur hydraulique, tirent lentement le mur vers l’arrière. Ce dernier glisse sur des rouleaux d’acier. L’opérateur peut l’arrêter à sa guise, une fois que la quantité de bois désirée a été atteinte.
Quand il ne se trouve pas dans son lot de bois ou en train de préparer du bois de chauffage, François Duval travaille dans son atelier, où il passe un temps fou. Ici, ce ne sont pas les outils ou les pièces de rechange qui manquent. Au fil des années, notre mécanicien a garni son atelier de tous les équipements nécessaires à l’entretien de la machinerie agricole et à la réalisation de ses divers projets. Souvent, même ses outils sont des équipements de récupération qu’il a transformés.
Il nous en montre un bel exemple. Il s’agit d’un tour à machiner acheté pour une bouchée de pain. Il faut dire que la machine a une centaine d’années. Le patenteux y a ajouté des volants, récoltés sur une machine à coudre industrielle. Pour contrôler la vitesse de rotation, il lui a greffé une transmission d’automobile. Il peut ainsi sélectionner quatre vitesses de rotation et une marche arrière.
Pour mener la pièce usinée en position et la faire avancer lentement vers la fraise, François Duval a conçu un mécanisme complexe reposant sur un petit moteur électrique; la vitesse de rotation est donc contrôlée par une grande roue à friction. En ajustant le positionnement de la petite roue, l’opérateur du tour peut ainsi programmer la vitesse d’avancement. Raffinement ultime, l’appareil est mobile et peut passer d’une machine à l’autre.
Avant de nous laisser partir, notre patenteux insiste pour montrer une sélection de ses tracteurs antiques, restaurés de sa main, dont certains servent à des concours de tire. Des Massey Harris et des tracteurs Case sont à l’honneur. Pas besoin d’être sorcier pour deviner que notre mécanicien tire de l’entretien de ces belles machines un grand plaisir.
La pause est terminée, notre patenteux doit se remettre au travail, les cordes de bois ne vont pas s’empiler toutes seules, du moins, pas encore…