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Jeune copropriétaire de la ferme familiale Leclair et frères ltée, à Saint-Patrice-de-Sherrington, Jocelyn Leclair doit composer avec la difficulté de mécaniser la culture des petits légumes. Héritier des patentes fabriquées par son père, il peut se targuer d’avoir sous la main des machines uniques.
En ce mercredi matin frais d’avril, entre les immenses champs de terre noire qui s’apprêtent à être labourés et les tracteurs alignés sur le bitume des fermes qui n’attendent que d’arpenter les terres, Jocelyn Leclair s’affaire aux derniers préparatifs avant le début de la saison maraîchère.
À l’intérieur du grand bâtiment de tôle qui surplombe la ferme de 240 ha, l’agriculteur de 37 ans emballe des radis, déplace quelques légumes qui entravent la chaîne d’emballage et répond au téléphone. « On a commencé à semer un peu, mais la vraie saison débute bientôt », lance-t-il en riant. Bien que le branle-bas de combat de la belle saison n’ait pas encore débuté, Jocelyn Leclair est prêt.
Celui qui a complété un DEP en horticulture maraîchère et biologique à Mirabel est habitué aux rigueurs du travail de l’été. « J’ai terminé mes études en 1994, se remémore Jocelyn en retirant sa casquette. Et en 1995, mes sœurs et moi, on achetait les parts de mes oncles. » À peine le diplômé avait-il quitté les bancs d’école qu’il s’est retrouvé sous les feux de la rampe.
Si les nouveaux propriétaires de la ferme familiale ont dû s’adapter rapidement à leurs rôles, ils ont pu compter sur l’expérience et les patentes de leur père, Maurice, toujours copropriétaire.
« Des machines, il en a construit, mon père, raconte Jocelyn en montrant la chaîne d’emballage des carottes construite des mains de son paternel. C’est lui qui a imaginé tout cela. »
Le principal intéressé reste humble quant à ses réalisations. « Il n’y a rien là; ce n’est pas quelque chose qui est difficile à faire », objecte Maurice Leclair.
L’histoire de la ferme Leclair et frères ltée est le fruit de hasards et d’adaptations. « Mon père avait acheté une récolteuse à carottes dans les premières années, explique Jocelyn. Il s’est rendu compte qu’elle ne fonctionnait pas pour ce légume, alors il s’est dit : ‘‘On va cultiver des radis.’’ » C’est après avoir commencé la production du légume rouge que le patenteux a conçu ses premières machines dans les années 70. S’inspirant de la récolteuse à carottes convertie pour le radis, Maurice Leclair avait créé de toutes pièces une récolteuse adaptée à la cueillette de ce légume.
Le fermier avait attrapé la piqûre de la conception de machines. L’hiver, il patentait des engins pour s’occuper. « Il y en a qui vont en Floride; mon père, lui, fabriquait des machines pour les fermes voisines », s’esclaffe son fils Jocelyn.
Les Leclair ont toujours des plans de nouvelles patentes en tête. En ce moment, ils rêvent d’un appareil qui mécaniserait la culture de l’oignon vert. « Il existe des machines qui sont faites pour cultiver l’oignon vert en sable, affirme Jocelyn Leclair, mais elles sont inutilisables pour notre culture. Nos légumes poussent dans la terre noire et sont plus fragiles. » Selon le jeune entrepreneur, la mécanisation de la culture de l’oignon vert permettrait à son entreprise d’économiser sur la main-d’œuvre, de plus en plus coûteuse.
Dans l’immense entrepôt, les employés de la ferme continuent d’emballer les radis importés de l’étranger. « Ça achève. Bientôt, nos radis proviendront du champ », conclut l’agriculteur avant de répondre pour une énième fois à un appel.