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Par Hubert Brochard – Élever des poules derrière sa maison de campagne, pour avoir des œufs frais, ce n’est pas compliqué. La condition est de respecter les règles de base afin de protéger ses volailles et, par la même occasion, toute l’industrie avicole québécoise. Pour un survol de ce petit élevage, quelques producteurs amateurs ont guidé notre plume.
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Un portrait de l’humanité
Michel Gardner et Caroline Vachon sont producteurs de canneberge à Saint-Lucien, près de Drummondville. Ils élèvent des poules dans leur cour depuis une douzaine d’années. Un enclos clôturé, moitié dans un hangar, moitié à l’air libre, abrite, non seulement une dizaine de poulets et quelques canards, mais aussi trois races de poules pondeuses. Leur choix s’est arrêté sur la prolifique Leghorn, la rouquine américaine Rhode Island et l’étonnante Ameraucana, dont certaines variétés ont des pattes vertes. Aujourd’hui, les enfants ont donc la joie de récolter des œufs blancs, bruns et vert turquoise. Le couple garde ses généreuses protégées pendant deux ans.
L’achat des poules pondeuses se fait auprès d’un fournisseur spécialisé dans les animaux d’élevage ou de fantaisie, de quelques coopératives agricoles et de certains couvoirs. L’achat peut aussi se faire auprès d’un producteur d’œufs de consommation. Dans l’industrie, l’âge limite d’une poule permettant d’optimiser une production est un an. Au-delà, l’animal est toujours productif, mais satisfait davantage les besoins d’une famille. C’est pourquoi Brigitte Levac a opté pour cette solution originale. « On n’obtient peut-être pas autant d’œufs par semaine – l’industrie exige un œuf par jour par poule – mais c’est bien suffisant pour nous », souligne-t-elle. Brigitte garde des poules depuis neuf ans derrière chez elle, à Saint-Mathieu-de-Beloeil. L’élevage d’une douzaine de poules appartenait à son fils Julien, qui, de l’âge de neuf ans à 14 ans, a été producteur d’œufs de consommation… pour la famille et quelques voisins. Ce qui n’a jamais raté d’épater ses deux grandes sœurs, Émilie et Pascale. « Le poulailler de la famille est aménagé dans l’ancienne cabane d’enfants qu’on avait construite juste au-dessus du carré de sable », explique Brigitte.
Des nids de poules
Vous le saviez peut-être : pas besoin d’avoir un coq – ce voisin bruyant – pour se faire cuire un œuf chaque matin. La poule pond dès sa maturité sexuelle. Mais sans coq, pas des poussins. Dans tous les cas, la poule a besoin d’un nid pour pondre. Il lui faut un pondoir, dans un coin calme et sombre du poulailler. Un espace de 30 cm de côté dans une caisse de bois renversée peut suffire. Les spécialistes recommandent de tapisser ce nid douillet de paille hachée ou de copeaux de bois, et d’y placer une perche d’envol.
Un élevage à protéger
En 2005, suite à l’épidémie de grippe, ou influenza, aviaire (de la souche A H5N1) présente en Asie, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a imposé d’élever les volailles à l’intérieur d’un bâtiment ou dans un enclos extérieur recouvert d’un filet. Ceci afin de prévenir tout risque de contamination avec des oiseaux migrateurs. Ce règlement a été assoupli en 2008. Comme avant, les oiseaux ne peuvent « sortir librement » du lieu d’élevage, mais le filet recouvrant l’enclos extérieur n’est plus obligatoire1. Quant aux mangeoires et abreuvoirs, le règlement exige d’empêcher tout oiseau sauvage d’y accéder.
Concernant la clôture de l’enclos extérieur (le parcours), le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) recommande une hauteur de 2 m. « Certaines races de poules peuvent voler jusqu’à 1,80 m de haut », explique Jean-Paul Choquette, qui élève des poules, des faisans et des pigeons de fantaisie depuis presque 30 ans, à l’arrière de sa maison de Saint-Hyacinthe. Membre de plusieurs associations de petits éleveurs de volailles, Jean-Paul conseille d’avoir un grillage solide, car la clôture doit protéger l’élevage contre les chiens, les renards, les coyotes et même les futés ratons laveurs. Certains éleveurs utilisent des fils électriques horizontaux espacés de 10 cm ou des filets électriques. Un truc : enterrer le bas de la clôture sur 30 cm, pour décourager les prédateurs habiles à creuser. Caroline et Michel ont dû boucher soigneusement toutes les ouvertures et doubler leur clôture d’un grillage fin, car de mystérieux petits intrus venaient dévorer leurs œufs : des hermines. Des perchoirs ont aussi été ajoutés pour permettre à leurs protégées de se jucher, la nuit, pour éviter tous ces prédateurs poilus. D’autre part, un filet sur le dessus du parcours demeure une bonne idée pour repousser les faucons, les hiboux et les corneilles.
