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L’abattoir Agri-Bio, de Saint-Agapit dans Chaudière-Appalaches, qui est spécialisé dans la transformation à forfait d’oiseaux de spécialité, fermera ses portes le 21 avril. Le transformateur Exceldor, qui est le propriétaire des installations depuis 2013, en a fait l’annonce dernièrement.
L’entreprise justifie cette décision par la hausse des coûts d’activités de l’usine depuis environ 15 mois, combiné à la perte de clients importants. « Ce n’est plus rentable. On perd 100 000 $ par mois », confie Denis Paquet, chef des relations publiques et gouvernementales pour la coopérative Exceldor. Le fait que l’abattoir se spécialise dans la transformation d’oiseaux de spécialité comme le poulet de Cornouailles, les canards et les lapins, « un petit marché, pas très stable », limite la possibilité d’augmenter les volumes d’abattage, une voie qui aurait pu permettre de rentabiliser les activités, explique M. Paquet.
Après les derniers contrats d’abattage honorés, la clé sera donc mise sous la porte de l’abattoir, entraînant de ce fait le licenciement d’une soixantaine d’employés. Ceux-ci pourront être relocalisés, s’ils le souhaitent, dans les autres usines d’Exceldor, a spécifié le porte-parole.
Les abattages à forfait d’oiseaux de spécialité devront désormais se faire dans les autres entreprises offrant ce genre de services, ajoute-t-il. De même, les volumes de poulets en provenance des élevages commerciaux qui étaient abattus dans les installations de Saint-Agapit seront redirigés vers les autres usines de transformation de l’entreprise.
Des canards devront être abattus plus loin
Le producteur de canards Pierre Klein, copropriétaire de l’entreprise Les Canardises, était depuis plusieurs années un client de l’abattoir Agri-Bio, lequel est situé à quelques heures de route de son élevage de Saint-Ferréol-les-Neiges, dans la région de la Capitale-Nationale. Depuis quelques mois, l’abattoir n’acceptait toutefois plus ses canards, pour des considérations d’ordre technique, soutient-il. « On n’a pas encore trouvé de solutions. C’est encore trop récent », indique celui qui devra trouver un abattoir de certification fédérale pour continuer à exporter ses produits ailleurs au Canada. Pour l’instant, la seule option possible est l’abattoir Ducharme, en Estrie. La distance qui le sépare de cette installation entraînera toutefois des coûts supplémentaires, en temps et en carburant, déplore-t-il.
À cet égard, Sébastien Lesage, propriétaire de l’entreprise Le Canard Goulu, à Saint-Apollinaire, municipalité voisine de Saint-Agapit, estime que cette fermeture est une bien mauvaise nouvelle pour l’industrie du canard, puisque les abattoirs spécialisés pour ce type d’oiseaux sont rares, notamment pour desservir l’Est du Québec.
Sa production n’est toutefois pas touchée, puisque son entreprise possède depuis plusieurs années son propre abattoir de juridiction provinciale. « Mais je dois tout de même avouer avoir un certain intérêt pour racheter l’abattoir de Saint-Agapit, certifié par les normes fédérales, révèle M. Lesage. Car c’est un abattoir qui est considéré comme un petit pour un gros joueur comme Exceldor, mais qui, pour une production comme la nôtre, est plutôt un gros abattoir parmi les petits », précise-t-il.
Selon lui, ces installations pourraient être rentables avec un modèle d’affaires différent, soit un modèle qui mise moins sur les gros volumes d’abattage, mentionne le producteur.
Un avis partagé par Exceldor, qui a également mentionné être ouvert à vendre les installations « à un joueur expert dans la transformation d’oiseaux de spécialité, avec un autre modèle d’affaires ». Selon deux sources consultées par La Terre, l’entreprise serait déjà en pourparlers avec des acheteurs potentiels.
L’accès à l’eau limite les possibilités
L’annonce de la fermeture de l’abattoir Agri-Bio a surpris le maire de Saint-Agapit, Yves Gingras, qui travaillait depuis quelques mois avec Exceldor pour trouver une solution à un problème d’approvisionnement en eau potable pour cette usine. « Ce n’est pas comme d’autres villes qui s’approvisionnent directement dans le fleuve. Nos ressources sont limitées, puisque notre eau provient essentiellement de puits artésiens », indique le maire. La Ville envisageait d’aménager entre autres des étangs, et une partie des coûts de ces nouvelles infrastructures devaient être partagés avec Exceldor, « puisque l’abattoir de Saint-Agapit consomme à lui seul 25 % de l’eau potable de la ville », spécifie M. Gingras. La fermeture de l’abattoir ne compromet toutefois pas ce projet, mentionne-t-il, puisque les démarches étaient déjà toutes enclenchées avec les différents ministères. Il reconnaît toutefois que si l’usine est rachetée par un nouvel investisseur, les activités de l’abattoir devront rester « à petite échelle », puisque l’accès à l’eau limite la possibilité d’expansion.