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SAINT-SAMUEL – Les travailleurs étrangers temporaires représentent près du tiers de toute la main-d’œuvre agricole du Québec. Ils ont des habitudes culturelles différentes, ce qui implique d’adapter et de développer des pratiques en gestion des ressources humaines qui permettront de conserver cette main-d’œuvre et d’améliorer sa productivité.
Dans son imposante ferme laitière située dans le Centre-du-Québec, l’agricultrice Guylaine Bergeron taquine l’un de ses travailleurs guatémaltèques et, un peu plus tard, près de la salle de traite, elle discute avec son travailleur du Honduras, qui plaisante avec elle à son tour. « Si tu n’interagis pas avec les personnes, tu vas passer à côté de bien des choses », assure Mme Bergeron.
Les techniques de gestion des ressources humaines sont prises au sérieux à la Ferme Bergeroy, de Saint-Samuel, qui dispose de près de 500 kilos de quota et d’une vingtaine d’employés, dont la moitié sont des travailleurs étrangers temporaires (TET). Tous les matins, la productrice prend un moment pour discuter avec chacun d’eux, afin de connaître leurs états d’âme et de faire le point sur leur travail.
Dans un français fort acceptable, son employé Edwin Estuardo Ordonez Choguaj raconte à La Terre qu’il apprécie cette communication. « La reconnaissance, c’est bon pour la personne. Savoir si mon travail est correct ou non, c’est important. » Il entend des travailleurs étrangers à l’emploi d’autres fermes dire qu’ils ne ressentent pas toujours la confiance du propriétaire. « Certains n’ont pas le temps de finir un travail qu’ils doivent en commencer un autre. Le patron dit que c’est lui qui paie, mais si après, ton travail est mal fait et que le patron n’est pas content, ce n’est pas bon », signifie-t-il.
Un employé heureux est plus productif
Guylaine Bergeron donne des extras à ses travailleurs, comme des vêtements, ou un billet d’avion leur permettant d’aller voir un proche qui est gravement malade. Son entreprise leur offre aussi plus de responsabilités à la ferme. « Tu regardes comment le travailleur est, comment il s’épanouit. Certains vont remarquer les efforts que tu fais et ils te le redonnent », explique-t-elle, donnant l’exemple d’un travailleur plus impliqué qui pourra être plus attentif auprès des animaux et signaler une vache malade.
Céline Auger, directrice de l’organisme Projet accueil et intégration solidaire, souligne qu’à la base, « un employé heureux, c’est un employé plus productif ». Celle qui organise des activités gratuites pour intégrer les TET, dans le Centre-du-Québec, mentionne un cas où l’employé a ainsi changé d’attitude au travail à la ferme après avoir participé à des matchs de soccer dans sa journée de congé. « Par la suite, l’interaction du travailleur avec les propriétaires et les autres employés est devenue meilleure. Avant, il n’y en avait aucune », relate-t-elle.
Au Centre d’emploi agricole du Centre-du-Québec, la conseillère Valérie Nolin indique que le fait d’adopter de meilleures pratiques en gestion des ressources humaines permet à l’entreprise agricole de développer et de retenir des ressources spécialisées. Cela permet aussi à l’employeur de mettre son temps ailleurs que sur le travail routinier. Sans oublier l’aspect légal, comme l’obligation pour les entreprises de plus de dix employés et plus de respecter les normes sur l’équité salariale. Aussi, l’obligation de mettre en place une politique pour contrer le harcèlement psychologique, laquelle s’applique à toute entreprise, peu importe le nombre d’employés, etc. Les organismes comme le sien aident les fermes à améliorer leur gestion des ressources humaines, un service subventionné à 50 % par l’État.
Journaliste : Martin Ménard/TCN – Montage : Jérôme Vaillancourt