Les personnes moins bricoleuses trouveront avantageux de se procurer sur le marché des petits poulaillers préfabriqués avec abri fermé et section grillagée. Mais attention à leur taille; certains sont trop petits, même pour deux ou trois poules.
Gérard Blanchette est président du Club des éleveurs de petits animaux du Québec. Il insiste sur le respect des animaux, mais aussi de ses voisins. « Quand j’entends du bruit venant du poulailler, je me dis que le voisin doit l’entendre aussi et je m’organise pour en éliminer la cause, dit cet éleveur amateur de longue date. Et ceux qui aiment leurs bêtes s’arrangent pour bien nettoyer le poulailler et respecter les règles d’hygiènes », ajoute-t-il.
Sur le plancher des poules
À l’intérieur du poulailler, on suggère de laisser un espace d’au moins 0,2 m2 à 1 m2 par poule, selon les publications consultées. En ce qui a trait au parcours extérieur, s’il s’agit d’un simple enclos sur terre battue, sable ou paille, une superficie de 0,3 m2 à 0,60 m2 par oiseau permettrait aux poules de bien se dégourdir les pattes. Sur un parcours herbeux, un aménagement courant en Europe, un espace de 10 m2 à 20 m2 par poule est recommandé. « Les poulets raffolent de l’herbe, mais leurs fientes sont très acides », prévient de plus Michel Gardner. C’est la raison pour laquelle certains éleveurs déplacent leurs enclos portatifs sur leurs prairies.
Des œufs à vendre
« Au Québec, on peut élever jusqu’à 99 poules pondeuses sans acheter de quotas, dans le cadre d’un plan conjoint », explique Philippe Olivier, agent aux communications à la Fédération des producteurs d’œufs de consommation du Québec (FPOCQ). « Tout éleveur, qu’il possède cinq ou 30 000 poules pondeuses, peut vendre ses œufs directement à sa ferme », ajoute M. Olivier. Mais, pour les vendre à l’extérieur, on doit signer un contrat avec un poste de classification accrédité.
Gérard Banchette est président du Club éleveurs de petits animaux du Québec. Il insiste sur le respect des animaux, mais aussi de ses voisins. «Quand j’entends du bruit venant du poulailler, je me dis que le voisin doit l’entendre aussi et je m’organise pour en éliminer la cause, dit cet éleveur amateur de longue date. Et ceux qui aiment leurs bêtes s’arrangent pour bien nettoyer le poulailler et respecter les règles d’hygiène », ajout-t-il.
Malgré l’intérêt des citadins pour cette pratique, l’élevage des poules est encore interdit dans les centres urbains. Il est donc préférable de s’informer auprès des autorités municipales avant de se lancer dans l’aventure.
Nourrir les poules
La poule mange de tout : grains, herbes, insectes, vers de terre, restes de table. Mais l’idéal est de nourrir les poules avec des moulées complètes et équilibrées, disponibles chez les distributeurs d’aliments pour bétail. Il est préférable de choisir un aliment sous forme agglomérée (en cubes, ou en granules). « En cubes, les poules mangent tout, alors qu’en farine, elles laissent ce qu’elles ne veulent pas », note Jean-Paul Choquette.
Les mangeoires et les abreuvoirs offerts dans le commerce (modèles suspendus, horizontaux, en plastique ou en acier galvanisé, etc.) aident à réduire le gaspillage et à protéger la propreté de l’eau et des aliments. Brigitte nourrit ses poules tous les jours, sans remplir la mangeoire : « Quand elles ont trop de moulée, les poules picossent davantage et la poussière qui se forme finit par salir la litière », explique-t-elle.
Au printemps, certains producteurs laissent courir leurs poules dans leur potager jusqu’à la Saint-Jean-Baptiste. L’avantage, elles débarrassent le jardin des doryphores, ces terribles « bibittes à patates ». Avec une telle pratique, il faut cependant s’assurer de clôturer le potager. Et la prudence est de mise… car les poules aiment aussi les légumes! La récolte pourrait s’en ressentir.
Pour en savoir plus, vous trouverez sur notre blogue la liste des publications que nous avons consultées pour la rédaction de notre article. N’hésitez pas non plus à contacter les clubs d’élevage de petits animaux.