Page conseils 9 février 2023

Maternités porcines affectées par le virus du syndrome reproducteur et respiratoire porcin

De nombreux virus et bactéries peuvent être introduits dans les maternités porcines, par différentes voies. Les risques dépendront de la probabilité que ces vecteurs soient contaminés par un agent infectieux, la fréquence de ces contacts et les mesures de biosécurité en place. Pour mieux évaluer ce risque, les contacts et les mesures de biosécurité associées ont été décrits dans 84 maternités récemment contaminées par le virus du syndrome reproducteur et respiratoire porcin (SRRP).

Au cours du mois étudié, jusqu’à 16 entrées ou expéditions de porcs de tout âge ont été observées dans certaines maternités. Heureusement, 90 % des maternités ayant expédié des porcelets ou des porcs à l’engrais interdisaient au camionneur l’accès aux bâtiments. Toutefois, une minorité des maternités utilisaient la méthode dos à dos recommandée ou avaient un quai d’expédition et un véhicule désinfecté lors de l’expédition des truies de réforme. Aussi, les deux tiers des maternités ayant reçu des cochettes n’ont fait aucune quarantaine, ce qui représente un risque considérable pour l’introduction d’agents pathogènes.

Sur certains sites, le nombre de visiteurs est assez élevé, allant jusqu’à 16 employés et 13 visiteurs différents. Puisque plusieurs agents infectieux persistent sur les mains, les vêtements et les bottes, il est essentiel de mettre en place une douche ou une entrée danoise pour prévenir leur introduction. Or, plusieurs protocoles d’entrée pourraient être bonifiés, puisque 30 % des maternités touchées par le virus ne respectaient aucune de ces mesures.

Dans presque toutes les maternités évaluées, du matériel, des médicaments, de l’équipement, des semences ou des poches de moulée ont été livrés à l’intérieur du bâtiment. L’équipe a constaté que seulement 43 % des maternités procédaient à une désinfection lors de l’entrée d’équipement. Puisque certains agents pathogènes survivent plusieurs heures dans l’environnement, on peut conclure que les protocoles d’entrée des intrants étaient sous-optimaux dans plusieurs entreprises. 

En plus des véhicules associés au transport des personnes, des porcs et des intrants, plusieurs autres accentuent le trafic et la contamination potentielle du site. La majorité des maternités (93 %) avaient reçu sur leur site au moins quatre véhicules de service (moulée, équarrissage, propane, essence, vidange de fosse, déchets, déneigement).

L’équarrisseur représente à lui seul un risque non négligeable, puisqu’il transporte des carcasses contaminées et visite plusieurs sites. Ce risque devrait être mieux contrôlé, considérant que pour 30 % des maternités, le véhicule récupérait les carcasses à moins de 100 m de l’un des bâtiments du site.

En conclusion, les nombreux contacts observés ­permettent de pointer plusieurs voies qui pourraient être responsables de l’introduction du SRRP, tandis que l’observation des mesures de biosécurité permet de dégager des pistes d’amélioration. Ces nombreux contacts requièrent une excellente biosécurité pour mitiger les risques, non seulement pour le SRRP, mais pour plusieurs autres menaces, telles que la diarrhée épidémique porcine et la peste porcine africaine. 

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Dre Marie-Ève Lambert, M.V., Ph. D.
Dre Julie Arsenault, M.V., Ph. D.
Dre Sylvie D’Allaire, M.V., Ph. D.
Laboratoire d’épidémiologie et de médecine porcine, Centre de recherche en infectiologie porcine et avicole, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal