Serres 30 mars 2023

Une première année de production de tomates de serre

L’ASSOMPTION – À leur première année de production de tomates d’hiver, Les Serres point du jour, qui cultivent 0,8 hectare à L’Assomption, dans Lanaudière, parviennent déjà à écouler entre 8 000 et 12 000 livres de récoltes par semaine dans des supermarchés Sobeys de la région, mais aussi de Laval, de la Mauricie, des Laurentides et de la Montérégie. 

Malgré un rythme de croisière qui va déjà bon train, le président-directeur général, Robert Thérien, ne s’en cache pas; le démarrage d’une entreprise serricole est ardu. « On n’a pas de rentabilité en ce moment. C’est très difficile. [Mon associé et moi], on ne se donne pas de salaire depuis 2021 », raconte le producteur, dont les contacts lui ont permis de décrocher une entente auprès d’épiceries. « Je viens d’une famille d’agriculteurs. Tous mes cousins, mes oncles, ils sont tous dans les supermarchés avec leurs légumes, alors ça a été facile de convaincre Sobeys de rentrer chez eux », détaille-t-il. Bien que le serriculteur estime se démarquer en cultivant des tomates de spécialité, surtout des tomates raisins, l’arrivée des tomates du Mexique cet hiver dans les grandes chaînes de détaillants alimentaires, qui tirent les prix vers le bas, a été l’un des principaux défis mis sur son chemin au cours de sa première année de production, dit-il.

L’emballage des tomates se fait à la main pour l’instant, notamment avec l’aide d’amis et de bénévoles, mais l’entreprise envisage de robotiser son système. Photos : Caroline Morneau/TCN

Persuasif
Lors de la visite de La Terre à son complexe de serres, le 17 mars en après-midi, M. Thérien venait tout juste de recevoir la visite du premier ministre du Québec et député de L’Assomption, François Legault, qu’il avait lui-même sollicité par l’entremise de son bureau de circonscription. « J’ai parlé de mon entreprise, du fait que j’avais bénéficié des subventions du gouvernement pour partir mon projet de serres et que ça cadrait parfaitement dans leur plan d’autonomie alimentaire », explique l’homme d’affaires.

Des investissements de 1,75 M$ ont été requis, mentionne le serriculteur, pour remettre à neuf le complexe qu’il loue à L’Assomption d’un autre producteur. À lui seul, l’ajout de 1 842 lumières au LED de Sollum Technologies utilisant l’intelligence artificielle et contrôlées par ordinateur a coûté 1 M$. L’aide financière reçue du ministère de l’Agriculture, par l’entremise de programmes de développement des serres, s’élève à environ 600 000 $. « C’est un bon coup de pouce, mais les taux d’intérêt augmentent et on est dans un cycle inflationniste. Il faut continuer à avoir de l’aide », affirme M. Thérien, qui croit avoir reçu une bonne écoute du premier ministre, lorsqu’il l’a rencontré. « François Legault a dit qu’il serait en arrière de nous, qu’il veut l’autonomie alimentaire. »

Six travailleurs étrangers temporaires sont à l’embauche des Serres point du jour, dès la première année de production.

Des installations presque clé en main

Le producteur s’estime chanceux d’avoir eu l’occasion de remettre à neuf, avec son associé Jocelyn Magnan, des serres existantes qui n’étaient plus en activité depuis quelques années, mais qui étaient plutôt récentes. La construction d’un complexe comme le sien en partant de zéro, à l’heure actuelle, aurait facilement coûté 8 M$, calcule-t-il.

« On est chanceux aussi parce qu’on chauffe au gaz naturel qui se rend à nos serres. Les fournaises au gaz naturel étaient déjà là et elles étaient pratiquement neuves », indique-t-il.

Beaucoup de journalistes sur place

Robert Thérien s’est étonné du nombre de journalistes s’étant déplacés à ses installations, le 17 mars, pendant la visite du premier ministre François Legault. Il raconte qu’un triple homicide survenu dans le quartier Rosemont à Montréal, ce matin-là, a même engendré le déploiement spontané d’une conférence de presse sur le site où se trouvent ses serres pour que François Legault réagisse à l’événement. « Noovo et Radio-Canada étaient déjà là. TVA est arrivée pour la conférence de presse. Il y avait de la sécurité partout. Je ne m’attendais pas à tout ça », raconte-t-il, encore stupéfait.