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En 2021, le CÉROM et le CETAB+, en étroite collaboration avec la Coop Agrobio, ont amorcé un projet de recherche de trois ans visant à expérimenter l’implantation de différentes cultures de couverture (CC) dans l’entre-rang d’une culture de soya lors du dernier sarclage mécanique ou juste après afin de mesurer et de comparer leurs performances et leurs effets, notamment sur le rendement en blé l’année suivante.
Rappelons que la superficie consacrée aux grandes cultures en mode de production biologique est en constante augmentation au Québec. Les producteurs souhaitent utiliser des pratiques agricoles novatrices afin d’augmenter la durabilité et la rentabilité de leurs entreprises tout en améliorant la qualité de leurs sols. Cela inclut l’intégration de cultures de couverture (CC) dans la rotation, ce qui peut à la fois réduire l’érosion, augmenter la teneur en matière organique du sol, diminuer les apports requis d’azote particulièrement dans le cas des légumineuses, et aider à mieux contrôler les mauvaises herbes. Toutefois, la saison de croissance relativement courte au Québec fait en sorte que les CC ont peu de temps pour bien s’établir après la récolte de certaines grandes cultures comme le soya.
Les essais ont donc été mis en place avec un réseau « mère-filles » où les CC sont testées en petites parcelles aux sites du CÉROM et du CETAB+ (sites mères) et en grandes parcelles chez six producteurs agricoles (sites filles) situés en Montérégie, dans Lanaudière, en Mauricie et au Centre-du-Québec. Dix CC (légumineuses et graminées, seules ou en mélange) sont testées aux deux sites mères (Tableau 1) alors que trois CC, choisies parmi ces dix par chaque producteur partenaire, sont testées aux sites filles. Les CC sont semées dans les entre-rangs de soya après le dernier désherbage mécanique à l’aide d’un semoir Jang aux sites mères et lors du dernier désherbage mécanique avec un semoir de type APV aux sites filles.
Quelques différences
En 2021, l’implantation des CC n’a nui ni au rendement ni à la qualité des grains de soya (% huile et % protéines) par rapport aux témoins sans CC, en plus de ne pas tacher les grains, et ce, tant sur les sites mères que sur les sites filles. Cependant, la sécheresse a grandement nui à la croissance des CC, allant jusqu’à causer la mort de certaines CC sur deux sites filles en Montérégie. Il est intéressant de noter que les résultats obtenus aux deux sites mères différaient sensiblement. Au site du CÉROM au moment de la récolte du soya, la vesce velue et, dans une moindre mesure, le mélilot étaient mieux établis que les deux graminées en semis pur (seigle d’automne et ray-grass) et les deux trèfles blancs (Huia et Cashmere) (Figure 1). La vesce velue s’est distinguée avec une biomasse aérienne sèche de 219,6 kg/ha. Au site du CETAB+ au moment de la récolte du soya, le seigle d’automne (379,3 kg MS/ha) et le mélange trèfle blanc Huia et ray-grass (350,6 kg MS/ha) étaient plus productifs que cinq des six CC légumineuses en semis pur (51,6 à 110,7 kg MS/ha). La légumineuse faisant exception était le trèfle incarnat, qui a produit des biomasses intermédiaires (Tableau 1, Figure 2).
Aux deux sites mères, la production de biomasse de certaines CC a considérablement augmenté après la récolte du soya, indiquant qu’un travail du sol primaire reporté tard à l’automne ou au printemps subséquent permet la croissance post-récolte des CC et une augmentation de leurs effets bénéfiques potentiels sur la santé du sol (agrégation, matière organique, fertilité). Les données sur la performance des CC étaient cohérentes avec celles obtenues au moment de la récolte du soya. Au site du CÉROM, la vesce velue était de loin la plus productive avec 1 115,7 kg/ha de biomasse aérienne sèche (Figures 1 et 3), alors que les données prises au site du CETAB+ suggèrent une plus forte augmentation de la biomasse dans les parcelles contenant du ray-grass, seul ou associé à un trèfle.
Bien que ces résultats soient préliminaires, ils suggèrent que les conditions d’un site, par exemple le type de sol, doivent être prises en compte dans le choix des CC. La capacité de rétention en eau utile du sol peut jouer un rôle critique lors d’une année où il y a eu un manque notable de pluie. Il est donc requis de faire des essais pendant plusieurs années avant de pouvoir tirer des conclusions.
Les données de rendement des CC de la saison 2022 seront prochainement recueillies et l’évaluation des avantages potentiels des CC sur la croissance de la culture subséquente de blé réalisée. Les essais se poursuivront jusqu’en 2023.
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Ce projet est financé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec par l’entremise du programme Innov’Action agroalimentaire, en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture.
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Marie Bipfubusa, Sandrine Lemaire-Hamel et Michel McElroy (CÉROM), Julie Anne Wilkinson, Gilles Gagné et Denis La France (CETAB+) et Loïc Dewavrin (Coop Agrobio)
Ce texte provient du cahier Grains publié dans La Terre de chez nous du 19 octobre 2022