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SAINTE-ÉLISABETH – À peine sortis de l’école, les trois enfants de Daniel Adam n’ont pas attendu longtemps pour façonner la ferme familiale à leur image. Inspirés par leur père, ces trois grands complices ont uni leurs forces pour prendre le virage de la production de grains biologiques.
Fiche technique Nom de la ferme : Spécialité : Année de fondation : Noms des propriétaires : Nombre de générations : Superficie en culture : |
Alexandre, Charles-Olivier et Laurie-Anne Adam ont tous les trois grandi dans les champs de Sainte-Élisabeth, dans Lanaudière. À l’instar de bien des enfants d’agriculteurs, ils ont su conduire très tôt les tracteurs et aider aux travaux de la ferme. Mais, surtout, ils ont appris jeunes à aimer la nature.
« D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu travailler dans l’agriculture. Encore aujourd’hui, je suis tout aussi émerveillé par le cycle des saisons. De voir une graine devenir une plante, puis un aliment complet, ça m’éblouit toujours », raconte Alexandre, qui a étudié en agronomie avant de réaliser une maîtrise en administration des affaires.
Assis tout près, son frère et sa sœur hochent la tête en guise d’approbation, sous le regard bienveillant de leur père, Daniel. À l’évidence, cette fratrie vit au même diapason.
« Quand j’étais plus jeune, je me promenais en VTT dans les champs. Je m’arrêtais pour observer le grain pousser », relate Laurie-Anne, elle aussi agronome. Captivée par l’aspect commercial de la production agricole, elle est en voie de terminer sa maîtrise en gestion d’entreprise.
Le visage de Charles-Olivier s’illumine aussi quand il explique l’incidence de chaque action sur le développement d’une plante. « La précision d’un geste peut être déterminante », rappelle avec enthousiasme ce technologue agricole.
Partage des tâches
C’est donc forts d’une passion commune que les deux frères et leur sœur, tous dans la vingtaine aujourd’hui, ont pris au fil des ans la direction de la ferme fondée par leur grand-père. Leur père l’avoue d’emblée : il n’aurait pas pris le virage biologique en 2017 si ses enfants n’avaient pas adhéré à son projet.
« Sans eux, je ne l’aurais pas fait, parce que ce genre de culture exige une implication totale. Aujourd’hui, je me dis que j’aurais dû le faire plus tôt. C’est une question de santé quand on pense à tous les produits qu’on manipulait auparavant. Je ne retournerais pas en arrière », dit Daniel Adam.
Ce grand changement d’approche a contribué à consolider les choix personnels de chacun, croit Alexandre. « Le virage biologique nous a aidés à faire la transition [entre Daniel et nous] parce que cela amenait une évolution de la ferme. Cela a été une bonne façon de réfléchir ensemble à notre avenir. »
Cette réflexion a cristallisé également le mode très démocratique de gestion de la ferme, ajoute-t-il. « Autant Daniel que nous trois partions tous sur la même case. Personne n’avait plus d’expérience que l’autre dans la culture biologique. Il fallait tous s’entraider et tous apprendre en même temps. »
Travail d’équipe
Le partage des tâches s’est fait naturellement, selon les intérêts de chacun. Alexandre s’occupe de la gestion des champs et des intrants, Laurie-Anne voit à la bonne administration de l’entreprise, alors que Charles-Olivier assure la maintenance de la machinerie et la gestion des cultures. « Et moi, j’ai un œil sur tout ce qu’il se passe. Je ne m’interpose pas dans leurs décisions, mais je n’hésite pas à donner mon opinion », glisse le père, sourire en coin.
« Nous avons tous nos tâches à nous, mais nous sommes aussi polyvalents. Nous sommes conscients du travail qu’exige une ferme. Et nous pouvons toujours compter sur l’appui de chacun au besoin », confie Laurie-Anne.
Bien entendu, cette complicité ne met pas ce trio bien soudé à l’abri des désaccords. « Mais quand ça survient, on s’accorde le temps de prendre du recul », précise Charles-Olivier.
« La nuit porte conseil », confirme le père, fort de ses 40 ans d’expérience. « On n’est pas obligé de tout décider rapidement. Il faut se donner le temps de réfléchir. »
Daniel Adam tire une grande fierté de voir ses enfants relever le défi avec un tel brio. « C’est très valorisant, surtout après avoir travaillé si fort pour construire quelque chose. Vendre sa ferme pour avoir un gros compte de banque, ça ne te rend pas plus heureux. Je préfère les regarder la faire grandir. »
Le père n’est pas inquiet de leur céder sa place. « Je sais que la ferme est entre bonnes mains », conclut-il.
Équipement techno
L’acquisition des systèmes de guidage coulissant par caméra a permis à la famille Adam de préciser énormément les opérations de désherbage mécanique, explique Alexandre. Montées entre le sarcleur et le tracteur, ces caméras reconnaissent les plants des cultures dans le champ. Elles permettent à un ordinateur de garder continuellement l’outil arrière parfaitement aligné sur le rang. L’agriculteur affirme que s’il combine ce système au guidage du tracteur par satellite, il est possible d’obtenir une précision de désherbage d’environ un pouce.
Le bon coup de l’entreprise La transition vers l’agriculture biologique est sans aucun doute la meilleure décision qui a été prise, répondent les membres de la famille Adam. Dès le départ, chacun d’entre eux s’est senti immédiatement impliqué dans l’entreprise, puisque l’apport de tous avait une importance capitale dans la réussite ou non de l’opération. « Nous partions sur le même pied d’égalité. Nous avions tout à apprendre, tous en même temps. Et c’est vraiment gratifiant pour la relève de s’apercevoir, après deux ou trois ans d’activités, que notre travail et nos recherches ont pu faire une différence », confie Alexandre Adam. De plus, la production biologique apporte une meilleure rentabilité à l’entreprise, puisque le grain produit, destiné en grande partie à la consommation humaine, possède une meilleure valeur ajoutée. Enfin, toute la famille apprécie la diminution de l’exposition aux pesticides. « C’est plaisant de commencer sa carrière sans jamais avoir été exposé à ces produits », affirme-t-il. |
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