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Rivière-du-Loup – « Le jour où les jeunes ne voudront plus faire de l’agriculture, et qu’ils tireront la plug, qu’est-ce qui va arriver? » a lancé la présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ), Julie Bissonnette, dans son mot d’ouverture au congrès annuel de l’organisation, le 3 mars dernier, à Rivière-du-Loup.
La hausse des taux d’intérêt, l’inflation, la baisse des ventes pour certaines fermes, l’accès plus difficile aux terres, voilà les ingrédients de la tempête parfaite qui frappe la relève, énumère-t-elle. « Je dirais même l’ouragan parfait! »
Certaines relèves vont bien, nuance Mme Bissonnette, mais d’autres en arrachent et se donnent un an pour prendre une décision sur l’avenir de leur entreprise. Cette dernière a même servi un avertissement venant d’une rencontre internationale entre agriculteurs de la relève à laquelle elle a participé à Paris. « Il y a une fille de la Nouvelle-Zélande qui s’est levée pour dire qu’ils vont dans les écoles faire des représentations. Je me suis dit : « OK, nous aussi. » Mais elle disait qu’ils vont dans les écoles pour intéresser les jeunes à aller en agriculture, car il n’y en a plus. Ça, c’est inquiétant! »
La Terre a parlé avec différents jeunes présents au 41e Congrès de la FRAQ et certains d’entre eux, en démarrage d’entreprise surtout, ont confirmé traverser une situation financière périlleuse. Ceux qui reprennent la production laitière ou céréalière de leurs parents semblent en meilleure posture et n’ont pas mentionné de problèmes financiers.
Mais tous les délégués ont voté une série de résolutions demandant une aide supplémentaire des gouvernements, que ce soit pour l’appui à la transition écologique, à la bonification des programmes de financement ou carrément à l’augmentation des budgets totaux du ministère de l’Agriculture du Québec (MAPAQ). « Quand le budget du MAPAQ représente 1 % de tout le budget du gouvernement, on pense que ça pourrait être augmenté. On pense que l’agriculture pourrait servir de moteur économique et de développement de l’économie québécoise », a plaidé Jean-Félix Morin-Nolet, président de la Relève agricole de la Mauricie. Julie Bissonnette a ajouté : « C’est beau, la politique bioalimentaire, mais ça regroupe plein d’affaires. Nous, on veut une politique de société pour les producteurs, pour que l’agriculture aille plus loin. »
Déçus de l’absence du ministre
En cette année où la conjoncture économique écrase plus qu’à l’habitude les entreprises en démarrage, des membres de la relève, comme Jean-Félix Morin-Nolet, de la Mauricie, ont vivement déploré l’absence du ministre de l’Agriculture, André Lamontagne. « C’est sûr qu’on est très, très déçus qu’André Lamontagne ne se soit pas pointé au congrès de la relève. On a besoin que quelqu’un réponde présent, car ce n’est plus de savoir si on va établir de nouveaux jeunes, c’est de savoir comment on va garder ceux qui venaient de s’établir. J’aurais aimé qu’on me dise ce que le gouvernement va faire et combien on va en sauver », a affirmé le producteur laitier.
Le président de l’Union des producteurs agricoles, Martin Caron, était sur place et a lui aussi demandé une hausse des budgets, sans quoi son organisation pourrait mettre de la pression additionnelle. « La hausse des taux, c’est normal que ça frappe les jeunes de la relève, car leur endettement est plus élevé. […] Il faut actualiser les programmes, dans le bovin, dans le porc, etc. Il faut des interventions de l’État », a-t-il exigé.
Précisons qu’André Lamontagne préparait une mission économique au Japon au moment du congrès de la relève.