Économie 10 février 2023

Les pétrolières américaines bousculent le marché du soya

La forte demande nord-américaine pour les biocarburants continuera de faire grimper les prix mondiaux du soya en 2023. Cette pression aura des répercussions sur tous les marchés au cours des prochaines années, selon Soya Canada. 

« À l’heure actuelle, il se produit une transformation remarquable du marché des carburants aux États-Unis. C’est présentement l’un des facteurs de croissance les plus importants sur le marché », affirme Brian Innes, directeur général de Soya Canada. 

Brian Innes, directeur général de Soya Canada.
Brian Innes, directeur général de Soya Canada.

« Les autorités canadiennes sont aussi préoccupées par la réduction des gaz à effet de serre, surtout produits par les véhicules lourds comme les camions et les autobus. Les prochaines normes environnementales pour les carburants seront plus sévères, ce qui profitera à court et à long terme à tous les producteurs de soya », a-t-il ajouté.

En moins de 10 ans, entre 2011 et 2021, la part de production américaine d’huile de soya utilisée dans la fabrication de biocarburant a fait un bond de deux fois et demie, passant de 10 % à 25 %. L’impact est énorme si on considère l’immensité du marché énergétique chez nos voisins du Sud.

Résultat : les besoins énormes des pétrolières américaines créent un effet de rareté qui profite aux producteurs québécois, même si leurs récoltes de soya à identité préservée (IP) et génétiquement modifié (GM) sont surtout destinées à ­l’alimentation animale et à la fabrication de produits pour les humains.

Exportations

Quelque 908 000 mégatonnes (MT) de soya québécois, d’une valeur de 775 M$ CA, ont trouvé preneur en Europe et en Asie entre janvier et novembre 2022. La production du Québec ­représente un peu plus du quart (27 %) des exportations ­canadiennes. 

Parmi les plus grands acheteurs de soya québécois se trouvent l’Union européenne (231 000 MT), l’Indonésie (180 000 MT), l’Iran (91 000 MT) et le Japon (89 000 MT). Le Bangladesh, la Chine, l’Égypte, la Norvège, le Népal et les États-Unis suivent dans l’ordre.

Y a-t-il une tendance plus marquée pour le soya IP ou le soya GM? « Des marchés traditionnels comme le Japon recherchent des fèves spécifiques, à identité préservée, pour créer leurs différents tofus, boissons, miso et tempeh. D’autres marchés, comme l’Indonésie, autorisent les soyas GM pour les produits destinés à la consommation humaine. Il y a donc une demande élevée pour les deux types de soya », répond le directeur général. 

Réputation enviable

Selon Brian Innes, le soya québécois trouve sa place sur ­l’échiquier mondial en raison de son excellente qualité, mais grâce à la situation géographique du pays.

« Les acheteurs de soya IP recherchent des fèves très spécifiques. Et nous, au Canada, notre climat nous permet de produire des fèves savoureuses pourvues de bons taux de sucre et de protéines. La pureté de notre soya IP, garantie par notre industrie, est aussi une valeur précieuse », explique-t-il. 

« Sur le marché du soya destiné à la trituration, nous bénéficions de la proximité des installations portuaires du fleuve Saint-Laurent. Donc, quand les producteurs québécois vendent leur soya à l’automne, avant les récoltes en Amérique du Sud, nous pouvons saisir les occasions sur les marchés ­internationaux et assurer une livraison rapide et efficace », conclut-il.


Ce texte a été publié dans le cadre du cahier spécial Commercialisation des grains, paru dans La Terre de chez nous du 8 février 2023