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Dans la foulée de la pandémie, plusieurs initiatives de relance économique se sont intéressées à la création de monnaies locales. Mais certaines d’entre elles commencent déjà à s’essouffler.
À Québec, des dollars solidaires ont vu le jour. À l’achat de l’équivalent de 20 dollars canadiens de ces billets, le consommateur en obtenait cinq de plus à écouler exclusivement dans les commerces locaux participants. La majoration de 25 %, financée par la Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ), visait à soutenir l’achat local, c’est-à-dire les commerces lourdement affectés par les fermetures successives et autres restrictions sanitaires pendant la pandémie.
Mais voilà qu’à l’automne dernier, la CCIQ s’est retirée du financement du projet, disant vouloir continuer à encourager l’achat local, mais d’une autre manière, a appris La Terre. L’équipe de Monnaie locale complémentaire – Québec (MLC-Québec), une organisation portée à bout de bras par des bénévoles et déjà initiatrice du billet d’échange local (BLÉ), en vigueur dans certains quartiers, a donc dû se rendre à l’évidence : ce serait bientôt la fin de l’aventure.
Recirculation de la monnaie locale
Le sociologue Christophe Stamm, membre de la chaire de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) sur la transition écologique, qui est lui-même impliqué dans la relance de la monnaie locale complémentaire l’îlot, dans la métropole, mentionne qu’il faut, dès la création, penser à arrimer la monnaie locale à la structure de l’économie du territoire qu’elle dessert. « Le magasin, quand il encaisse, l’idée est de réutiliser la monnaie locale, de la faire recirculer; par exemple pour payer ses fournisseurs, peut-être certaines taxes municipales, des cadeaux aux employés, un petit pourcentage du salaire, énumère le chercheur. Si c’est un territoire qui a une activité agricole importante, ça peut être un levier intéressant. Si c’est une région très urbanisée comme Montréal, ce serait probablement plus les services, la production artisanale et la réparation », souligne-t-il.
Denis Larue, producteur de maïs dont la Ferme ancestrale est établie à Neuville, reconnaît que la recirculation des dollars solidaires n’a pas été possible de son côté. « Je n’écoule pas les dollars solidaires, témoigne-t-il l’automne dernier. C’est le Grand marché de Québec qui me les redonne en argent. »
L’enjeu est le même du côté de Charlevoix, où les chouennes ont été instaurées ces dernières années. « J’ai trop de chouennes! Je n’arrive pas à les dépenser », indique la copropriétaire du Café Charlevoix, Guylaine Leblond, dont les principaux fournisseurs en café, lait ou produits d’entretien ménagers n’ont pas pignon sur rue dans Charlevoix. C’est pourquoi Myriam Bêty, chargée de projet à l’achat local et coordonnatrice de cette monnaie locale, insiste sur le fait que « pour que la roue fonctionne, on doit avoir des commerces de l’ensemble des secteurs ». Elle ajoute d’ailleurs que, bien que l’agriculture soit forte dans sa région, le « rôle de la chouenne est de créer du maillage ».
L’économiste Maxence Joseph mentionne justement que l’agriculture est l’une des chaînes d’approvisionnement les plus favorables pour structurer une chaîne solide d’échange de monnaie locale. Mais encore faut-il donner un coup de pouce aux maillages, par exemple en assoyant restaurateurs et producteurs ensemble pour déterminer les besoins avec précision afin de pouvoir fixer des prix aussi compétitifs que ceux des supermarchés.
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