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Un épisode de gel hâtif et meurtrier a frappé les cultures, tôt vendredi dernier. Plusieurs producteurs croisaient les doigts pour que l’impact soit minime. Mais en vain.
« Les haricots sont morts, le maïs est mort; tout le monde est mort! Il a fait frette! Environ – 3 °C pendant 5 heures dans la nuit de jeudi à vendredi », résume François Bousquet, de la Ferme Grand Rang, située à quelques pas de Saint-Hyacinthe. Si le champ de 20 hectares de haricots s’avère une perte totale, le producteur se soucie toutefois moins des dommages dans ses autres cultures « Notre soya est assez mature; le gel ne lui causera pas trop de problèmes. Le maïs sera affecté un peu, mais raisonnablement, j’imagine », poursuit M. Bousquet.
Pour d’autres producteurs, les pertes seront énormes, surtout dans la culture du soya où plusieurs se font conseiller d’employer des variétés plus tardives afin d’accroître le rendement. Et avec les conditions climatiques difficiles rencontrées dans quelques régions au printemps, certains agriculteurs ont dû retarder leurs semis. Par conséquent, les plants n’étaient pas encore matures et le gel de la semaine dernière a littéralement court-circuité leur croissance. « Nous avons des champs où le soya était encore vert au moment du gel. Nous aurons alors des pertes de rendement, peut-être de 20 à 30 % », estime Érick Gasser, un producteur de Pike River situé en Montérégie, près des lignes américaines. Celui-ci mentionne une situation plus dramatique chez des voisins qui ont retardé leurs semis de maïs. « Dans certains cas, il a gelé alors que les grains de maïs étaient encore blancs, ce qui signifie qu’ils ne contiennent pas d’amidon; pas d’énergie. Qui va acheter ça? » s’interroge-t-il.
Un peu plus loin dans la même localité, Sébastien Gagnon, producteur agricole et représentant commercial pour un semencier, a observé des effets très variables dans ses champs et ceux de ses clients. « Des cultures de soya s’en tireront bien, mais celles qui ont été semées en retard pourraient perdre de 20 à 40 % de rendement. Vers l’Estrie, où les plants ont gelé “bord en bord”, certains champs de soya ne seront peut-être même pas récoltés. Concernant le maïs, les pertes de rendement potentielles semblent moindres et pourraient atteindre 10 %, mais le poids spécifique écopera », explique-t-il, faisant remarquer que pour sa région, c’est une très mauvaise année. « Et en plus, les prix des grains descendent! »
La ligne de maturité
Au Centre-du-Québec, l’agronome Christian Arsenault affirme que l’ensemble de ses producteurs de maïs ne connaîtra pas de pertes de rendement significatives. « Si la ligne de maturité [ligne de lait dans le jargon] était en haut de 50 %, comme c’est le cas chez la majorité de mes producteurs, les grains continueraient de se remplir. Par contre, le gel risque d’entraîner des pertes en poids spécifique [un grain plus léger] », note-t-il. Pour lui, le questionnement se situe au niveau du soya semé en juin. « Dans le soya, plusieurs champs connaissaient déjà des baisses de rendement à cause de la maladie [sclerotinia]; et en plus, la gelée nous fait mal. Car dans les cultures qui n’étaient pas matures, la gelée arrête toute croissance; la photosynthèse ne se fait plus. La production reliée à la tête du plant étant stoppée, les gousses du haut seront plus légères, ce qui affectera le rendement », mentionne-t-il.