Vie rurale 1 octobre 2014

Des fonds américains rentrent dans leurs terres

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Signe des temps? Au moins trois gros fonds d’investissement, aux États-Unis, ont entrepris de « rentrer dans leurs terres » et de récupérer une grande partie de leur mise foncière agricole.

Ce qui fait dire à Paul Lecomte, directeur général du Fonds d’investissement pour la relève agricole (FIRA) : « Il s’agit d’une tendance chez nos voisins du Sud qui va finir par avoir un impact chez nous, au Québec. »

Les trois fonds US – Park Street Capital, Wexford Capital et Point State Capital – envoient en quelque sorte « un signal », selon l’agronome de formation, en vendant plusieurs lots de terres. Il s’agit d’un signal que la valeur des terres a cessé de s’apprécier et que le temps serait venu de vendre avant que les prix ne se mettent à chuter.

Certains analystes croient que cette chute pourrait être brutale, tandis que d’autres sont plus conservateurs. « Par exemple, en Iowa, dans le Midwest, la valeur des transactions en secteur agricole a chuté de 4,2 % en 2013-2014, fait valoir Paul Lecomte. Les prix ne montent plus. On parle désormais de déflation. »

« On peut penser que ces trois fonds, en particulier, ont pris la décision de larguer une partie de leur investissement dans ce secteur de l’économie avant que les prix ne fléchissent davantage », ajoute le directeur général du FIRA.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les prix des grains ne sont pas à leur zénith, après avoir atteint des niveaux inégalés. Il y a deux ans, le prix du maïs était de 350 $ la tonne; il se trouve sous la barre des 200 $ actuellement. Le soya se vend autour de 400 $ la tonne et la tendance est baissière. Il se vendait 550 $ il y a trois ans.

« Avec de tels niveaux, la capacité de générer des revenus sur l’investissement se trouve amoindrie. Il y en a qui commencent à se dire qu’ils n’obtiendront plus les rendements d’il y a quelques années à peine », observe-t-il.

Résultat : les gestionnaires de fonds d’investissement commencent à se tourner vers d’autres types de placements, en souhaitant qu’ils seront plus profitables.

Le Québec

Il ne fait pas de doute, toujours selon Paul Lecomte, que ce nouveau courant de pensée qui anime les gestionnaires de fonds US va finir par souffler sur le Québec, mais dans une moindre mesure. « C’est une question de temps », analyse-t-il.

Le directeur général du FIRA continue de croire, par ailleurs, que les « joueurs intermédiaires », que ce soit Pangea, AgriTerra, ou Investerre, vont maintenir leurs investissements dans le secteur agricole québécois.

Mais il ne voit pas là une menace pour les producteurs locaux, qui craignent l’accaparement de leurs terres par des financiers.

Et pourquoi la présence de ces firmes d’investissement ne constituerait-elle pas une menace? « La réalité, avance-t-il, c’est que ce sont les agriculteurs qui achètent des terres. La présence de ces fonds dans le paysage québécois demeure marginale. »

Tendances du marché des terres agricoles au Québec

  • Centre-du-Québec : vers un léger fléchissement du niveau d’augmentation de la valeur annuelle;
  • Saguenay–Lac-Saint-Jean : vers de très légères hausses;
  • Bas-du-Fleuve : un enjeu de relève (les terres disponibles demeurent « achetables »);
  • Abitibi-Témiscamingue : un peu de pression spéculative, et du potentiel pour les acheteurs;
  • Estrie, Laurentides, Outaouais : des prix influencés par des acheteurs non agricoles (qui sont à la recherche d’une maison près d’une rivière);
  • Chaudière-Appalaches et Bois-Francs : des valeurs haussières, mais pas de spéculation.