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L’agrivoltaïsme, vous connaissez? Il s’agit d’installer un étage de panneaux solaires au-dessus des cultures de fruits, de légumes ou de vignes. En France, différents projets sont mis en place, d’une part pour produire de l’électricité renouvelable et, d’autres parts, pour protéger les plantes des coups de chaleur ou même du gel.
La Terre s’est entretenue avec un représentant de l’entreprise Sun’Agri pour parler de la dizaine de sites agricoles où elle a implanté un étage de panneaux solaires à quatre mètres ou plus au-dessus du sol, ou directement au-dessus des serres. Dans les deux cas, les panneaux solaires agissent comme des persiennes contrôlées par intelligence artificielle. Positionnés à la verticale, ils laissent passer la lumière pour favoriser la croissance des plantes, alors qu’à l’horizontale, ils protègent les plantes des rayons trop puissants du soleil lors des températures excessives qui ralentissent ou mettent sur pause le développement de la plante.
Selon des données expérimentales issues de trois programmes de recherche depuis 2009 en production fruitière, l’ombrage peut diminuer la température de 4 °C en période caniculaire et conserver une meilleure humidité relative en évitant aux feuilles de se recroqueviller. Les panneaux apportent des économies d’eau significatives, indique Timothée Pierre, directeur adjoint de Sun’Agri. « Avec les panneaux, le soleil ne tape pas sur les feuilles, ce qui limite le phénomène d’évapotranspiration. Deuxièmement, ils diminuent l’effet du soleil sur le sol, l’évaporation pure, ce qui permet à ceux qui irriguent d’économiser jusqu’à 30 % d’eau. »
Du raisin et de l’électricité
Au-delà de la production fruitière, la filière qui bénéficie le plus de l’agrivoltaïsme est la viticulture, car les vignes françaises de certains secteurs souffrent durement des réchauffements climatiques. Ceux-ci entraînent des baisses de production et, dans certains cas, des diminutions de la qualité du raisin, ce qui se répercute sur les aromes du vin.
Sun’Agri mentionne notamment les résultats obtenus au Domaine de Nidolères, situé dans les Pyrénées-Orientales, où l’ajout d’un étage de panneaux solaires a entraîné une réduction de 20 % de la consommation en eau, tout en améliorant les qualités organoleptiques, avec une augmentation de 13 % des anthocyanes (colorants naturels des fruits) et de 9 à 14 % de l’acidité du vin.
Aux dires de M. Pierre, l’agrivoltaïsme n’a cependant pas accru les rendements des vignobles. Ceux-ci sont maintenus ou sont plus faibles en raison de la récolte mécanique du raisin, qui ne peut être réalisée sous les poteaux de la structure, obligeant le vigneron à laisser une rangée non plantée de vignes. Mais sur un horizon de 30 ans, avec une hausse appréhendée des températures de 2 à 4 °C, M. Pierre croit que la présence des panneaux solaires fera globalement croître les rendements à l’hectare des parcelles sous les panneaux, notamment en raison de l’humidité du sol. « Présentement, [les vignerons] qui n’irriguent pas ont entre 10 et 20 % de pertes de rendement. C’est très récent comme prise de conscience », affirme-t-il.
Il ajoute que les panneaux solaires positionnés à l’horizontale contribuent, au printemps, à protéger les vignes du froid, faisant gagner près de 2 °C lorsque la température approche 0 °C. Un système complémentaire peut également protéger les cultures de la grêle.
Finalement, l’agriculteur peut diversifier son revenu avec l’agrivoltaïsme. Si ce dernier investi dans l’achat et l’installation de panneaux, il reçoit un revenu provenant de la vente de l’électricité. Au Domaine de Nidolères, la puissance électrique produite équivaut à alimenter 642 foyers.
Timothée Pierre évalue que la France et Israël sont les pays les plus avancés en agrivoltaïsme. Suivent ensuite l’Italie, l’Allemagne, et peut-être, bientôt, la Californie.