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Alors que les Éleveurs de porcs du Québec et les transformateurs travaillent avec un conciliateur pour renouveler leur convention de mise en marché, certains éleveurs porcins doutent que cela puisse réellement changer quelque chose à la crise que traverse actuellement le secteur.
« À la vitesse que ça bouge, la convention est trop rigide. En plus, on n’est pas capables de parler directement avec les abattoirs pour s’ajuster. À la place, on doit toujours régler les problèmes devant la Régie [des marchés agricoles et alimentaires du Québec], ce qui coûte du temps et de l’argent », estime Cécilien Berthiaume, producteur de porcs à Saint-Élzéar, dans Chaudière-Appalaches. Selon lui, la production porcine québécoise devrait plutôt s’inspirer de ce qui se fait aux États-Unis et en Ontario, où les éleveurs ont plus de liberté pour s’entendre directement avec les transformateurs. « On a bien vu, dans la dernière année, que la convention ne nous servait à rien, puisque les transformateurs ne l’ont même pas respectée », ajoute-t-il.
Un expert questionné par La Terre, qui vend des animaux d’élevage sur les marchés internationaux, partage un avis similaire, quoiqu’il spécifie que chaque modèle a ses avantages et ses inconvénients. Il reconnaît malgré tout que le modèle ontarien, par exemple, favorise une plus grande flexibilité de la production, et, par conséquent, une réadaptation plus rapide aux besoins des marchés. « Les producteurs ontariens ont le choix de conclure leur propre entente avec un transformateur ou bien de passer par leur association. Par contre, il y a une loi qui oblige de déclarer les prix qu’on reçoit », rapporte cet expert, qui a toutefois refusé d’être nommé.
Le type de fermes est différent en Ontario, qui compte plusieurs fermes indépendantes, mais de plus grande taille qu’au Québec, a-t-il spécifié. De la même manière, la production porcine aux États-Unis fonctionne avec un modèle semblable à celui qu’on retrouve en Ontario et dans les autres provinces canadiennes, « mais les fermes sont surtout intégrées à de gros joueurs de la transformation alimentaire, comme Tyson Foods et JBS », illustre-t-il.
Protéger tous les modèles
Questionné sur cette critique envers le manque de flexibilité de la convention de mise en marché des porcs, le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, reconnaît que c’était peut-être vrai par rapport à certains aspects. « Cette souplesse, on est toujours en train de l’évaluer, mais on doit aussi, en parallèle, penser à protéger tout le monde : ce qui est bon pour un producteur individuellement ne l’est pas nécessairement pour les 2 500 autres », nuance-t-il. Car le danger, selon lui, est qu’une plus grande souplesse profite aussi aux transformateurs qui pourront décider du sort de certains producteurs ou de certains modèles de production. « Et ce n’est pas vrai que c’est le transformateur qui va décider lequel doit partir et lequel doit rester. Cette souplesse-là, elle semble simple, mais elle ne l’est pas tant que ça. C’est pour ça que j’ai tendance à dire que je suis à la même place que ces producteurs qui demandent plus de souplesse, mais en ajoutant qu’il y a une limite à cette souplesse. »