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SAINT-ARSÈNE – Éric Michaud et Marie-Claude Harton ont repris la ferme familiale de Saint-Arsène en 2010. Entourés de leurs cinq enfants, ils sont la 4e génération à en assurer la croissance par l’achat de quotas et de terres voisines. L’acquisition d’une nouvelle machinerie ou l’agrandissement d’un bâtiment est chaque fois mûrement réfléchi en prévision de la relève.
Fiche technique Nom de la ferme : Spécialité : Année de fondation : Noms des propriétaires : Nombre de générations : Superficie en culture : Cheptel : |
Ce jour-là, le temps oscille entre la pluie et le brouillard. Puis, soudain, la belle façade bleu ardoise de la maison ancestrale des Michaud surgit, en bordure du chemin des Pionniers, comme un phare dans la brume. C’est là qu’Alfred, l’arrière-grand-père d’Éric, a établi sa famille en 1890.
Le congé scolaire des Fêtes fait en sorte que les enfants sont tous là, réunis avec leurs parents autour de la grande table de la cuisine, pour accueillir le journaliste. Même si la maison a été rénovée, les solives transversales du plafond témoignent de la présence des générations précédentes, tout comme le nom de la ferme, Alégaric, qui est formé des lettres de leurs prénoms (Alfred, Léo, Gaétan et Éric).
La famille d’Alfred a vécu sur la terre jusqu’en 1934. Son fils Léo a alors repris les commandes et a continué à la faire fructifier jusqu’en 1972, l’année où il a passé les rennes à son fils, Gaétan, le père d’Éric Michaud. « Mon arrière-grand-père, mon grand-père et mon père ont également exploité une terre à bois située à Saint-François », raconte ce dernier.
Quand Alfred a acheté la ferme, ajoute-t-il, on y pratiquait une agriculture de subsistance, avec quelques vaches, des cochons, des poules et des moutons. Éric se souvient que son père élevait encore quelques porcs dans la porcherie quand il était enfant. C’est Gaétan qui a fait la conversion de la ferme vers la production laitière uniquement.
Une ère de croissance
Éric a intégré l’entreprise en 1995 et son épouse, Marie-Claude Harton, en 2005, mais le transfert complet s’est finalisé en 2010. Le couple est depuis propriétaire à parts égales.
« Quand je me suis greffé à l’entreprise, la ferme avait un troupeau d’environ 50 têtes, 12 kg de matière grasse de quota et 170 acres en culture », mentionne Éric, qui a quitté son emploi de contrôleur laitier en 2000 pour se consacrer à la ferme.
Le couple a d’abord vécu au village de Saint-Arsène avant de s’établir en 2006 dans la maison ancestrale. Les parents d’Éric, eux, ont alors déménagé au village.
L’année 2000 s’est distinguée par l’achat de la ferme voisine, une transaction incluant terre, quota et animaux, ce qui a donné un premier coup de croissance significatif à l’entreprise. Les années suivantes ont été marquées par l’achat de quotas en continu, la rénovation et la construction de bâtiments de même que l’achat de terres. La nouvelle vacherie a été bâtie en 2005 et rallongée en 2016. « Nous avons aussi logé une laiterie en 2012 », ajoute Éric Michaud. La vieille partie de l’étable a été transformée et agrandie pour être utilisée en stabulation libre par la relève du troupeau. Les Michaud exploitent également une petite érablière de mille entailles pour les besoins familiaux.
Les cinq dernières années se sont elles aussi démarquées par l’achat de quelques centaines d’acres de terre, portant la superficie totale à environ 700 acres en culture, selon Marie-Claude. « La ferme produit quotidiennement 120 kilos avec un troupeau de 135 têtes, dont entre 75 et 80 en lactation », dit-elle. En plus des prairies, la ferme cultive surtout du seigle d’automne, de l’orge et de l’avoine.
En 2019, la ferme a terminé 2e au régional et 3e au provincial pour la médaille de bronze de l’Ordre national du mérite agricole.
La relève se prépare
Dans la mi-quarantaine, Éric et Marie-Claude ne sont pas prêts à prendre leur retraite, bien qu’ils commencent déjà à évaluer qui de leurs enfants souhaiterait poursuivre la tradition. « Il faudra que le choix vienne d’eux; on ne veut rien leur imposer », précise la mère. Catherine, 20 ans, étudiante en agroéconomie, et Antonin, 15 ans, étudiant en 3e secondaire, montrent déjà de l’intérêt pour la ferme. Thomas, l’aîné de 21 ans, diplômé en mécanique diesel et opérateur de machinerie lourde, travaille à l’extérieur de l’entreprise, mais vient donner un coup de main au besoin. Judith, 19 ans, étudie en éducation à l’enfance au cégep de Rivière-du-Loup, alors que Nathan, 13 ans, en 2e secondaire, n’a pas encore fait de choix de carrière, mais démontre, lui aussi, un certain intérêt. Un autre membre de la famille, Justin, est décédé en 2017 à l’âge de 12 ans.
Le bon coup de l’entreprise Quand on demande à Éric Michaud et Marie-Claude Harton quel a été le meilleur coup de leur entreprise, ils hésitent un instant et s’accordent pour dire que c’est d’avoir su saisir les occasions d’achats de terres voisines au bon moment. « Une machine, on peut toujours l’acheter plus tard, insiste Marie-Claude, mais une terre, si tu ne saisis pas l’occasion au bon moment, elle ne reviendra pas. » L’achat de terre ouvre la porte à l’accroissement de la production laitière avec l’achat de quotas, en plus de l’assurance de pouvoir produire des fourrages de qualité, permettant ainsi la diversification des revenus par la culture des céréales. |
3 conseils pour croître avec résilience
- Avoir un plan B :
Le premier conseil vient de Marie-Claude. Il faut toujours avoir un plan B dans toutes circonstances, selon cette diplômée de l’Institut de technologie agroalimentaire de La Pocatière en production animale. C’est ce qui permet de faire face aux nouvelles situations et de s’adapter rapidement sans être jamais mal pris.
- Être efficient :
Les propriétaires insistent sur l’importance de miser sur une meilleure efficience, c’est-à-dire le rapport entre les résultats obtenus et les moyens mis en œuvre pour y parvenir. Ceux-ci doivent être mis en place pour améliorer l’efficacité de la ferme sans accroître le fardeau de travail.
- Connaître ses chiffres :
Connaître ses chiffres, c’est bien plus que de fournir un bilan détaillé au comptable en fin d’année, selon Marie-Claude. Avoir toujours en tête le portrait financier de l’entreprise permet de connaître son entreprise, d’orienter les décisions en fonctions des objectifs à atteindre et de travailler sur les points faibles à améliorer. On peut ainsi faire des choix raisonnés et éclairés tout au long de l’année.
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