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« Bonjour, monsieur le journaliste! » Je viens tout juste de mettre les pieds à l’école de La Tortue-des-Bois que deux jeunes élèves m’accueillent avec leur plus beau sourire. Je suis attendu!
Je me trouve dans l’une des meilleures écoles alternatives du Québec. Le directeur, Stéphane Robitaille, 46 ans, me le confirme sans fausse modestie. « Nous avons monté un beau projet avec la collaboration des parents, dit-il fièrement. Dans cette école, on mise sur la participation de tous, tant des parents que des enseignants. Et ça fonctionne. »
Mais encore? « Les parents sont toujours les bienvenus quand ils souhaitent venir faire leur tour à l’école, fait-il valoir. Ils peuvent même entrer dans les classes pendant que l’enseignant… enseigne. »
Retour en arrière
Petit retour en arrière. En 2004, personne ne tenait un tel discours à Saint-Mathieu-du-Parc. L’école du village venait de fermer ses portes. Faute d’un nombre suffisant d’enfants pour remplir les classes – il n’y avait plus que 31 élèves –, la Commission scolaire de l’Énergie avait décidé d’éteindre les lumières. La fin de la récréation venait de sonner. Sans école, les enfants du village ont été dirigés vers une maison d’enseignement de la municipalité voisine de Saint-Gérard-des-Laurentides, à une quinzaine de kilomètres.
« Cette année-là, se souvient Jacques Lachance, comptable à la retraite et conseiller municipal à Saint-Mathieu-du-Parc, nous avons tous eu le sentiment que quelque chose venait de se briser. Il était difficile d’accepter que nous venions de perdre notre école primaire. »
Mais les parents n’avaient pas dit leur dernier mot. Très vite, ils ont formé un comité pour passer à l’action avec l’appui de la municipalité. Il s’agissait de trouver une solution innovante. Le défi était imposant, mais c’était sans compter sur la ténacité des parents qui ont choisi de vivre à Saint-Mathieu-du-Parc, le plus grand habitat de la tortue des bois au Canada, avec 90 lacs et une population permanente de 1 443 habitants qui se multiplie par trois durant la saison estivale.
Un projet de transformation de l’école a été présenté à la Commission scolaire de l’Énergie. Il faut croire que le projet était de qualité puisqu’en septembre 2005, un an après sa fermeture, l’école accueillait les enfants du village. La tortue des bois avait fait des pas convaincants!
Stéphane Robitaille était directeur d’une école de la commission scolaire quand les parents lui ont envoyé un appel de détresse. Il a tout de suite répondu à leur appel. « On avait confiance en mes moyens et en ma capacité de livrer le volet pédagogique du projet », rappelle-t-il humblement.« Il fallait avoir la passion! » fait remarquer, avec le recul, Stéphane Robitaille. Il sait de quoi il parle. C’est lui que les parents ont recruté pour monter le projet d’école alternative. Mais il n’a pas été difficile de le convaincre. Il connaissait la réalité de cette école pour y avoir enseigné pendant trois ans. À l’image des nombreuses écoles victimes de l’affaiblissement socio-économique en régions, cette école de la Mauricie, située près de Shawinigan, perdait des élèves chaque année.
Jacques Lachance lui donne raison. Il constate que l’école – réanimée – est désormais mue par une nouvelle dynamique où interviennent parents et enseignants, pour le plus grand bien des premiers bénéficiaires : les enfants du village.
Et c’est contagieux. Dans les villages environnants, le mot se passe. On veut inscrire son enfant à l’école de la Tortue-des-Bois pour y trouver une qualité d’enseignement et une qualité de vie communautaire sans pareilles.
« On reçoit des demandes de parents qui veulent s’établir chez nous parce qu’ils ont entendu parler de notre école et de ses méthodes d’enseignement. C’est stimulant », souligne-t-il. Il ajoute : « Les enfants, c’est le cœur du village. Il nous faut des jeunes pour y donner un sens. »
Un gymnase à construire
D’autres projets sont sur la planche à dessin et vont bientôt se concrétiser. Celui, par exemple, qui permettra de construire un gymnase multifonctionnel de 1,5 M$ pour les 95 enfants qui fréquentent l’école, certes, mais aussi pour les parents et les adultes qui pourront s’adonner à des activités sportives, le soir et les fins de semaine.
La moitié de la somme requise a été amassée par la municipalité et l’école; le gouvernement du Québec s’est engagé à débourser le reste pour compléter le financement. « Nous avons besoin d’un vrai gymnase et d’installations sportives de qualité pour que nos élèves puissent faire du sport dans des conditions acceptables », soutient le directeur de l’école.
Le bonheur se trouverait-il donc à Saint-Mathieu-du-Parc? Jacques Lachance prêche bien sûr pour sa paroisse – ou son village? – et il énumère les nombreux avantages qu’il y a à vivre dans un environnement tout en vert et en bleu, quand le printemps fait place à l’été. Il aime dire que, dans son coin de pays, on compose avec les saisons, beau temps, mauvais temps. Nous sommes ici bien loin des profonds nids-de-poule qui font rager les automobilistes montréalais…
Il reconnaît qu’il manque un petit quelque chose pour que tout le monde soit parfaitement heureux. « On a perdu notre station d’essence il y a un an et c’est contrariant de devoir se rendre dans les municipalités environnantes pour faire le plein », laisse-t-il tomber.
Encore tout récemment, c’était à la mi-avril, il croyait qu’une solution pourrait être trouvée par la municipalité. « On travaille sur un projet. On espère que ça va fonctionner », conclut-il.
C’est ce qu’on appelle faire le plein… avec des pensées positives!
Saint-Mathieu-du-Parc en chiffres
Population : 1 443 (résidants permanents)
Population durant l’été : 5 500