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Le magazine L’UtiliTerre s’est retrouvé au cœur d’une belle histoire entre un patenteux de la Beauce et les responsables des Jardins-jeunes du Jardin botanique de Montréal. À la recherche d’un bricoleur capable de fabriquer une machine qui les aiderait à préparer les 200 jardinets destinés aux jeunes des quartiers avoisinants, les gens du Jardin botanique avaient pris contact avec la revue. L’invitation aux patenteux avait été lancée dans notre édition de mai 2011.
Un an plus tard, Violène Simard, coordonnatrice des Jardins-jeunes du Jardin botanique, nous invitait à venir rencontrer Raoul Pelchat, venu de Saint-Isidore avec la machine convoitée. M. Pelchat faisait partie d’une poignée de patenteux qui nous avaient soumis des plans et idées pour solutionner le problème des petits jardins. Nous avions retenu sa proposition et l’avions acheminée à Mme Simard. Le développement du projet s’est déroulé entre eux, occasionnant de nombreux échanges pour s’assurer que la machine en préparation répondrait adéquatement aux besoins.
Des jardinets pour les enfants
Chaque printemps depuis 1938, le Jardin botanique de Montréal initie les jeunes de 8 à 15 ans à l’horticulture en leur confiant un jardin potager de 6 pi X 14 pi. Les frais d’inscription de 20 dollars incluent les semences, les fertilisants et les conseils des meilleurs experts. Les légumes récoltés se retrouvent sur la table familiale, un apport intéressant dans ces quartiers où certaines familles n’ont pas toujours les moyens de bien se nourrir.
Le patenteux
Pendant 28 ans, Raoul Pelchat a été producteur agricole dans la région de Saint-Isidore en Beauce. Par la suite, il a ouvert son atelier de soudure et de réparation mécanique. Inutile de préciser qu’il connaît bien la machinerie agricole. « J’ai fabriqué des herses, des cureurs à étable, des lance-balles et des équipements de déneigement. Quand on m’a montré l’invitation dans L’UtiliTerre, j’ai tout de suite eu une très bonne idée de la machine qu’il leur fallait. »
La machine
La machine convoitée par les responsables des Jardins-jeunes devait préparer les allées entre les parcelles en repoussant la terre sur les zones de culture. Auparavant, le travail devait se faire à la pelle. « C’était une véritable corvée, témoigne Violène Simard, l’équivalent de 1,2 kilomètre d’allée à creuser! Et il fallait faire le travail dans une période où tout le personnel était débordé. »
Le vendredi 4 mai dernier, le patenteux arrivait donc de la Beauce avec sa machine si prometteuse. La pluie ayant alourdi la terre, la démonstration allait se dérouler dans des conditions loin d’être optimales.
Avant de passer à l’action, Raoul Pelchat a expliqué la conception de sa machine. « L’une des contraintes était que le travail se fasse sur 18 pouces de largeur. J’ai tout de suite compris qu’il serait impossible de fabriquer une machine qui pousserait la terre et qu’il fallait plutôt qu’elle l’envoie sur les côtés. Un moteur de 11 forces, une structure de souffleuse à neige et une transmission de rotoculteur qui traînait dans mon garage depuis 20 ans ont constitué les pièces de départ. » La solution développée par le bricoleur repose sur deux roues à pales tournant en sens inverse qui projettent la terre hors du parcours de l’allée.
Pour atteindre cet objectif, il a fallu réduire la vitesse de rotation de 3300 à 120 tours par minute et inverser le sens de rotation d’une des roues. L’opérateur devait aussi être en mesure d’ajuster la profondeur de travail. La transmission du vieux rotoculteur est dont complétée par un système complexe mais robuste de chaînes et de courroies agissant sur des poulies de différents diamètres. Une de ces courroies a d’ailleurs souffert de l’effort exigé par la lourdeur de la terre au moment de la démonstration. Mais une fois celle-ci remplacée, M. Pelchat, poursuivant les essais les jours suivants sur un sol asséché, s’est montré satisfait du résultat, tout comme l’équipe du Jardin botanique.
« Il n’est pas exclu que je récupère la machine l’hiver prochain pour faire de petits ajustements. Possiblement changer une courroie pour une chaîne, par exemple. Mais dans l’ensemble, je suis plutôt content », a précisé M. Pelchat lors d’une entrevue téléphonique la semaine suivant sa démonstration.
Une belle histoire
L’histoire de cette collaboration entre L’UtiliTerre et le Jardin botanique se conclut donc sur une note très positive. La machine, grâce à la façon dont elle a été conçue et construite, devrait être en service pour de nombreuses années. Sur une base plus personnelle, le patenteux en retire une expérience très enrichissante. « Mon but dans la vie est d’aider les gens. Et de savoir que j’ai pu donner un coup de pouce à la cause des jardins pour les jeunes me fait chaud au cœur. »
Sachant que ce patenteux se lançait dans ce projet, plusieurs entreprises de la région de Saint-Isidore l’ont appuyé financièrement dans sa démarche, le Jardin botanique ne bénéficiant que d’un maigre budget pour l’opération. Soulignons l’apport de la Ferme Arolène, Les Structures Pelco, A. Chrétien Sandblasting, l’atelier de dessins Module 3D, Steegrain et Les Structures SJP.