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Anticipant des stocks de beurre à la baisse pour le reste de 2022 et pour 2023, les offices de mise en marché des cinq provinces de l’Est (P5) ont annoncé, le 29 septembre, l’émission de 2 % de quota négociable à tous les producteurs de lait dès le 1er octobre. Les éleveurs du Québec accueillent avec satisfaction cette nouvelle, bien que le court préavis pour s’adapter représente un défi.
« Je vais être capable de le faire », assure, comme plusieurs de ses confrères, un producteur de Val d’Or, Mathieu Bérubé. Il explique être déjà sur une lancée pour faire les journées additionnelles accordées pour l’automne auxquelles s’ajoute l’allocation de quota. « On va faire notre 2 %, mais ce n’est pas tout le monde qui sera capable de le faire du jour au lendemain », observe-t-il néanmoins. Il raconte à titre personnel avoir déjà éprouvé des difficultés à remplir son quota, après le transfert de son troupeau vers la stabulation libre l’an dernier, car il avait dû réduire le nombre de vaches. Sa situation s’est rétablie depuis, mais il sait, par expérience, que plusieurs imprévus peuvent affecter la production à la ferme de façon temporaire et rendre les émissions de quota annoncées avec un court préavis difficiles à remplir. Surtout que la flexibilité de quota a été réduite le 1er août dernier, laissant encore moins de latitude aux producteurs pour s’ajuster, croit-il. « La flexibilité de quota a été réduite pour rendre la production [collective] plus prévisible et mieux l’arrimer aux besoins du marché. S’il y a plus de prévisibilité, les annonces [d’allocation de quota] devraient se faire plus à l’avance », estime-t-il.
Un cycle qui se répète
Selon ce que fait remarquer l’agroéconomiste René Roy, de Lactanet, la livraison de matière grasse chaque année est souvent plus faible durant l’été, mais reprend de plus belle à l’automne pour atteindre un niveau maximal durant les mois d’hiver. Avec ce phénomène de saisonnalité, il peut être difficile pour certains producteurs d’augmenter la livraison subitement entre août et novembre, à un moment de l’année où la production n’a pas encore repris à plein régime, dit-il.
« Il y a des gens qui vont l’accumuler en tolérance négative pour le produire plus tard. D’autres peuvent aussi choisir de le vendre », ajoute l’agroéconomiste, indiquant en revanche que cette dernière option est peu préconisée par les producteurs qui souhaitent croître ou qui ont de la relève, puisque le quota, une fois vendu, est long à réacquérir par l’entremise du système centralisé.
Michelle Soucy, productrice à Saint-Armand en Montérégie, par exemple, vendra du quota plutôt que de le produire, mais admet que sa situation est particulière. Des difficultés personnelles vécues dans la dernière année ont affecté sa production et elle n’a pas de relève à la ferme. La majorité des producteurs, dit-elle, sont réticents à vendre du quota, puisque celui-ci se fait rare.